Incontinence urinaire et toux de chenil

Pascale Ducluzaux considère la phytothérapie comme l’un des outils thérapeutiques à la disposition du vétérinaire. Elle prescrit des médicaments conventionnels lorsque le cas le nécessite, sans contrariété. Son expérience l’amène toutefois à recourir exclusivement aux plantes dans des contextes de plus en plus variés, avec des résultats étonnants comme dans les cas de Cannelle (incontinente urinaire) et de Cogane (atteinte de toux de chenil).

Sauge et houblon contre l’incontinence

Cannelle est une chienne croisée boxer de onze ans, stérilisée à l’âge de trois ans. Elle est présentée à la consultation le 3 janvier 2013. Depuis environ trois mois, ses maîtres ont remarqué quelques gouttes d’urine le matin, sur le coussin où elle dort. Et durant les dix derniers jours, elle a émis deux grosses flaques d’urine en dormant. Elle présente même parfois des fuites urinaires alors qu’elle est vigile et assise.

L’examen général ne révèle aucune anomalie. Il n’est pas décrit de polyuro-polydipsie et l’examen urinaire est normal. Une incontinence de castration est alors fortement suspectée.

Un traitement à base de phytothérapie est mis en place : un mélange de sauge et de houblon est prescrit, à raison d’une administration par jour pendant vingt jours. En effet, ces plantes possèdent des composés qui peuvent être qualifiés de phyto-œstrogènes, principalement du fait de leur analogie structurelle avec les œstrogènes. À la suite du traitement, la chienne ne présente plus de fuites urinaires. Une rechute est toutefois constatée trois mois plus tard, en avril. Le traitement est alors renouvelé et l’amélioration est à nouveau complète. La chienne, revue en octobre pour un rappel vaccinal, soit six mois après le dernier traitement, est totalement continente. Les propriétaires sont conscients que des rechutes peuvent survenir, mais sont prêts à y faire face.

Toux de chenil traitée sans antibiotiques

Cogane est une chienne reproductrice berger australien de cinq ans, dans un élevage de taille moyenne. Elle présente, le 3 octobre dernier, une toux quinteuse et rauque, déclenchée à la pression du larynx. L’auscultation laisse entendre des bruits respiratoires augmentés, mais pas de râles pulmonaires. La chienne s’est entraînée à la truffière dix jours auparavant, après le passage de chiens de chasse. Ces derniers jours, de nombreux cas de toux de chenil ont été déclarés dans les environs. Le diagnostic de toux de chenil est établi.

Les jeunes de l’élevage qui n’ont pas de contact avec la chienne sont vaccinés en urgence. Cogane, elle, reçoit un mélange de réglisse, à l’action anti-inflammatoire, d’échinacée, un stimulant de l’immunité, et de desmodium, pour son effet sur les spasmes trachéo-bronchiques. Elle est traitée trois fois par jour. En effet, lors d’affection aiguë, la fréquence d’administration est capitale, avec des doses réduites.

Deux jours plus tard, les épisodes de toux s’espacent un peu. Ils sont moins violents, mais l’auscultation révèle quelques râles bronchiques, et la chienne semble vouloir cracher quand elle tousse. Son état général est bon ; elle mange et reste vive. Un autre mélange est administré en alternance : radis noir (qui fluidifie les sécrétions bronchiques et stimule l’expectoration) et pin sylvestre (pour son action antibactérienne), deux fois par jour, comme pour l’autre mélange.

L’état de Cogane reste stationnaire environ trois jours. Puis, les quintes de toux se font exceptionnelles. Elle ne crache plus au bout d’environ sept jours. Après douze jours, la chienne ne présente donc plus de symptômes. En parallèle, les autres chiens de l’élevage qui commencent à tousser sont traités par homéopathie et, pour certains, un mélange réglisse-échinacée-pin sylvestre-radis noir. Tout rentre dans l’ordre en dix jours, sans antibiotiques ni anti-inflammatoires stéroïdiens, comme il est souvent d’usage.