Lutte biologique contre l’agent de la pseudo-gale chez les ophidiens - La Semaine Vétérinaire n° 1562 du 29/11/2013
La Semaine Vétérinaire n° 1562 du 29/11/2013

Formation

NAC

Auteur(s) : Lionel Schilliger

Fonctions : diplomate ECZM (herpetology), praticien à Paris.

Les reptiles, qu’ils soient captifs ou sauvages, sont fréquemment infestés de parasites externes. Les serpents, et dans une moindre mesure certains lézards (dont l’agame barbu d’Australie), sont principalement affectés par les acariens du genre Ophionyssus, dont le plus connu est Ophionyssus natricis, l’agent de la pseudo-gale ophionyssique.

SIGNES CLINIQUES

Certaines infestations sont spectaculaires, avec des milliers de parasites présents sur le tégument du serpent, le terrarium fournissant un environnement favorable à son développement (température et hygrométrie propices). Les serpents infestés montrent généralement un changement de comportement (augmentation des temps de baignade, frottements contre des objets), une mue anormale et, parfois, des dermatoses croûteuses.

La présence de grains noirs dans les gamelles d’eau, entre les écailles de l’animal (en particulier au niveau des mandibules) ou sur les mains de la personne qui le manipule doivent conduire à un examen scrupuleux de l’ensemble de la peau du reptile. L’agent de la pseudo-gale est également observé en zone périoculaire (autour des lunettes précornéennes), où il entraîne un gonflement annulaire des paupières plutôt pathognomonique.

TRAITEMENT

L’élimination d’O. natricis dans un terrarium ou une batterie de terrariums est souvent impossible en raison de sa résistance dans l’environnement. Le recours aux nombreux insecticides et acaricides utilisés chez les mammifères peut être tenté, mais certains présentent un risque de neurotoxicité. La prévention repose sur une quarantaine stricte d’au moins trois mois pour chaque nouvel individu introduit dans la collection.

Une nouvelle option se présente pour la prise en charge de cette affection, fondée sur la notion de lutte biologique. Une spécialité (Taurrus(r)) est commercialisée dans cette indication. Elle contient un acarien prédateur (Cheyletus eruditus), présent à l’état naturel dans le nid de nombreux oiseaux et mammifères. Il se nourrit d’autres acariens, notamment d’O. natricis, à tous leurs stades de développement. Capable de subsister et de se reproduire dans les conditions de vie habituelles des serpents captifs, il peut aussi survivre plusieurs mois sans manger à des températures basses. Ce n’est pas un parasite pour les serpents eux-mêmes. Une étude publiée récemment dans le Journal of Zoo and Wildlife Medicine1 porte sur son efficacité dans la lutte contre la pseudo-gale des reptiles en captivité.

Étude in vitro

Des parasites O. natricis sont prélevés dans des terrariums de serpents infestés et placés dans des tubes identifiés. Trois lots sont constitués :

→ le groupe 1 est composé de 125 tubes, chacun contenant une nymphe d’O. natricis ;

→ le groupe 2 est constitué du même nombre de tubes, chacun contenant une nymphe de C. eruditus ;

→ le groupe 3 comprend le même nombre de tubes, chacun avec une nymphe des deux espèces d’acariens.

Tous les tubes sont placés dans le noir, à une température de 26 °C et à un taux d’humidité de 75 %. 24 heures plud tard, 92 % des O. natricis (groupe 1) et 96 % des C. eruditus (groupe 2) sont vivants. Dans le groupe 3, moins de 6 % des O. natricis ont survécu.

Étude in vivo

22 pythons atteints de pseudo-gale sont isolés les uns des autres dans des boîtes en plastique. Les parasites qu’ils portent sont dénombrés avant leur transfert. Une moyenne de 13 parasites par serpent est notée au début de l’expérience (de 4 à 22). Deux groupes de 11 serpents sont constitués.

À T0, le groupe contrôle reçoit 15 g de vermiculite (un substrat) et le groupe test 15 g de Taurrus(r) (soit 1 000 C. eruditus, associés à la vermiculite). 10 et 15 jours après le début de l’expérience, les parasites qui évoluent sur les serpents des deux groupes sont comptés, ainsi que ceux présents dans 150 g de substrat prélevé dans cinq cages des deux groupes.

Au bout de dix jours, les serpents du groupe contrôle sont infestés en moyenne par 25 O. natricis par individu, versus 13 parasites dans le groupe test. 15 jours après, les serpents du groupe contrôle sont infestés en moyenne par 42 O. natricis par individu, au lieu de deux dans le groupe test. Au sein du substrat, 179 parasites sont extraits au total dans le groupe contrôle, versus cinq dans le groupe test.

Conclusion des études

Les résultats de ces expériences démontrent la capacité de l’agent de lutte biologique C. eruditus à éliminer et à contrôler les populations du parasite O. natricis. Les conditions environnementales du terrarium favorisent le développement de l’acarien hématophage O. natricis, mais conviennent aussi parfaitement au développement de son prédateur. Il apparaît donc que l’utilisation de C. eruditus dans les conditions d’un terrarium est une solution de lutte biologique efficace, qui offre une alternative aux produits chimiques acaricides ou aux insecticides usuels.

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