Formation
NAC
Auteur(s) : Lionel Schilliger*, Sophie Vigneron**
Fonctions :
*diplomate ECZM (herpetology), praticien à Paris. Article rédigé d’après une conférence présentée lors des journées de l’Afov 2013 à Paris.
Les reptiles sont des NAC de plus en plus fréquents en clientèle. Leur groupe est éclectique, aussi bien sur le plan anatomique que physiologique et comportemental. Il convient de connaître 10 à 15 espèces et de différencier ce qui est physiologique de ce qui est pathologique. La connaissance des conditions environnementales est essentielle. Le conférencier a cité l’exemple des tortues de Floride, exportées en masse à travers le monde dans les années 80, qui mouraient avec une carapace molle et des yeux gonflés. La raison en était la méconnaissance de leur régime alimentaire. Nourries avec des crevettes séchées, elles étaient carencées en vitamine A, et devenaient aveugles. Or une tortue sans vision ne peut plus manger et meurt de faim. Cet exemple montre à quel point les reptiles sont inféodés à leur milieu de vie. Ils ont besoin d’un éclairage particulier, de chauffage, de cachettes. Il faut veiller à l’alimentation, à l’apport en eau et au substrat. Il est courant de dire que « le terrarium est malade, pas le reptile ».
Il existe des points communs entre les globes oculaires des reptiles : tous ont une position latérale. Souvent, il y a peu de recouvrement. Ensuite, l’iris de tous les reptiles contient des fibres musculaires striées squelettiques. Le diamètre pupillaire varie sous contrôle volontaire : ainsi, les collyres mydriatiques ne fonctionnent pas et les réflexes photomoteurs sont inutilisables.
Quasiment tous les reptiles ont des paupières mobiles, sauf les serpents et les “vrais” geckos. Pour ces derniers, leurs paupières sont immobiles, ce qui explique la fixité de leur regard. Une lunette précornéenne recouvre leurs yeux et se renouvelle au moment de la mue. Enfin, certains reptiles tels que l’iguane vert et les varans du genre Varanus sp. ont un troisième œil situé sur le sommet du crâne (l’œil pinéal), relié à l’épiphyse, qui possède un cristallin et une rétine, mais ne participe pas à la vision. Il jouerait le rôle de dosimètre avec une régulation du rythme circadien et un rôle dans la reproduction.
La contention est primordiale. Le test à la fluorescéine permet de vérifier l’intégrité de la cornée. Ce test ne permet pas de mettre en évidence les canaux naso-lacrymaux chez les tortues. Attention, chez les serpents, les collyres sont inefficaces, car la cornée est imperméable. Le test de Schirmer n’est pas validé chez ces espèces et la sémiologie est fruste. Une solution pour détecter une maladie consiste à peser l’animal une fois par mois. En effet, un reptile ne doit pas maigrir sauf en cas d’hibernation, de ponte ou de mise bas (la croissance n’est pas stoppée par la puberté). Le but est d’intervenir le plus tôt possible lors d’un amaigrissement. Il faut noter que les urgences chez les reptiles sont des décompensations brutales d’un phénomène chronique.
L’hypovitaminose A est une maladie systémique d’origine nutritionnelle. Elle concerne les tortues aquatiques et subaquatiques. Un régime pauvre en rétinol (comme les gammares séchés) est à bannir, car il provoque un épuisement du stock de vitamine A qui permet l’intégrité de l’épithélium de recouvrement de nombreuses structures. Lors de carence, il est observé une métaplasie squameuse hyperkératosique de ces structures. Ainsi, des rétentions d’œufs (métaplasie au niveau des oviductes), des insuffisances rénales, des troubles respiratoires peuvent apparaître. Le signe clinique alertant le propriétaire est souvent un blépharœdeme bilatéral avec hypertrophie des glandes lacrymales. Le traitement consiste à injecter des doses répétées de rétinol (300 UI/kg, trois fois à une semaine d’intervalle lors de cas débutant) jusqu’à la disparition des signes et de corriger la ration ou de donner des granulés d’aliments complets (Aquatic Turtle Food Zoo Med®). Sans traitement, cette affection est mortelle.
À chaque mue, une exfoliation et un renouvellement de la lunette précornénne (présente chez les ophidiens et les vrais geckos) ont lieu. Elle peut parfois rester adhérente à la nouvelle lunette sous-jacente lors d’hygrométrie trop faible, de parasites (cette persistance est souvent due à l’acarien hématophage Ophionyssus natricis), de déshydratation ou encore de maladie systémique. Il convient alors de réhydrater l’œil (appliquer un gel lacrymomimétique une fois par jour) et d’augmenter l’hygrométrie. Il vaut mieux ne pas essayer de retirer cette lunette mécaniquement. Lors de la présence d’acariens, du fipronil peut être appliqué autour de l’œil avec un coton-tige, et le terrarium est traité.
Ces deux affections, observées chez les serpents et les geckos, doivent conduire à rechercher une stomatite sous-jacente avec obstruction du canal de la glande de Harder.
Une accumulation anormale de larmes dans l’espace précornéen à la suite d’une oblitération du canal de la glande de Harder conduit à l’apparition d’un œil gonflé. Cependant, l’œil est repoussé au fond de la cavité orbitaire (pseudobuphtalmie). Une ponction de l’espace précornéen est conseillée, ainsi que la détermination de la cause de l’obstruction du canal de la glande de Harder, en introduisant de chaque côté un cathéter souple. Une complication fréquente de la pseudobuphtalmie est la colonisation par des bactéries de l’espace précornéen (abcès précornéen). Le traitement consiste à inciser la lunette puis à évacuer le pus et flusher sous pression. Une antibiothérapie de 20 jours minimum à base d’enrofloxacine est conseillée. La moitié des affections sont à germes anaérobies chez les reptiles.
Les blépharites atteignent les reptiles qui possédent des paupières mobiles (lézards, tortues et crocodiles). Leurs origines sont diverses : traumatique par morsure ou griffure, infectieuse, parasitaire, néoplasique (herpès virose associée à des tumeurs fibropapillomateuses) ou mécanique (corps étrangers, comme du sable fin). Un lavage de l’œil au sérum physiologique est conseillé, ainsi que l’appréciation de l’origine de la blépharite.
Une kératite se manifeste chez un reptile par une perte de transparence de la cornée comme chez les carnivores domestiques. Elle peut avoir diverses origines : bactérienne (souvent due à des bacilles Gram négatif), environnementale (kératite solaire quand la longueur d’onde des UVB est trop basse ; supprimer la lampe ultraviolette traite en quelques jours l’affection), virale et traumatique.
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