« Prescrire parce que « ça marche » ne me suffit pas »

Devant les succès thérapeutiques de ma pratique de la phytothérapie, je suis convaincue qu’il s’agit d’une discipline d’avenir. » C’est un concours de circonstances qui amène Isabelle Lussot à s’intéresser à la phytothérapie. La formation qu’elle suit en ostéopathie est le cadre d’une rencontre avec Pierre May¹. « Son enthousiasme et sans doute ma réceptivité personnelle m’ont donné envie d’aller plus loin et j’ai progressivement acquis une solide connaissance de cette médecine. » La phytothérapie fait désormais partie intégrante de sa pratique qui exclut tout recours aux médicaments conventionnels. « Mes clients sont demandeurs et ils sont en général avertis des vertus des plantes médicinales. Cela m’a aussi poussée à me documenter précisément. »

Un manque d’études frustrant

Rationnelle, Isabelle Lussot regrette le caractère encore empirique de la phytothérapie vétérinaire. « Je suis une scientifique et j’ai besoin de comprendre le mode de fonctionnement des produits que je prescris, quelle que soit leur nature. Argumenter que “ça marche” n’est pas suffisant. » Ses recherches bibliographiques la passionnent. « L’Institut européen des substances végétales² est une mine d’informations et une plate-forme d’échanges enrichissante. Mais si nous bénéficions des nombreuses données issues de l’expérience humaine, l’application chez l’animal n’est pas suffisamment documentée. »

Notre consœur déplore également l’absence d’informations précises sur la composition et l’efficacité des multiples produits de phytothérapie disponibles dans le commerce. « L’idéal serait de disposer d’études cliniques robustes. Mais ce n’est pas nécessairement dans l’intérêt des laboratoires, qui n’ont aucun droit de propriété sur les plantes utilisées comme matières premières. »

Investie au sein de l’Association vétérinaire équine française (Avef), Isabelle Lussot mène différents projets pour étoffer les connaissances scientifiques de la phytothérapie équine : coordination de thèses d’exercice vétérinaire, recueil de cas, etc. « Nous ne sommes certainement qu’à l’aube de la phytothérapie vétérinaire. »

• 1 Pierre May est praticien à Faverges (Haute-Savoie) et enseignant en phytothérapie.

• 2 www.iesv.org