Formation
ÉQUIDÉS
Auteur(s) : Marine Neveux
Conclure qu’un cheval doit être déferré ou ferré est une décision difficile à prendre, car chaque cas est particulier. Plusieurs professionnels et vétérinaires ont échangé sur ce sujet et témoigné de leur expérience1.
Jean-François Senet, driver, a l’habitude d’utiliser des trotteurs non ferrés2. L’approche est progressive. « En règle générale, les premières courses se courent avec des chevaux ferrés, explique-t-il. Quand vous avez un bon cheval qui court ferré, il peut être en concurrence avec les autres chevaux jusqu’à un certain stade. Ensuite, quand il commence à être en dessous de ses adversaires, le déferrage peut être testé pour tenter d’améliorer ses performances. Souvent, cela marche bien la première fois, grâce à un effet de surprise qui fait que le cheval, allégé, va plus vite. En effet, en fin de parcours et avec la fatigue, les chevaux commencent à s’accrocher, donc le fait de les déferrer leur permet de mieux trouver le passage. »
À quelle fréquence ce driver déferre-t-il alors ? « Tous les chevaux sont différents, c’est à l’entraîneur de se rendre compte de ce qui leur convient le mieux. » Certains peuvent être déferrés de huit jours à quelques mois entre les courses. Tout dépend aussi de la qualité des pistes : les terrains en herbe ou en sable usent peu les sabots, alors que d’autres sont plus abrasifs.
Enfin, certains chevaux tolèrent bien le déferrage la première fois grâce à l’effet de surprise, mais à la course suivante, ils vont moins l’accepter, jusqu’à raccourcir l’allure et ne plus trouver leur équilibre. « Dans ce cas, il est préférable de revenir au ferrage. L’autre alternative est de permettre au cheval de retrouver son équilibre en ajoutant du poids, avec des cloches ou des clous en pince. À nous aussi d’adapter la gestion en fonction des pistes », conclut Jean-François Senet.
Antoine Corona, maréchal-ferrant, explique qu’en règle générale, « il ferre surtout des chevaux de selle, qui sont pieds nus jusqu’à l’âge de trois ans ». Lors des concours de saut d’obstacles, en dressage et en complet, « c’est assez rare de voir des chevaux déferrés, sauf derrière en dressage chez les jeunes ». Pour les chevaux de club, cela dépend bien entendu des terrains.
Jean Teulère, l’un des meilleurs cavaliers français en concours complet, témoigne qu’avec l’incertitude sur la qualité du sol, « il est impossible de se passer de fer, car on a besoin de crampons. Les tournants secs imposent aussi une ferrure pour éviter les glissades, sinon, le cheval perd du temps et des places au classement ».
Les ferrures kinésithérapiques sont particulièrement utiles. Comme l’incidence du parage peut être essentielle chez le pur-sang en croissance, il est parfois nécessaire de rectifier les aplombs du poulain précocement avec des fers adaptés, des résines.
Il ne serait pas non plus envisageable de gérer un syndrome naviculaire sans fer orthopédique. « Les tendinites du fléchisseur superficiel et du suspenseur peuvent être laissées sans fer au départ », modère toutefois notre consœur Virginie Coudry (Cirale).
« Parfois les pieds des poulains sont très courts, avec peu de matière. Faut-il coller de la résine ? », s’interroge notre confrère Michel Péchayre, praticien à Lamorlaye (Oise). « Aujourd’hui, les matériaux de résine en polyuréthane nous permettent de faire des applications plus facilement, même sur des petits pieds, explique Antoine Corona. Mais les températures liées à ce type de résine vont jusqu’à 60 °C. Sur un pied de poulain, c’est donc chaud ! Il ne faut pas le faire seul, et il est préférable de solliciter un vétérinaire. Malgré tout, collage, résinage et application de chaussons fonctionnent bien chez le poulain. »
Jean Teulère accorde beaucoup d’importance aux soins quotidiens, et notamment à un curage fréquent des pieds. « Les aplombs sont surveillés, tout comme la ferrure. Car chez un cheval ferré toutes les quatre semaines, la pince est susceptible de partir. On évite aussi de le doucher trop, etc. »
Jean-François Senet tente d’apporter un maximum de confort de ferrure à ses trotteurs : « Le déferrage est anticipé pour que le cheval soit le plus confortable possible sans fer. Lors de la dernière ferrure, il est demandé au maréchal-ferrant de ne pas trop couper la corne. Je peux ajouter des plaques aussi pour prévenir les douleurs sur la sole ou sur la fourchette au moment du déferrage. Les plaques permettent en outre de limiter l’usure à l’entraînement. En utilisant un minimum de clous, le pied est moins fragilisé et sa sensibilité moins sollicitée. Car quand on déferre et ensuite qu’on réfère, il ne faut pas que la corne éclate. »
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