Formation
PRODUCTIONS ANIMALES/VOLAILLES
Auteur(s) : Cyril Parachini-Winter
Deux mécanismes interviennent dans la réponse immunitaire : la réponse innée, non spécifique, qui se met en place rapidement et se traduit par une inflammation, et la réponse acquise, qui concerne les lymphocytes B, sécréteurs d’anticorps, et T, cytotoxiques. Or les coûts alimentaires de l’immunité innée sont nettement plus conséquents que ceux de l’immunité acquise, et tout l’enjeu pour les nutritionnistes aujourd’hui est d’élaborer des rations propices aux performances zootechniques des volailles, sans pour autant détériorer leur immunité.
C’est ce qu’a rappelé dans un premier temps Isabelle Oswald (Inra de Toulouse) qui a présenté les résultats des recherches effectuées conjointement avec Fabrice Robert (groupe CCPA-Deltavit), lors des 10es JRA-JRFG1 qui se sont déroulées en mars dernier à La Rochelle.
L’activation de la réponse innée implique de multiples modifications métaboliques, et des besoins alimentaires nouveaux. Les protéines de l’inflammation, tout d’abord, n’ont pas le même profil en acides aminés que celles constitutives de l’organisme. Lors de réaction inflammatoire, le métabolisme des protéines est détourné au profit des médiateurs de l’inflammation (protéines de la phase aiguë ou antioxydantes comme le glutathion), aux dépens des protéines musculaires qui subissent un catabolisme intense. En 2001, Reeds et Jahoor ont montré que 25 % des synthèses au paroxysme de la réaction inflammatoire pourraient intéresser des protéines de ce type, avec un besoin très spécifique en acides aminés soufrés (méthionine, cystéine), glutamine, thréonine ou arginine. Les conséquences en termes de performance des individus sont sans appel : chez des poulets expérimentalement infectés par le virus de la maladie de Gumboro, la réponse immunitaire est nettement améliorée par des niveaux importants d’acides aminés soufrés dans l’alimentation, au détriment de la croissance qui est dégradée (Maroufyan et coll., 2010). Par ailleurs, comme l’ont mis en évidence Keles et coll. en 2010 chez des poulets infectés expérimentalement par la maladie de Marek, un état pathologique implique une baisse de la protection antioxydante avec des lésions cellulaires associées. Les besoins alimentaires en antioxydants sont donc logiquement majorés. Il s’agit toutefois de complémenter avec parcimonie, car des apports excessifs en vitamine E (Korver, 2012) ou en extraits de pépins de raisin riches en antioxydants de type polyphénol (Wang et coll., 2008) peuvent avoir l’effet inverse de celui escompté, provoquer une immunomodulation et augmenter la mortalité.
Une stimulation immunitaire génère une baisse de croissance. Le rôle des cytokines est majeur : le tumor necrosis factor (TNFα), l’interleukine (IL-1) et l’insulin-like growth factor (IGF-1) orientent non seulement le métabolisme vers la synthèse des protéines de la phase aiguë et du glutathion au détriment de la croissance ou de la ponte, mais exercent aussi un rôle central qui entraîne hyperthermie et anorexie avec une chute de la prise alimentaire. L’immunité et la production sont donc antagonistes, et l’optimum de formulation des rations dépend du but recherché. Les besoins, en acides aminés notamment, ne sont pas du tout les mêmes. L’objectif serait alors une ration permettant de réduire l’impact négatif de la stimulation immunitaire sur les performances sans dégrader la résistance des animaux. Les antibiotiques facteurs de croissance avaient en ce sens un avantage certain : un effet anti-inflammatoire (bien documenté pour les macrolides et les cyclines) en plus de leur action antibactérienne. Les huiles essentielles ont ouvert une voie de substitution tout à fait intéressante, avec une action antibactérienne, antioxydante et anti-inflammatoire à des doses très faibles. L’activité anti-inflammatoire du carvacrol est déjà substantielle à 0,1 ppm (Landa et coll., 2009). D’autres produits, parmi lesquels des extraits de plantes (flavonoïdes, terpènes) ou des parois cellulaires, sont également susceptibles d’interagir avec le système immunitaire. La ration peut impacter également l’immunité acquise : l’apport de zinc et de flavonoïdes dans l’eau de boisson des poulets la veille du rappel de vaccination Gumboro améliore la prise vaccinale de 39 % sans modifier les performances de croissance (CCPA, 2007). Enfin, la présence de contaminants dans l’alimentation tels que les métaux lourds ou les mycotoxines (aflatoxine B1, ochratoxine A, etc.) peut moduler la réponse immunitaire des individus par des mécanismes aussi diversifiés qu’une baisse de la capacité de phagocytose des macrophages ou des neutrophiles, de synthèse de cytokines inflammatoires, ainsi qu’une diminution de la réponse en anticorps lors de la vaccination des poulets. Cela pourrait bien, à terme, favoriser l’émergence de maladies infectieuses jusqu’alors maîtrisées.
Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »
L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.
En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire
Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.
Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.
Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire