Formation
ANIMAUX DE COMPAGNIE
Auteur(s) : Emmanuel Bensignor*, Pierre-Antoine Germain**, Gwenaël Outters***
Fonctions :
*titulaire du DESV de dermatologie vétérinaire, diplomate ECVD, praticien à Paris, Rennes et Nantes
**diplomate ECVD, praticien à Saint-Julien-en-Genevois et Saint-Priest. Source : congrès de l’Afvac 2012.
– La dermatologie est une discipline visuelle : les examens complémentaires confirment le diagnostic clinique.
– Des examens complémentaires non justifiés et non hiérarchisés sont inutiles et source d’erreurs d’interprétation.
– Le praticien doit connaître les limites de chaque test.
Les examens complémentaires en dermatologie sont, dans certains cas, inutiles. En effet, certaines affections se diagnostiquent cliniquement. Par exemple, une atrophie cutanée et des comédons sur l’abdomen d’un chien sont des lésions pathognomoniques du syndrome de Cushing. Le syndrome de fragilité cutanée (déchirure spontanée de la peau) signe, chez le jeune chat, une génodermatose, et constitue, chez le chat âgé, un symptôme associé à un trouble hépatique ou à un syndrome de Cushing. Des lésions dépigmentées et multifocales doivent évoquer un vitiligo. Enfin, chez le chien, des lésions en plaques, surélevées et prurigineuses, sont caractéristiques de la calcinose.
L’examen clinique conduit au bilan des symptômes qui sont hiérarchisés pour énoncer des hypothèses diagnostiques : selon les lésions et leur localisation, deux (ou plusieurs) maladies dermatologiques peuvent coexister chez le même animal.
Par exemple, mieux vaut ne pas se contenter d’un diagnostic d’ichtyose devant un golden retriever présenté pour des squames sur l’abdomen, dont la peau est sale et qui a tendance à développer un prurit accru, avec des lésions érythémateuses et papuleuses et des excoriations. Cet animal peut souffrir simultanément d’une gale sarcoptique, à mettre en évidence par un raclage.
Le raclage cutané est un examen complémentaire de base, simple sur le plan matériel, mais qui nécessite une certaine technicité quant à sa réalisation et à son interprétation. Le site doit être tondu et le raclage réalisé jusqu’à la rosée sanguine, sur une surface d’environ 1 cm2. Il convient de le pratiquer au bon endroit, selon la maladie suspectée :
– sur le dos pour la recherche de cheyletielles ;
– sur les oreilles, le coude ou au niveau du bouton de gale pour les Sarcoptes ;
– sur les membres ou les oreilles pour les Thrombicula. Pour cette recherche de parasites, le condenseur du microscope est descendu et le diaphragme doit être fermé.
Certains laboratoires proposent un test sérologique pour le diagnostic de la gale en recherchant les anticorps antisarcoptes. Ce test présente une sensibilité de 94 % et une spécificité de 93 %. La valeur prédictive négative est de 99,8 % : si le test est négatif, le diagnostic est infirmé. Cependant, la valeur prédictive positive est de 33 % : dans deux cas sur trois, un résultat positif est un faux positif.
Les valeurs prédictives des tests dépendent de la prévalence de la maladie : une sérologie “gale” réalisée lors d’une forte suspicion est couronnée d’une bonne valeur prédictive positive, mais lorsqu’elle est effectuée hors d’un contexte favorable, cette valeur est mauvaise.
Il n’existe actuellement aucune preuve scientifique de l’intérêt du dosage des immunoglobulines E (IgE) alimentaires pour le diagnostic d’allergie. Seul le test de restriction alimentaire est valable pour déterminer si une protéine est responsable de troubles cutanés. Ce régime, strict à 100 %, pendant deux mois et fondé sur l’alimentation habituelle de l’animal, doit être bien expliqué au propriétaire. L’objectif est de proscrire les sources de protéines des régimes alimentaires antérieurs. Le praticien choisit une alimentation industrielle ou ménagère, sans preuve scientifique pour favoriser l’une ou l’autre, selon le propriétaire et son animal afin d’assurer la meilleure observance possible. L’épreuve de provocation confirme l’origine alimentaire des troubles cutanés.
Le diagnostic de la dermatite atopique est clinique : il n’existe pas de test pour cette maladie. Les critères diagnostiques sont nombreux : un prurit sur les extrémités, les membres, les pavillons et les lèvres, des otites récidivantes, des inflammations au niveau des plis secondaires.
Il ne semble pas y avoir de différence de résultat entre les intradermo-réactions (IDR) et la recherche d’IgE. Cette dernière identifie uniquement les allergènes potentiellement impliqués au regard de l’anamnèse, de la saison et de la région, et après un diagnostic de dermite atopique. Ces tests présentent cependant beaucoup de faux positifs : dans une population saine, de nombreux individus sont sensibilisés, sans montrer pour autant d’allergie. En cas de non-amélioration à la suite du traitement, il convient de réaliser soit des IDR, soit des tests allergologiques en vue d’une désensibilisation associée à des mesures qui suppriment les allergènes de l’environnement.
La biopsie doit concerner le derme et l’hypoderme, retiré précautionneusement, sans l’écraser. La principale source d’erreur réside dans un mauvais choix des zones prélevées. Il convient en effet de rechercher la lésion primaire. L’interprétation du résultat histopathologique ne peut être réalisée qu’à la lumière du diagnostic clinique et de l’énoncé des suspicions étiologiques.
Les dosages hormonaux ne sont réalisés qu’au regard d’un bilan clinique et d’hypothèses diagnostiques. Par exemple, celui des hormones thyroïdiennes chez le chien est difficile à interpréter, présente de nombreux faux positifs, de grandes variations selon les races, les traitements en cours et les maladies intercurrentes. L’hypothyroïdie est une maladie générale qui se caractérise avant tout par une léthargie, une faiblesse musculaire, une inactivité, en association avec d’autres symptômes. En l’absence de signes d’appel, la valeur prédictive positive du dosage des hormones thyroïdiennes est faible. Ainsi, une valeur de T4 basse chez une jeune chienne certes alopécique, mais qui ne présente pas d’atteinte de l’état général et reste active et joueuse, ne permet pas de conclure à une hypothyroïdie.
Dans la recherche des causes de prurit, l’anamnèse des conditions d’utilisation des antiparasitaires externes doit être particulièrement rigoureuse. Il faut s’interroger sur la molécule, la technique d’application précise, l’association à des shampoings, aux traitements des congénères et de l’environnement, à leur fréquence exacte, etc. En outre, la présence de lésions sur les propriétaires oriente souvent le diagnostic.
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