« Un élevage, c’est presque aussi rentable que trois cliniques »

À la tête de trois cliniques vétérinaires à Paris et en région parisienne, Valérie Delteil-Prévotat a finalement revendu ses structures en 2011 pour se consacrer majoritairement à l’élevage de chats. Installée à Marolles-en-Brie (Val-de-Marne), La Chatterie du manoir d’Utopium compte aujourd’hui une douzaine d’animaux dont trois mâles : des sacrés de Birmanie, des persans et des bengals. « J’ai commencé l’élevage un peu par hasard. Pendant mes études à l’école de Toulouse, on nous a apporté un sacré de Birmanie de sept ans à euthanasier. Enfermé dans une cave pendant trois mois à la suite du décès de sa propriétaire, il était devenu agressif. J’avais quelques bases en comportement, je m’en suis occupé et je l’ai gardé », raconte Valérie Delteil-Prévotat. Ce fut le point de départ de La Chatterie du manoir d’Utopium, un élevage familial né en 1996 et géré comme une activité complémentaire pendant une dizaine d’années. Néanmoins, l’endroit a été conçu selon des normes d’hygiène strictes, avec du carrelage au sol et sur les murs pour faciliter le lessivage et la désinfection quotidienne. « Je surveille l’état de santé de mes reproducteurs et de mes chatons tous les jours, avec l’œil du vétérinaire », précise-t-elle.

Une clientèle composée à 80 % d’éleveurs félins

« Longtemps, l’Ordre ne voyait pas cela d’un bon œil. Aujourd’hui encore, la publicité est interdite, les clients de l’élevage ne doivent pas être renvoyés vers la clinique, etc. » Un exercice complexe mené en parallèle de son métier de vétérinaire et de chef d’entreprise. Jusqu’à ce que la lourdeur des contraintes administratives, financières et humaines des trois cliniques l’incite à se recentrer sur l’élevage. « Aujourd’hui, je suis éleveur et vétérinaire à domicile. 80 % de ma clientèle est constituée d’éleveurs de félins. » La chatterie réalise en moyenne 17 portées par an. « Sans structure autre que le bâtiment d’élevage, je n’ai pas besoin d’investir en gros matériel, je n’ai pas de frais vétérinaires ni de contraintes de gardes, et c’est presque aussi rentable. Certes, mes revenus sont passés de 5 000 € à 3 500 € par mois, mais la qualité de vie n’a rien à voir », explique-t-elle. Ponctuellement, elle intervient aussi dans le cadre de formations d’auxiliaires vétérinaires dans une école privée.

« Être vétérinaire permet de garder un œil sur les autres élevages. Notamment, comme c’est le cas actuellement, lorsque des maladies infectieuses surgissent et que le traitement sanitaire apparaît compliqué. En général, le métier de vétérinaire crée un climat de confiance avec les éleveurs, qui méconnaissent les normes d’hygiène, les maladies infectieuses, les techniques de prévention médicale. Résultat : les taux de mortalité sont souvent élevés et les pertes financières importantes. Avec eux comme avec mes confrères, les relations sont excellentes », ajoute-t-elle, confiante en l’avenir d’une profession portée par un développement important du chat ces dernières années. « Ma seule inquiétude concerne la TVA qui, passée de 5,5 à 7 % en janvier dernier, risque de grimper à 20 % en janvier prochain. Là, ça va devenir plus difficile ! »