Formation
PRODUCTIONS ANIMALES/BOVINS
Auteur(s) : Bertrand Losson*, Lorenza Richard**
Fonctions :
*professeur à l’unité de parasitologie-maladies parasitaires de la faculté de médecine vétérinaire de Liège (Belgique)
– En Belgique, la gale psoroptique est endémique chez les bovins.
– Un vide sanitaire de trois semaines est suffisant pour assainir un bâtiment ou une pâture.
– Le projet Psorovis, en Belgique, cherche à déterminer la relation entre la réceptivité à la gale psoroptique et le gène culard.
Récemment, des séries de cas de gale bovine à Psoroptes ont été mis en évidence dans des cheptels allaitants de différents départements français (Saône-et-Loire et Loire-Atlantique, notamment). Les animaux développent rapidement des lésions généralisées surinfectées, très prurigineuses et qui impactent leurs performances (voir tableau). Certains cas pourraient être liés à l’introduction d’un bovin de race blanc bleu belge (BBB) dans le troupeau.
En Belgique, la gale psoroptique est endémique chez les bovins, et notamment chez les BBB. Elle a des conséquences cliniques, économiques, environnementales (par l’emploi d’acaricides) et éthiques (bien-être animal) majeures.
Les lésions provoquées par Psoroptes sont importantes, car il se nourrit d’exsudat inflammatoire dont il doit provoquer la sécrétion. La résistance du parasite en dehors de l’hôte est limitée à 17 jours et le gel est létal. Un vide sanitaire de trois semaines est ainsi suffisant pour assainir un bâtiment ou une pâture. Toutefois, il est nécessaire de veiller aux contacts entre différents troupeaux au pâturage pour prévenir les recontaminations.
Au cours du temps, les classes pharmacologiques disponibles pour traiter la gale psoroptique bovine se sont réduites, avec une prépondérance des lactones macrocycliques, et les génériques actuels contiennent tous de l’ivermectine. Pourtant, des cas d’inefficacité des traitements sont observés chez des BBB en Belgique, avec des taux sanguins normaux d’ivermectine chez les bovins. Pour Bertrand Losson, l’utilisation multiple des lactones macrocycliques, en raison de leur large spectre d’activité, et sous des formulations non optimales (pour-on qui peut être léché, bolus qui libère quotidiennement une petite dose) a pu provoquer des sous-dosages. La pression de sélection ainsi exercée a pu isoler des parasites résistants. De plus, la femelle immature (nymphe) ne se nourrit pas durant l’accouplement et est donc peu sensible au traitement.
Les bovins de race BBB sont particulièrement atteints et l’étiologie de leur sensibilité vis-à-vis de Psoroptes a été recherchée.
Un état immunitaire déficient ne semble pas être un facteur favorisant de l’expression clinique de la gale bovine. Toutefois, les animaux qui développent une gale clinique seraient hypersensibles aux acariens (sorte d’allergie).
De même, une carence en oligo-éléments (cuivre et zinc notamment) ne semble pas avoir d’incidence car, d’une part, des lésions de gale sont observées chez des animaux en carence ou non et, d’autre part, au sein des cheptels indemnes, il n’est pas rare d’observer des carences plus ou moins sévères.
Le profil pharmacologique chez les BBB n’est pas en cause, et il serait même plutôt en leur faveur : les lactones macrocycliques ne seraient ainsi pas moins efficaces dans cette race.
En revanche, le gène culard serait lié à l’expression clinique de la maladie. L’incidence de l’affection peut ainsi augmenter en raison de la sélection des BBB sur le caractère culard. Le projet Psorovis, mis en place en Belgique, cherche à déterminer la relation entre la réceptivité à la gale psoroptique et le gène culard.
De plus, une relation entre la résistance aux acariens et la robe pie noire est suspectée, car les bovins BBB qui possèdent cette robe semblent moins réceptifs à la gale psoroptique.
Toutefois, récemment, des cas graves ont été rapportés dans des troupeaux strictement laitiers, infectés par un taureau BBB, peut-être en raison de la sélection de souches plus agressives, mais cette hypothèse n’est pas encore démontrée.
Ainsi, la gale psoroptique s’exporte, et il est essentiel de respecter certaines règles pour éviter la contamination d’un troupeau.
→ Garder les animaux en confinement avant l’introduction dans le troupeau, durant 21 jours après un traitement par des lactones macrocycliques (les acariens restent viables et transférables durant 15 jours après l’administration du produit) et 30 jours après l’application d’un topique.
→ Traiter avec une spécialité pour laquelle des données sur l’efficacité en conditions de terrain sont disponibles, ce qui n’est pas toujours le cas pour les génériques (principe de la médecine fondée sur les preuves).
→ Suspecter une activité incomplète de la molécule liée à une résistance si l’examen clinique et parasitologique met en évidence des lésions actives et des acariens vivants après le respect de la période de confinement. Dans ce cas, un nouveau traitement, associant deux spécialités, doit être administré, et son efficacité être de nouveau vérifiée.
En outre, la gale psoroptique n’est pas une zoonose, mais l’application des traitements requiert le port de gants et, éventuellement, d’un masque, car certaines personnes peuvent développer une sensibilité à la molécule ou à l’excipient.
Source : conférence présentée lors de la 28e journée technique du GTV Bourgogne à Autun (Saône-et-Loire), le 24/10/2013.
L’équipe de Bertrand Losson pourrait avoir trouvé une méthode alternative à l’emploi d’endectocides pour la lutte contre la gale bovine : Metarhizium anisopliae, un champignon entomophage. La pulvérisation de spores sur les bovins n’a pas d’effet sur eux, en revanche le mycélium pousse à l’intérieur du corps des acariens et les tue. Cette méthode de lutte biologique n’a pas encore fait l’objet d’une publication scientifique, mais l’exploitation de cette idée pourrait être un projet d’avenir.
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