Cahier des références économiques 2012 pour le Massif Central : un outil au service des agriculteurs - La Semaine Vétérinaire n° 1562 du 29/11/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1562 du 29/11/2013

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/BOVINS ET OVINS

Auteur(s) : Lionel Schilliger*, Serge Trouillet**

Fonctions :
*diplomate ECZM (herpetology), praticien à Paris.

Cerfrance est un réseau d’expertise-comptable associatif. Issu d’un centre de gestion agricole, il fédère aujourd’hui, sous cette marque, 70 entités indépendantes dans toute la France. Cinq d’entre elles constituent l’Alliance Massif Central (Bourbonnais, Puy-de-Dôme Avenir, Cantal, Haute-Loire et Lozère), dans un esprit de mutualisation et de partage de savoir-faire à l’image de la création de l’atelier de veille économique. Celui-ci réalise différents observatoires et des études prospectives en s’appuyant sur les données des 11 500 comptabilités produites sur le territoire. Le Sommet de l’élevage, en octobre 2013 à Clermont-Cournon, a fourni l’occasion de présenter le premier cahier de références économiques de cet atelier, intitulé « l’agriculture en chiffres et en relief ». Ce tour d’horizon des principales filières présentes sur le territoire a mis l’accent, événement oblige, sur les productions animales.

« De plus en plus d’agriculteurs, et parfois de techniciens, apparaissent déstabilisés au regard de la volatilité des intrants, des aléas de la conjoncture, des évolutions réglementaires pas toujours transparentes. Notre volonté est de les aider à identifier leurs points forts et leurs points faibles, de leur fournir des repères de gestion afin qu’ils puissent prendre les bonnes décisions pour leur entreprise », indique Nathalie Velay, chargée de veille économique au Cerfrance Alliance Massif Central.

QUATRE NIVEAUX DE RÉSISTANCE

Le diagnostic, pour chaque type de production, est fondé sur l’évaluation de la capacité de résistance aux aléas des exploitations agricoles. Une entreprise est qualifiée de viable si elle dégage du revenu suffisant pour rémunérer le travail des exploitants, si elle peut renouveler son outil de production, et si son endettement est en adéquation avec son potentiel économique. Mais ce n’est pas suffisant. Sa situation financière doit être saine, tant au niveau de sa trésorerie à court terme que du poids de son endettement à long terme (mesuré par le taux d’endettement et le retour sur dettes).

Quand tous les indicateurs sont au vert, l’entreprise est qualifiée de résistante. À l’inverse, celle dont le fonctionnement annuel est déficitaire et la situation financière déséquilibrée se retrouve dans le rouge. « Nous nous sommes intéressés à ces deux extrêmes, pour comprendre pourquoi certaines exploitations agricoles se positionnent durablement dans le vert et d’autres, à un moment donné, dans le rouge, alors que la conjoncture est identique pour tous », précise Nathalie Velay en introduction des exposés de ses collègues conseillers d’entreprise, par type de production.

OVINS VIANDE : LA CULTURE DE L’ÉCONOMIE !

Considérée pendant longtemps comme le parent pauvre de l’agriculture, la filière ovins viande a connu des années difficiles avant 2009. Un virage s’est opéré en 2010 avec une progression du prix des agneaux, grâce à la baisse des importations notamment du Royaume-Uni (crise sanitaire) et de Nouvelle-Zélande, et à la revalorisation de la prime à la brebis. Il s’ensuit depuis lors des résultats moyens satisfaisants et stables, avec des exploitations devenues plus résistantes (40 % en 2009, 57 % en 2012). L’année 2012 aurait même pu être exceptionnelle si la hausse des charges n’avait pas consommé l’essentiel de celle du produit ! Pour 2013, cependant, la tendance est légèrement à la baisse, en raison de l’augmentation des charges, de la chute du cours des agneaux, du déclin des exportations des agneaux de lait vers l’Espagne et l’Italie, et de la hausse de la mortalité liée au virus Schmallenberg.

Si, pour cette filière, la politique agricole commune reste un enjeu important, avec 42 % du chiffre d’affaires constitué de subventions, l’éleveur n’en demeure pas moins acteur de son revenu. Il est un facteur clé de la réussite de son exploitation. « Le nombre d’agneaux vendus par brebis est de 1,3 pour les entreprises dans le vert, et de 1,1 pour celles qui figurent dans le rouge. Les coûts de production passent de 2 € par kilo de carcasse à 3 € ! La maîtrise des charges est un enjeu majeur. Par ailleurs, pour compenser la baisse globale de la consommation d’agneaux, il faudra trouver de nouveaux débouchés et faire évoluer les habitudes de consommation sur ce type de produit », souligne Didier Cayroche, conseiller d’entreprise au Cerfrance Lozère.

BOVINS VIANDE : LA MEILLEURE ANNÉE DEPUIS QUATRE ANS

Pour la filière bovins viande, 2012 est la meilleure année depuis quatre ans. Dans un contexte de baisse des effectifs des bovins, de diminution de l’offre et de cours porteurs pour les céréales, de nouveaux marchés apparaissent. Notamment dans les pays du pourtour méditerranéen, dont la consommation de viande est en nette progression. Les cours soutenus des broutards (plus de 100 € par tête entre 2011 et 2012) et des réformes ont ainsi permis de compenser la hausse de près de 10 % des charges animales (aliments, soins vétérinaires, frais d’élevage, etc.)! Toutefois, le résultat courant devrait être en légère diminution pour 2013. La baisse globale de la consommation nationale, la hausse des charges (aliments, intrants) et les effets du virus Schmallenberg réduiront le résultat courant à un peu plus de 9 000€ par unité de travail.

Productivité du travail, valorisation des produits et gestion de l’endettement constituent les facteurs clés de la réussite de l’exploitation. « Les entreprises les plus saines valorisent avec une unité de main-d’œuvre 10 vaches et 17 hectares de plus que les exploitations les plus fragiles. Notons qu’un seuil critique se dessine autour de 70 vaches par unité de travail pour dégager un revenu convenable. Par ailleurs, le prix de vente des animaux est 6 % plus élevé dans les entreprises en bonne santé. Quant à l’endettement, la moitié des exploitations allaitantes ont des annuités qui consomment plus de 50 % de l’excédent brut d’exploitation (EBE) », observe Bastien Bernard, conseiller d’entreprise au Cerfrance Puy-de-Dôme Avenir.

BOVINS LAIT : DES RESULTATS PLOMBÉS PAR LA HAUSSE DES CHARGES

Pour la filière bovins lait, l’année 2012 se caractérise par un effet ciseaux : une lourdeur sur les charges (engrais, aliments, frais d’élevage, carburant) et le prix du lait qui peine à remonter. Les produits laitiers industriels se valorisent assez fortement sans que, pour autant, les producteurs en profitent eux-mêmes. L’année 2013 devrait enrayer cette tendance à la baisse et voir une augmentation du prix du lait à compter de l’été. Conjointement, la hausse des volumes, des aides, et la diminution des achats de fourrages devraient compenser la baisse du prix des veaux et l’augmentation des intrants. Si la conjoncture est la même pour tout le monde, les choix de gestion des chefs d’entreprise font souvent la différence. Avec une structure sensiblement identique, les exploitations les plus fragiles dépensent 250 € (charges opérationnelles) pour produire 1 000 litres de lait, au lieu de 207 € pour les plus saines.

Une entreprise laitière sur quatre est en situation fragile. La dégradation de la trésorerie résulte souvent d’un accroissement significatif de l’investissement en 2012, notamment dans des bâtiments d’élevage, avec un autofinancement insuffisant. « Si la hausse de la production de lait semble aujourd’hui privilégiée, elle doit toutefois se faire en cohérence avec son système, qui repose sur le triptyque terres, main-d’œuvre et capital. Tandis que le retour sur dettes moyen est de quatre ans dans le système bovins lait, il faudrait, sans modifier leur fonctionnement, presque 30 ans aux exploitations les plus fragiles pour rembourser leurs dettes. Il est nécessaire de prendre la posture d’un chef d’entreprise, d’être acteur de son système plutôt que spectateur de la conjoncture », conclut Simon Nozière, responsable d’agence au Cerfrance Cantal, à Aurillac.

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