Formation
PRODUCTIONS ANIMALES/BOVINS
Auteur(s) : Jean-Bernard Hermanns*, Béatrice Bouquet**
Fonctions :
*praticien à Quintin (Côtes-d’Armor). Article tiré de la conférence présentée lors de la Journée vétérinaire bretonne, le 4 juin 2013 à Ploufragan.
De l’animal boute-en-train au Predi’Bov®, il y a un monde et des années de recherche conduites en France par l’Inra de Tours-Nouzilly. La mise en application commerciale de ce produit est récente. D’abord destiné aux professionnels de la transplantation embryonnaire, il gagne aujourd’hui le “grand public” des éleveurs. Le laboratoire Repropharm qui le commercialise (hébergé au sein même des locaux de l’Inra) a “découvert” son intérêt pédagogique dans les troupeaux confrontés à des soucis de détection de chaleurs.
Il s’agit parfois de pointer du doigt la faille d’un système de reproduction évalué dans son ensemble : l’éleveur sera ainsi naturellement encouragé à revoir sa fréquence et ses critères de détection. Le Predi’Bov® est réalisable à la ferme par l’éleveur, en 40 minutes (25 € HT). Il détecte semi-quantitativement le moment de l’ovulation, via la détection du pic de l’hormone luténisante (LH), selon un diagnostic sérologique (test Elisa). L’intervalle entre le pic de LH et l’ovulation est assez fixe. Dès les premiers signes de chaleur observés, un premier test est réalisé, qui, s’il est négatif, sera reconduit 6 à 8 heures plus tard. L’insémination est programmée 10 à 12 heures après le premier test positif. En choisissant le moment idéal, la capacitation du spermatozoïde et son arrivée synchrone avec celle de la maturation ovocytaire sont facilitées.
Vieille méthode, le dosage de la progestérone reste néanmoins la référence pour étalonner les nombreux outils de détection des chaleurs fondés sur l’activité de l’animal. Le Herd Navigator® de Foss et Delaval est un outil “tout automatique”, entièrement basé sur ce test, associé au robot de traite mais aussi à une salle de traite conventionnelle. Il définit ses propres paramètres et choisit le rythme d’échantillonnage. Il ne détecte pas seulement les chaleurs.
Le eProCheck® de Minitüb correspond à un appareil portable de dosage de la progestérone. Il nécessite un opérateur successivement préleveur, laborantin (nécessité de mélange de réactifs avant analyse), mais aussi interprète pour le résultat, d’où le ciblage de ce produit sur les vétérinaires et les inséminateurs.
Il ne faut pas confondre le dosage de la progestérone et celui des protéines associées à la gestation (le test Idexx Bovine pregnancy a été médiatisé l’an dernier), sachant que le premier est parfois aussi utilisé pour la détection de gestation (ou plutôt de non-gestation), tandis que les protéines associées à la gestation (PAG), comme leur nom l’indiquent, ne détectent que cette dernière.
Le plus populaire et le moins coûteux des détecteurs de mouvement a ses limites : les systèmes de type Kamar® à base d’encre pour le chevauchement, se collent sur la croupe des vaches présumées en chaleur ou en passe de l’être. Il est extrêmement répandu en élevage, mais il est assorti de nombreux résultats faux positifs, car l’acceptation de chevauchement n’est pas un critère absolu. Ils sont inutilisables avec les brosses rotatives. Ils nécessitent un peu de secrétariat de la part de l’éleveur, sinon l’information récoltée est inutile.
Les podomètres traditionnels ne détectent que le mouvement des pieds, permettant une détection de 83 % des chaleurs avec une précision de 85 %. Les systèmes par collier sont venus les concurrencer récemment. Fondés sur différentes techniques, ils peuvent être couplés au robot et à la mesure de conductivité du lait (voir tableau).
Outre les tests biologiques et les outils électroniques, il reste l’observation par l’éleveur, assortie d’une bonne logistique de consignation des observations : le planning circulaire demeure d’actualité. Cette base peut être améliorée soit par des systèmes de caméras d’enregistrement si l’éleveur ne peut être présent à certains moments clés de la détection des chaleurs, soit à l’aide de logiciels d’enregistrement de type Vet-Expert® s’il souhaite un suivi dans le temps de la qualité de son observation. Le logiciel Detoestrus®, diffusé par l’Institut de l’élevage en direction des vétérinaires, des inséminateurs et des contrôleurs laitiers, permet un audit et une évaluation des performances de détection de l’éleveur. Cet outil attend lui-même d’être évalué sur de plus grands effectifs pour en apprécier l’efficacité corrective et pédagogique.
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