Dossier
Auteur(s) : Frédéric Thual
Par passion ou comme un prolongement évident de leur profession, certains vétérinaires font le choix de devenir éleveurs de chiens, de chats, de nouveaux animaux de compagnie, de chevaux, de bovins ou d’autruches. Avec des parcours inattendus qui en font parfois de véritables experts.
Ne dites pas que je fais de l’élevage, mes confrères me croient vétérinaire ! » Derrière la boutade, la question de savoir s’il est légal d’embrasser à la fois la profession de vétérinaire et celle d’éleveur a longtemps été vécue comme un tabou. Du coup, les professionnels préfèrent jouer la carte de la discrétion. Et pourtant, d’après l’article XII du Code de déontologie, il est stipulé qu’un « vétérinaire peut exercer une autre activité professionnelle compatible avec la réglementation, d’une part, avec l’indépendance et la dignité professionnelles, d’autre part. Cette activité ne doit pas mettre en conflit ses intérêts avec ses devoirs déontologiques, notamment en lui fournissant des moyens de concurrence déloyale vis-à-vis de ses confrères ». Si les frontières sont floues, le Conseil supérieur de l’Ordre précise « qu’il est tout à fait possible pour un vétérinaire d’exercer aussi le métier d’éleveur à partir du moment où les deux activités sont bien séparées et où le praticien ne se sert pas de sa seconde activité pour se faire de la publicité sur celle de vétérinaire ». Mais de là à connaître le nombre de professionnels concernés, c’est une autre histoire. Car l’Ordre n’enregistre pas dans ses bases de données les activités complémentaires à l’exercice professionnel du vétérinaire. Les profils, en tout cas, sont éclectiques.
Que ce soient dans les filières équine, canine, féline ou bovine, pour ceux qui ont franchi le pas, la décision relève le plus souvent d’une passion de jeunesse ou d’une manière d’approfondir et de confronter leur pratique. « À un moment donné, je ne vois pas comment un vétérinaire peut ne pas être tenté de vérifier ses propres assertions et ses conseils », indique Pierre Valette, vétérinaire éleveur, propriétaire du Haras d’Aubigny (Loire), et qui dès son adolescence a élevé des ponettes au sein de la structure familiale. Pour beaucoup, la proximité, l’attachement, l’empathie, voire la pitié ressentie pour un animal maltraité, furent à l’origine des études vétérinaires. Une manière aussi de rassurer des parents redoutant la vie d’éleveur bohème. Plus qu’une attirance pour l’élevage, ces professionnels parlent en général davantage de leur intérêt pour la reproduction ou la sélection. Un sentiment souvent renforcé à l’occasion des études vétérinaires.
D’une filière à l’autre, et quelle que soit la taille de l’élevage développé, tous voient en cette activité complémentaire un moyen de crédibiliser leur discours scientifique. « Nous pouvons discuter d’égal à égal avec les autres éleveurs. Grâce à notre formation, nos propos seront d’autant plus écoutés que nous les mettons en pratique au quotidien », observe Valérie Delteil-Prévotat, vétérinaire et fondatrice de La Chatterie du manoir d’Utopium, spécialisée dans l’élevage du sacré de Birmanie, du persan et du bengal. « Et en plus, nous comprenons leurs problématiques », ajoute Pierre Valette.
Dans un univers comme celui du félin, où la faible dimension des structures d’élevage, la méconnaissance des normes d’hygiène et le manque de moyens révèlent parfois un niveau sanitaire proche de l’amateurisme, les vétérinaires estiment aussi contribuer à veiller sur la transmission d’affections contagieuses et favoriser la prévention des maladies. Une implication qui permet aux éleveurs d’éviter de lourdes pertes financières.
Près de Nantes, c’est la prévention et l’éducation des animaux qui a amené Nathalie Simon, vétérinaire comportementaliste, à se lancer avec un modeste élevage de labradors. « Parce que tant qu’on n’a pas les pieds dans la boue… Comme ça, tout ce que je dis, je le mets en pratique. J’ai d’ailleurs beaucoup appris sur la manière de dispenser des conseils », reconnaît-elle. Si tous concèdent que l’activité vétérinaire leur permet de limiter les coûts de production de leur élevage, beaucoup s’impliquent dans les structures professionnelles et font le choix d’un mini-élevage, insuffisant pour leur assurer seul des revenus. Mais inévitablement, l’aura du vétérinaire draine une partie de l’activité du cabinet. Certains préférant une baisse de ressources pour gagner en qualité de vie. Une forme d’idéalisme ? « J’en ai rêvé, je le fais. Sinon, j’aurais toujours regretté de ne pas l’avoir fait », admet Pierre Valette.
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