Entre nous
VOUS AVEZ LA PAROLE
Auteur(s) : Marie-Pierre Puech
Fonctions : praticienne dans l’Hérault
La brucellose est réapparue en Savoie, avec l’ouverture d’une discrète chasse aux séropositifs. Voici, comme un devoir de mémoire, l’histoire de l’éradication de cette zoonose à la fin du xxe siècle retracée par une consœur des Cévennes, active dans cette affaire sanitaire entre santé publique, santé animale et santé économique des territoires du sud de la France.
La brucellose, une zoonose très dangereuse présente jusqu’à l’orée des années 2000 dans tout le sud de la France sous une ligne Bayonne-Genève, transmise par les petits ruminants, a disparu en moins de 15 ans grâce à l’excellence d’une vaccination ciblée des animaux domestiques à risque (brebis transhumantes issues des cheptels mélangés de par leurs modes obligatoires de pâturages, estive ou hivernage). La vaccination conjonctivale (une goutte dans l’œil1, une seule fois dans la vie) des agnelles de l’ensemble des troupeaux ovins transhumants du sud de la France a rapidement eu raison de cette maladie grave, pour laquelle les médecins cherchaient sans trouver, depuis des années, une vaccination humaine efficace.
Douze ans après l’éradication historique de cette endémie humaine et animale du territoire français, la brucellose montre de nouveau le bout de son nez en Savoie, avec trois cas humains (dont deux enfants d’éleveurs). Pour protéger la population de ce secteur et la filière économique du reblochon2, l’administration a choisi le suivi sérologique global des troupeaux, l’abattage des bovins séropositifs, mais désormais aussi d’une partie de la faune sauvage de montagne, désignée comme maillon faible et réservoir, car en contact avec ces bovins l’été. Ainsi, 200 bouquetins ont été tués en octobre 2013, et d’autres tirs sont prévus.
Comment oublier ce qui a fait disparaître en si peu d’années cette maladie infectieuse humaine séculaire (connue depuis plus de 400 ans), grave, débilitante, parfois chronique, et qui ne peut se soigner chez l’homme qu’avec un lourd traitement antibiotique ? Plus encore en cette période d’inquiétude sur l’antibiorésistance en santé publique, comment oublier l’efficacité sur la santé humaine, dans la moitié sud de la France, d’une vaccination des seuls animaux domestiques à risque ? La santé publique et la sécurité sanitaire ne semblent pas entendues comme elles le devraient dans la balance commerciale de la France, longtemps à l’écoute de la seule santé économique des entreprises agro-alimentaires exportatrices. Les politiques publiques françaises en faveur du commerce international s’éloigneront-elles de l’enjeu, pourtant essentiel, de la santé de ses populations ? Un éclairage est nécessaire en 2014, au moins pour les jeunes générations de vétérinaires comme de gestionnaires de nos territoires. Avec de bonnes nouvelles, pour une fois…
Avant cette vaccination qui s’est avérée si vite excellente, les animaux à risque contagieux (séropositifs, douteux, ayant avorté, atypiques, etc.) étaient tués et des vaccins animaux inefficaces étaient utilisés. On commençait à suspecter cerfs, sangliers et chevreuils, sans jamais voir s’arrêter l’endémie brucellique méditerranéenne qui a continué, jusqu’en 1986, de poser de graves problèmes de santé publique et économiques (blocage des ventes des fromages au lait cru, interdiction des transhumances, etc.). A-t-on chiffré le coût ? Grâce à une vaccination “douce” expérimentée dans les Cévennes dès 1983, réglementairement harmonisée sur tout le sud de la France en novembre 1993, puis utilisée encore aujourd’hui partout dans le monde où elle est encore requise, nous avons acquis, en moins de 15 ans, pour un coût impensable, une sécurité sanitaire et une santé inégalées jusque-là. La France déclarée indemne de brucellose en l’an 2000, la maladie humaine et animale ayant disparu, les pouvoirs publics vétérinaires ont décidé l’arrêt de la vaccination animale.
Plusieurs acteurs des Cévennes (éleveurs, vétérinaires, médecins et citoyens) se sont mis au travail cet hiver, à la fois pour montrer et faire connaître l’excellence acquise collectivement sur la santé des hommes et du territoire méditerranéen en matière de brucellose. Collège d’acteurs de l’élevage et de la société, ils sont réunis pour se porter garants ensemble d’une qualité de vie qui leur est chère et dont ils prennent soin depuis 30 ans. De l’agropastoralisme cévenol aux nombreuses productions à faible usage de biocides et à l’écotourisme, en passant par un équarrissage 100 % vertueux à faire connaître, nous y travaillons, continuant de prendre soin de nous tous : des hommes, mais aussi des animaux (domestiques et sauvages) qui y vivent.
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