Entretien avec Mireille Deray (T 84)
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SANTÉ ANIMALE
La rage a été diagnostiquée chez un chaton importé du Maroc et mort à Argenteuil le 28 octobre1. Les pouvoirs publics ont aussitôt mis en place une vaste enquête pour recenser les personnes et les animaux susceptibles d’être entrés en contact avec le chaton enragé, dans le but de protéger la population, mais aussi d’éviter les euthanasies massives chez les carnivores (moins de 20 réalisées). Notre consœur Mireille Deray revient sur les coulisses de l’enquête.
Une enquête s’est attachée à définir des périmètres géographiques et à y établir le statut des animaux. Dans le premier périmètre défini (1 km), les mouvements des carnivores domestiques sont limités pendant six mois. Dans le même temps, un périmètre d’investigation2 plus restreint, autour de la rue Marguerite (où réside la famille d’accueil du chaton), a été délimité pour se focaliser sur les personnes entrées en contact avec l’animal enragé (une vingtaine, toutes prises en charge par un centre antirabique) et mener une enquête épidémiologique fine chez les carnivores domestiques.
Il s’agissait de classer les carnivores du périmètre d’investigation en trois catégories : animal contaminé, éventuellement contaminé, et non contaminé par la rage. Un arbre décisionnel a ensuite été appliqué selon leur statut afin de définir leur devenir3. C’est la première fois que cette réglementation de 2011 est mise en application en France.
Plusieurs équipes ont fait du porte à porte pendant et en dehors de leurs heures de travail, afin de contacter chaque habitant du quartier. Pour ce travail de grande ampleur, des renforts ont été fournis par les directions départementales de la protection des populations (DDPP) voisines. Pour chaque foyer détenant des carnivores domestiques, un questionnaire a été renseigné afin d’identifier les animaux en leur possession (espèce, race, âge, sexe, numéro d’identification), de connaître leur statut vaccinal au regard de la rage et leurs habitudes de vie (sorties libres à l’extérieur, dans le jardin, en laisse, pas de sortie, etc.). Le cas échéant, des preuves objectives ont été demandées pour vérifier où se trouvaient leurs animaux entre le 21 et le 24 octobre, intervalle de temps pendant lequel la trace du chaton dans le quartier de la rue Marguerite a été perdue.
Lorsque les personnes n’ont pu être contactées par le porte à porte, un courrier a été déposé dans leur boîte aux lettres leur demandant de prendre contact avec la DDPP. Certaines ont pu être jointes par téléphone.
Il a été demandé aux habitants du quartier de conserver leurs animaux chez eux pendant une période de 15 jours pour permettre de capturer les animaux errants. Ceux-ci ont été conduits en fourrière. Ceux qui ont été réclamés par leur propriétaire leur ont été restitués pour subir le recensement, comme expliqué précédemment. Les autres sont laissés sous surveillance 15 jours, afin de vérifier si, en développant ou pas des symptômes de rage pendant ce délai, ils étaient ou non excréteurs du virus rabique au moment de leur capture. À l’issue de cette période de surveillance, et en l’absence de réclamation par un propriétaire, ils sont euthanasiés.
Quelque 400 foyers ont été répertoriés, dont un certain nombre demeurent en attente d’informations (le statut des animaux les plus proches des lieux connus de circulation du chaton a été étudié en priorité). Environ 140 carnivores domestiques sont recensés à ce jour.
L’objectif de cette enquête est d’éviter des euthanasies massives. Elles ne sont pratiquées qu’en cas de contact avéré ou de probabilité élevée de contact des animaux non vaccinés avec le chaton enragé (une dérogation est possible si le vaccin est valide4). Des cas particuliers peuvent apparaître, qui sont traités individuellement (par exemple retard du rappel vaccinal). À ce jour, moins de 20 euthanasies ont été décidées, et une centaine d’animaux devraient être mis sous surveillance pendant six mois (séquestration à leur domicile, quatre visites vétérinaires de surveillance, interdiction de la vaccination antirabique, identification si elle n’est pas effective).
Il est envisagé que l’État prenne en charge les coûts et l’organisation des visites de surveillance dans le cadre des mesures de police sanitaire (l’identification des animaux non identifiés restera à la charge des propriétaires). Une nouvelle opération de trappage d’animaux errants, qui n’auraient pas été capturés lors de la première vague, est également à l’étude.
1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1559 du 8/11/2013 en page 17.
2 Le périmètre d’investigation et les actions qui y sont entreprises sont définis dans un arrêté préfectoral en date du 13/11/2013.
3 Arrêtés ministériels du 9/8/2011, particulièrement l’article R. 223-25 du Code rural et de la pêche maritime.
4 Voir aussi l’article en page 12 de ce numéro.
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