Traitement des dermatoses chez les serpents

Après la présentation des différentes affections cutanées qui touchent les serpents dans un précédent article¹, celui-ci aborde leur traitement.

Particularités thérapeutiques chez les reptiles

→ Certaines particularités anatomiques des serpents, et plus largement des reptiles, influencent l’administration et l’efficacité des traitements prescrits. Leur peau est kératinisée, épaisse et peu perméable : la pénétration des topiques (crèmes, pommades) est donc naturellement limitée. De plus, le derme est dénué de structures glandulaires sébacées ou sudoripares : les spécialités en spot on, à diffusion cutanée de surface, ne se répartissent pas sur l’ensemble de la peau comme chez les carnivores domestiques. Ainsi, l’utilisation d’un antiparasitaire externe de type fipronil s’effectue à l’aide d’un spray, en frottant l’ensemble du corps de l’animal à l’aide de compresses, d’un papier absorbant ou d’un gant de toilette imbibé de solution.

→ Lors de dermatose, le remplacement du substrat par du papier absorbant, du journal ou une alèse est conseillé. Cette précaution est indispensable en cas de dermatite ventrale (pour éviter l’aggravation et accélérer la guérison des lésions) et lors d’ectoparasitose (de nombreux acariens vivent et pondent dans le substrat).

→ La mue est un facteur essentiel à la guérison cutanée. En effet, le renouvellement régulier de l’épiderme contribue activement à la cicatrisation et à l’élimination des agents infectieux et parasitaires. Lors d’atteinte profonde (brûlure, plaie importante), la formation d’une cicatrice, dépigmentée ou parfois hyperpigmentée, qui présente des écailles plus petites et désorganisées, voire aucune écaille, est possible.

Un trouble de la mue est un signe clinique non spécifique, qui peut indiquer des conditions d’élevage inadaptées (hygrométrie insuffisante par exemple), une affection cutanée (ectoparasitose, infection bactérienne ou fongique), etc. En plus de la recherche et de la correction de la cause de ces troubles, il est important d’aider le serpent à terminer sa mue, en retirant les fragments qui adhèrent encore à la peau. Pour cela, il suffit de le baigner, puis de passer une compresse ou un linge humidifié, d’avant en arrière, aux endroits concernés. Lors de rétention de l’écaille supra-oculaire, il est possible d’utiliser un petit coton-tige humidifié, en évitant toutefois de forcer pour ne pas léser la cornée sous-jacente (^{voir photo 1}). Lors de rétention de mue dans les narines, le retrait des morceaux résiduels peut être réalisé à l’aide d’une petite pince (^{voir photo 2}).

→ La pharmacocinétique et la pharmacodynamie de nombreux principes actifs sont peu ou pas étudiées chez les reptiles. De plus, aucune spécialité vétérinaire à visée thérapeutique ne possède d’AMM pour les reptiles. La posologie de nombreux antibiotiques n’est connue que pour quelques espèces cibles, ce qui oblige à les extrapoler pour les autres. Les effets de la corticothérapie sont mal évalués.

TRAITEMENT DES DERMATOSES

Il existe plusieurs moyens de traiter les affections cutanées chez les serpents (^{voir tableau 1}). Les principes actifs utilisables et leur posologie sont détaillés dans le ^{tableau 2}.

• 1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1554 du 4/10/2013 en pages 54-55.