Que retiendrez-vous de 2013 ?

Des vétérinaires qui manifestent pour rappeler leur rôle

Christophe Deforet, praticien en canine à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne)

Je retiendrai surtout la manifestation des vétérinaires. Elle a montré la grande solidarité d’une profession souvent taxée d’individualisme : on y a vu des spécialistes, des confrères non concernés par la vente de médicaments. Cette année, on a beaucoup parlé des remises des laboratoires, du découplage, de la distribution, etc. Mais que des vétérinaires manifestent pour rappeler leur rôle dans le cadre de la santé animale, c’était nouveau. Ils ont su montrer qu’ils n’accepteront pas tout ce que l’on veut leur imposer.

2013 a aussi été marquée par l’organisation de nombreux congrès en canine. L’apparition de manifestations comme Best of Vétérinaire ou France Vet, moins onéreuses que celle de l’Afvac, ont changé la donne de la formation continue. Ces nouveaux organismes, en amenant des conférenciers différents, ont réussi à innover et à élargir l’offre de formations. Enfin, en dépit des craintes que nous pouvions avoir au regard de la crise, 2013 est une année où la fréquentation de la clientèle a augmenté dans notre structure, ce qui est plutôt rassurant.

Un coup de frein dans l’usage des antibiotiques

Aurélien Delfaud, praticien en équine et en rurale à Malestroit (Morbihan)

Pour moi, le point essentiel de 2013 aura été le plan de lutte contre l’antibiorésistance. Les lignes ont vraiment bougé. Le plan d’actions s’est précisé. En rurale, en équine ou dans l’industrie, nous sommes devenus extrêmement prudents sur l’utilisation des molécules critiques. La difficulté reste de faire passer le message aux éleveurs. En réaction, certains, par crainte de ne plus obtenir l’arsenal nécessaire pour soigner leurs animaux, ont envisagé de constituer des réserves ! Il a donc fallu expliquer et montrer les possibilités de substitution pour les rassurer. Finalement, nous avons réussi à limiter la délivrance pour les vaches laitières, les veaux de boucherie, les volailles, etc. La communication portée par l’ensemble des acteurs de la filière finit par porter ses fruits.

L’autre point qui m’a réchauffé le cœur, c’est la forte mobilisation lors de la manifestation parisienne face au risque de découplage partiel. À voir les rues pleines de vétérinaires, nous étions bien plus que les 2 000 attendus. Dans une profession qui a plutôt tendance à voir l’autre comme son meilleur ennemi, c’est réconfortant.

Enfin, affilié au réseau Cristal, j’ai été marqué par la réussite des journées “métiers” du groupe, que l’on pouvait craindre sans substance. Mais aussi par l’étonnante masse de paperasses administratives nécessaire à l’ouverture de notre seconde clinique, à Saint-Jean Brevelay, en février dernier !

La restructuration de notre groupe

Michaël Silber, président de FamilyVets

Dans le cadre du développement du groupe Family­Vets, 2013 aura été une année de prise de conscience de la place prépondérance des vétérinaires dans notre business model.

Cette année nous a donc permis de prendre du recul sur un modèle jusqu’ici fondé sur la coentreprise et l’association. Alors que nous étions ouverts aux jeunes générations, nous allons donc évoluer vers un modèle plus intégré, nous séparer des participations minoritaires et limiter les associations. Nous nous sommes aperçus que, sans partager le même intérêt, sans épouser la même problématique et sans aller dans le même sens, le pilotage du groupe devenait trop complexe. Nous avons mené un gros travail d’identification des motivations des jeunes vétérinaires. S’ils partagent les intérêts d’un groupe quand tout va bien, lorsque des situations plus complexes surviennent, il faut des heures de négociation et de persuasion pour les convaincre. Ce que l’on ne ressentait pas avec les anciennes générations. Chaque prise de décision est impossible. Tout comme la direction d’un groupe dans ces conditions. Alors, faute de retrouver la reconnaissance et le retour sur investissement escompté, nous préférons faire évoluer notre modèle économique vers des collaborations libérales. Depuis quelques semaines, nous avons engagé ce processus de restructuration. Pour repartir sur des bases saines en 2014.