OGM, tumeur ou pas : quand publication n’est pas preuve

L’équipe du P^r Gilles-Éric Séralini (université de Caen) a rapporté, en 2012, une évaluation du risque potentiel de la lignée de maïs NK603 tolérante à l’herbicide Round­Up® dans la revue Food and Chemical Toxicology¹. Les rats consommant le maïs ou le RoundUp® ou du glyphosate présentaient de nombreuses tumeurs, confirmant, selon les auteurs, les effets délétères de cet organisme génétiquement modifié (OGM). Or la revue a demandé à l’auteur principal le retrait de cette étude controversée². En effet, de nombreuses critiques ont été formulées par des experts et des scientifiques. La plus importante concerne l’analyse statistique des résultats. Les données publiées ne permettent pas de mettre en évidence une différence significative entre les rats qui ont subi les différents traitements et ceux qui appartiennent aux lots contrôle.

Cela démontre qu’en dépit d’un processus de publication rigoureux par la revue, limitant le risque de voir publier un article dont les conclusions vont au-delà des résultats expérimentaux, ce processus est faillible. Les auteurs ont refusé de retirer leur article, ce qui a conduit l’éditeur en chef à procéder à son retrait d’office.

Compte tenu de la médiatisation donnée par les auteurs à leurs travaux, cette polémique et ses conséquences pourraient discréditer les études portant sur l’évaluation des risques associés aux OGM et, d’une façon plus générale, affecter les liens de confiance entre les scientifiques et la société.

• 1 G.E. Séralini et coll. Food and Chemical Toxicology, 2012, 50: 4221-4231.

• 2 A. Wallace Hayes, editor in chief food and chemical toxicology. Lettre au Pr Séralini du 19/11/2013. Libération-Biologie et Santé 02/12/2013 Sylvestre Huet.