Prévention des zoonoses : une affaire de communication entre vétérinaires et médecins - La Semaine Vétérinaire n° 1559 du 08/11/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1559 du 08/11/2013

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/TOUTES ESPÈCES

Auteur(s) : Jean-Luc Schmit*, Barbara Dufour**, Lorenza Richard***

Fonctions :
*service de pathologie infectieuse au CHU d’Amiens (Somme)
**service des maladies contagieuses à l’ENVA. Article tiré des conférences données lors des journées nationales des GTV à Nantes, en mai 2013.

La fréquence des zoonoses rencontrées en milieu rural est sans doute sous-estimée. Même si le plus souvent leur gravité reste limitée, la probabilité d’en contracter une n’est pas négligeable pour l’éleveur et sa famille.

Selon Jean-Luc Schmit, médecin à Amiens (Somme), « la formation initiale des généralistes sur les zoonoses est assez limitée. De ce fait, la plupart d’entre elles sont probablement sous-diagnostiquées ». Symptômes peu spécifiques ou fièvre inexpliquée pourraient être reliés à une infection chez les animaux de l’exploitation, mais le médecin n’a pas souvent le “réflexe zoonose” et il n’est généralement pas informé de l’état de santé du troupeau. Pourtant, « la contamination humaine en élevage pourrait être réduite par un échange d’informations entre les vétérinaires et les médecins généralistes ou du travail », précise-t-il.

Un effort de dialogue à consentir

Barbara Dufour, de l’école d’Alfort, appuie cet avis : « Le vétérinaire devrait prendre contact avec le médecin de l’éleveur en cas de forte suspicion de zoonose dans le cheptel, a fortiori lorsque le diagnostic d’une zoonose majeure est établi, comme la fièvre Q, pour laquelle il est nécessaire de prendre des mesures vis-à-vis des femmes enceintes. » Cela permettrait aussi au médecin généraliste de se poser la question d’un éventuel risque pour une personne immunodéprimée (par exemple victime d’une valvulopathie, suivant une chimiothérapie ou une corticothérapie, diabétique, transplantée ou atteinte d’une maladie inflammatoire auto-immune) et de surveiller au mieux l’état de santé de l’éleveur et de sa famille.

De même, pour Jean-Luc Schmit, si le généraliste détecte une fièvre inexpliquée ou des symptômes caractéristiques (fausse couche, problèmes hépatiques, lésions cutanées, pneumopathie, endocardite notamment) chez un membre de la famille d’un éleveur, il pourrait se renseigner sur l’existence d’une éventuelle infection au sein du troupeau. Le vétérinaire, en restant disponible pour répondre à ses questions, peut confirmer ou non ses doutes et lui permettre de choisir les tests diagnostiques appropriés pour son patient. En outre, le médecin du travail, en cas de détection de plusieurs cas humains de la même maladie, devrait également avoir le réflexe de contacter un vétérinaire. « Pour cela, un effort de dialogue entre les deux professionnels doit être entrepris. »

Un rôle d’information important du vétérinaire

Le rôle du vétérinaire dans la protection de l’éleveur et de sa famille n’est pas négligeable. Il doit leur rappeler de prendre les mesures de protection qui s’imposent. « La prévention des maladies zoonotiques en élevage relève de mesures d’hygiène générale, mais aussi plus spécifiques à un agent zoonotique identifié et à ses voies d’excrétion », rappelle Barbara Dufour. Les mesures globales, simples et efficaces, devraient être systématiquement appliquées, comme le port de vêtements réservés au travail, le port de gants pour la manipulation des déjections, des placentas ou des avortons, le lavage des mains après chaque tâche, la protection des plaies cutanées de toute souillure, le nettoyage et la désinfection du matériel et des bâtiments, etc.

Lorsqu’un germe zoonotique est identifié dans un élevage, et afin d’appliquer des mesures plus spécifiques, les modalités de transmission de cette maladie devraient être communiquées par les vétérinaires aux éleveurs afin qu’ils puissent se protéger efficacement (voie génitale, galactogène, urinaire, fécale, respiratoire, buccale ou cutanée). Dans ce cas, il est également indispensable d’éviter que les personnes à risque, immunodéprimées ou femmes enceintes notamment, entrent en contact avec les animaux, et plus particulièrement leurs déjections ou les produits de la parturition. Si une chlamydiose est identifiée dans un élevage avicole, le port du masque devrait également être recommandé pour ces personnes lorsqu’elles travaillent dans les bâtiments.

En outre, le vétérinaire peut conseiller aux éleveurs d’aller consulter le médecin quand une zoonose majeure est identifiée dans leurs exploitations. Pour cela, Barbara Dufour conseille aux praticiens de les alerter sur les délais d’incubation de la maladie humaine et sur les symptômes qui doivent impérativement déclencher cette visite.

Ainsi, les conférenciers ont insisté sur le fait que « la prévention des zoonoses en milieu rural passe par une communication entre les professionnels, éleveurs, vétérinaires et médecins, qui est souvent insuffisante et pourtant primordiale ».

Des fiches techniques sur les zoonoses et leur prévention sont disponibles sur le site de l’Institut national de recherche et de sécurité : http://www.inrs.fr/accueil/risques/ biologiques/zoonoses.html

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