Divergences critiques

La confusion règne dans la notion d’antibiotiques critiques. D’ailleurs, la lutte contre l’antibiorésistance ne saurait se limiter à ces molécules. En médecine humaine comme chez l’animal, il existe plusieurs listes d’antibiotiques critiques évolutives¹. Comme les critères de criticité diffèrent, elles ne sont pas vraiment similaires. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) vient d’en publier une² sur la demande de la Direction générale de la santé (DGS) qui vise à encadrer, à terme, l’usage des antibiotiques humains. Elle va au-delà des deux classes habituellement citées pour les vétérinaires : les céphalosporines de 3^e et 4^e générations, et les fluoroquinolones. Du côté des animaux, l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) a établi une liste évolutive, dont la dernière version remonte à mai 2013. Pour la France, il n’y a pas aujourd’hui de “liste officielle” des antibiotiques critiques vétérinaires. Le plan ÉcoAntibio a prévu, dans sa mesure 25, « d’établir la liste des antibiotiques critiques dont il faut prioritairement préserver l’efficacité pour l’homme »³ et dont il conviendrait de réduire davantage l’usage chez les animaux. La liste de l’ANSM, dressée par des médecins pour des médecins, influencera-t-elle celle des vétérinaires ?

Sans doute. Mais il ne peut pas être non plus question de la reproduire à l’identique sans tenir compte de la santé animale, et de son impact sur la santé humaine. Seule certitude, le slogan « moins et mieux » va nous pousser à adopter de nouveaux réflexes d’antibiothérapie. La petite industrie du diagnostic n’a jamais été autant au cœur du potentiel de développement de l’économie du secteur.

La question des antibiotiques critiques vétérinaires a aussi été posée au niveau européen à l’agence du médicament (humain et vétérinaire). Réponse en juin 2014.

• 1 Voir en pages 27 à 29 de ce numéro.

• 2 Retrouvez la liste exhaustive sur www.ansm.sante.fr.

• 3 http://agriculture.gouv.fr/Les-40-mesures-du-plan