Formation
ANIMAUX DE COMPAGNIE
Auteur(s) : Yannick Bongrand*, Géraldine Blanchard**, Julie Gallay-Lepoutre***, Laurent Masson****
Fonctions :
*praticien à Bordeaux (Gironde)
**consultante en nutrition
***praticienne à Ollioules (Var). Article tiré d’une conférence présentée au congrès du chat d’Arcachon-Gemi, en mai 2013.
– Une rémission est possible au cours des six mois qui suivent la mise en place du traitement.
– Plus la glycémie est rapidement contrôlée, plus les chances de rémission sont élevées.
– Le type d’insuline utilisé n’influence pas la survenue d’une rémission ou sa durée.
– Les chances de rémission sont augmentées avec un aliment riche en protéines et à teneur réduite en glucides.
– Lorsqu’une rémission est suspectée, la dose d’insuline est diminuée graduellement.
– Un état prédiabétique persiste cependant.
Le diabète est une endocrinopathie de plus en plus fréquente chez le chat. Avec parfois la particularité d’être “transitoire”, il nécessite une prise en charge globale. Le diabète félin ressemble à celui de type 2 chez l’homme : il survient lorsque sont diminuées à la fois la capacité de sécrétion d’insuline par le pancréas et la sensibilité des tissus périphériques à cette dernière (voir encadré). L’obésité occupe une place prépondérante parmi les causes d’insulinorésistance, surtout chez les mâles. Sédentarité et confinement sont des facteurs de risque reconnus. Plusieurs mécanismes semblent expliquer ce phénomène d’altération de la sécrétion d’insuline : une accélération de la formation de dépôts amyloïdes au niveau des îlots β de Langerhans, une glucotoxicité (dégénérescence progressive lors d’hyperglycémie soutenue), voire une lipotoxicité dont le rôle reste incertain.
La rémission du diabète chez le chat survient généralement au cours des six premiers mois de traitement. Aucun élément ne permet de prédire avec certitude la survenue d’une rémission au moment du diagnostic de diabète. Toutefois, les chances de rémission seraient plus élevées chez les chats âgés et ceux qui ont préalablement reçu des glucocorticoïdes, et plus faibles en présence d’une hypercholestérolémie ou d’une polyneuropathie diabétique.
Actuellement, la stratégie à mettre en œuvre pour augmenter les chances de rémission consiste à obtenir le plus rapidement possible un bon contrôle glycémique, quelle que soit l’insuline choisie. Cela passe notamment par un suivi rigoureux, une alimentation adaptée (éventuellement diététique) et le traitement de l’obésité lorsqu’elle existe.
Pour Yannick Bongrand, « il n’y a pas de mauvais choix d’insuline ». L’efficacité est en effet comparable entre deux injections de Caninsulin® (0,25 à 0,5 mg/kg, deux fois par jour, sans dépasser 2 UI par chat deux fois par jour) et une seule injection d’insuline retard, de type glargine (1 à 2 UI par chat, une fois par jour, usage hors AMM).
Une étude de Zini et coll.1 compare la glargine au Caninsulin® et conclut que le type d’insuline n’est pas un facteur prédictif de la survenue d’une rémission ou de sa durée. Néanmoins, notre confrère constate que la probabilité d’obtention d’une rémission clinique est optimisée avec la glargine, en raison de la limitation des périodes d’hyperglycémie avant l’injection. L’insulinémie est plus constante avec cette dernière, dont le nadir est beaucoup moins marqué qu’avec Caninsulin® : « La réalisation d’une courbe de glycémie est par ailleurs plus facile avec la glargine. »
Les chances de rémission sont augmentées grâce à une alimentation riche en protéines et à teneur réduite en glucides, avec une préférence pour les aliments diététiques pauvres en amidon et en sucres, ou plus généralement pour les formes humides (« qui dit croquette dit amidon, donc apport glucidique »). Après 16 semaines, une rémission est obtenue chez 68 % des chats qui consomment un aliment pauvre en glucides et en fibres versus 41 % avec un aliment riche en fibres, mais sans réduction de la teneur en glucides2.
Pour Géraldine Blanchard spécialiste en nutrition, il convient de se fixer trois objectifs.
→ Un chat diabétique doit absolument manger. Toute anorexie conduit à une lipolyse des acides gras qui produit massivement des corps cétoniques et une acidose. Même en urgence, il faut nourrir le chat, éventuellement via une sonde. En outre, il est possible de garder son aliment au départ, puis de le changer après quelques jours ou semaines pour élaborer une ration plus précise.
→ Un chat diabétique doit manger un aliment pauvre en glucides. « Le chat n’a pas besoin de glucides lents. » La teneur souhaitable dans la ration est difficile à estimer, mais d’après les études récemment publiées, notre consœur propose moins de 20 % d’énergie par les glucides. « Il est parfois nécessaire d’ajuster la dose d’insuline lors de changements d’alimentation, selon la quantité de glucides ingérée. »
→ Un chat diabétique doit retrouver son poids optimal. Ainsi, la ration est adaptée selon cet objectif et le besoin énergétique. Le choix se porte, si le chat est maigre, sur un aliment de densité calorique élevée (riche en protéines et lipides, moins en fibres) ou, s’il est en surpoids, sur un aliment riche en fibres et protéines et plus pauvre en lipides.
Dans tous les cas, il est important de fournir une prescription écrite, en détaillant la transition alimentaire, la quantité journalière, le nombre de repas, et de prévoir un suivi du poids, car il sera aussi un bon révélateur de l’équilibre du diabète au long cours.
La survenue d’une rémission chez un chat sous insulinothérapie se manifeste souvent par de l’hypoglycémie. Lors-qu’une rémission est suspectée, la dose d’insuline est diminuée graduellement, par paliers de 50 %, avec un suivi toutes les deux semaines, afin d’éviter des rechutes rapides. Julie Gallay-Lepoutre préconise même le maintien de doses quasi « homéopathiques » d’insuline pour préserver la fonction pancréatique. « Il est préférable de maintenir de faibles doses en jours alternés, sur des durées parfois longues, plutôt que d’arrêter trop rapidement. »
Après l’arrêt de l’insulinothérapie, l’alimentation spécifique doit être poursuivie et l’usage des corticoïdes limité au maximum, car « un état prédiabétique persiste ». La durée de la rémission est variable (de quelques semaines à plusieurs années) et des rechutes sont observées dans 25 à 30 % des cas. Il convient alors de réinstaurer une insulinothérapie. Une seconde rémission est peu fréquente.
→ Obésité.
→ Pancréatite chronique.
→ Insuffisance rénale.
→ Infection bactérienne (urinaire, parodontale).
→ Maladie intercurrente.
→ Progestagènes.
→ Hypercorticisme, corticothérapie.
→ Acromégalie.
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