TUBERCULOSE ET FAUNE SAUVAGE : TECHNIQUE DE PIÉGEAGE DES BLAIREAUX

Les captures de blaireaux ont eu lieu dans sept communes (Barnay, Chissey-en-Morvan, Cordesse, Cussy-en-Morvan, Igornay, Lucenay-l’Évêque et Saint-Léger-du-Bois), frontalières entre la Saône-et-Loire (classée en zone 2 du programme Sylvatub) et la Côte-d’Or (un département où plusieurs foyers de la maladie ont été recensés¹ dans des exploitations bovines). Cette zone limitrophe, située dans le Morvan et qui n’a pas connu de cas avéré de la maladie dans la faune sauvage ou en élevage bovin ces dernières années, a été choisie en raison de sa proximité avec la zone de surveillance de la faune sauvage instituée en Côte-d’Or. « Il s’agit d’un programme de surveillance sanitaire, pas de destruction des blaireaux, qui s’inscrit dans une volonté d’établir la présence ou non de Mycobacterium bovis au sein de populations d’animaux sauvages, et de cumuler ainsi des données épidémiologiques », précise Jean-Bernard Dereclenne, de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) de Saône-et-Loire. Comme le blaireau n’est pas classé parmi les espèces nuisibles, une dérogation est nécessaire pour le piéger.

Dix piégeurs agréés désignés

Le 15 juillet 2013, le matériel (collets, gants, piquets, chaînes, sacs, etc.) est distribué aux dix piégeurs agréés sélectionnés, sous la responsabilité technique du lieutenant de louveterie en charge de cette opération de capture placée sous l’autorité de la DDPP. Chacun d’eux est titulaire de l’agrément de piégeur délivré après le suivi d’une formation obligatoire, en vertu de l’arrêté ministériel du 23 mai 1984. L’opération commence dès le dépôt par les piégeurs de leur déclaration de piégeage à la mairie des sept communes concernées, et prend fin le 15 septembre, juste avant la saison de chasse, notamment pour éviter de capturer des chiens.

Les terriers de chaque zone, localisés en zone boisée ou sur les pâtures des bovins par l’Association des piégeurs agréés de Saône-et-Loire (Apasl)², sont répartis entre deux ou trois piégeurs. La capture est prévue par collet, posé à l’entrée des terriers. Le déterrage n’a pas été retenu en raison des risques de contamination des chiens.

Comme les blaireaux sortent de leur terrier la nuit, les pièges sont visités tous les matins par les piégeurs désignés, au plus tard dans les deux heures qui suivent le lever du soleil, afin d’éviter que les animaux se mutilent. En cas de capture accidentelle d’autres espèces, les animaux sont immédiatement relâchés, de même que les jeunes blaireaux, car seuls les adultes sont à prélever.

Le nombre de 35 blaireaux capturés n’a pu être atteint durant cette opération, peut-être parce que le protocole prévoyait de placer les pièges à l’entrée des terriers, et non dans la coulée de passage, ce qui a pu éveiller la méfiance des animaux et compromettre la collecte, selon les piégeurs.

Dix foyers de tuberculose en élevage bovin ont été comptabilisés sur une décennie en Saône-et-Loire. Le dernier, recensé en 2012 dans la Bresse, a donné lieu à des opérations similaires, avec le prélèvement de 15 blaireaux dans un rayon de 1 km autour des bâtiments d’élevage et des parcelles du foyer.

• 1 Voir le dossier de La Semaine Vétérinaire n° 1537 du 26/4/2013 en pages 29-35.

• 2 Avec 958 adhérents, l’Apasl est l’une des plus importantes associations de piégeurs en France.