L’exploration du monde de Depardon

L’automne rend un hommage mérité à l’œuvre de Raymond Depardon. Jusqu’au 10 février 2014, le Grand Palais expose 160 de ses photographies, panorama en partie inédit de son travail de la couleur depuis la fin des années 50 jusqu’à la récente série Un Moment si doux, où l’approche du réel se fait plus silencieuse et intériorisée.

Parallèlement, la Cinémathèque française organise jusqu’au 1^er décembre une rétrospective de toute l’œuvre cinématographique, dont il sera également possible d’apprécier chez soi l’ampleur et l’importance grâce au coffret édité par Arte. Il rassemble l’intégrale des longs métrages : de singulières fictions (La Captive du désert, Un Homme sans l’Occident, Paris), mais surtout d’incomparables documentaires dont Une Partie de campagne, Reporters, Urgences, Délits flagrants… et bien entendu Profils paysans, une superbe trilogie sur le monde rural (celui des petits éleveurs) débutée avant 2000, à l’ombre des crises sanitaires, et transcendée par son dernier volet, La Vie moderne (2008). Alors que la plupart des documentaristes se contentent de filmer le réel, Raymond Depardon capte une autre dimension de ceux qu’il filme. Ils habitent le langage, ce qui les inscrit dans un ordre symbolique. Les années passent et l’œuvre conserve son opacité vivante, irréductible à toute idéologie.

Coffret Depardon cinéma, Arte éditions, 18 DVD, 28 films, livret de 48 pages, VF, 99,99 €.