DES VÉTÉRINAIRES EN MISSION AU CONGO

Les jeunes chimpanzés récupérés par Aliette Jamart, la fondatrice de Help Congo, sont soit issus de saisies auprès de braconniers sur des marchés, soit repris à des particuliers qui les ont achetés comme “animaux de compagnie”, soit simplement abandonnés devant une porte. Rapidement, elle est débordée : en 1991, 17 jeunes turbulents vivent chez elle !

Aliette Jamart obtient alors l’aide du gouvernement congolais qui met à sa disposition trois îles. Un long processus se met en marche, visant à réapprendre aux jeunes singes à vivre et à se nourrir dans la nature, à faire un nid pour se coucher, à communiquer avec leurs congénères.

Un protocole de relâcher précis

Pendant des années, Aliette Jamart remue ciel et terre pour atteindre ses objectifs. Scientifiques, biologistes et autres primatologues ne croient pas à la réintroduction en forêt de chimpanzés captifs. Elle parvient pourtant à s’entourer de spécialistes (vétérinaires, botanistes, etc.) et étudie au mieux l’environnement naturel afin d’établir un protocole de relâcher. Au total, sur près de 100 chimpanzés récupérés par Help Congo, 40 vont retrouver la liberté.

Mais depuis 2008, faute de place et pour préserver l’équilibre des groupes existants, l’association ne reçoit plus de jeunes orphelins. Il faudra attendre un prochain relâcher et la libération d’une île pour accueillir de nouveaux pensionnaires. Sans parler des moyens financiers et humains…

Un trafic toujours présent

Le braconnage, la chasse des espèces protégées et le commerce illégal continuent au Congo. Les chimpanzés sont tués pour leur viande, leurs mains et leurs pieds vendus comme trophées ou cendriers. Dans certains pays, comme aux États-Unis, il est toujours autorisé de détenir un chimpanzé comme animal de compagnie. Et prélever des individus pour agrémenter le parc privé d’un millionnaire, certains zoos ou des laboratoires de recherche sont des pratiques qui perdurent.

De son côté, la déforestation s’aggrave. La perte de l’habitat se répercute sur toute la faune : la compétition entre les groupes crée des conflits souvent mortels, l’intrusion des animaux (en particulier les grands singes) dans les villages par manque d’espace et de nourriture entraîne des abattages par les villageois. La présence de Help Congo sur le terrain a cependant permis une réduction massive du braconnage et un repeuplement de la forêt : les bénévoles, lors de leurs sorties en forêt, croisent désormais des gorilles, des éléphants, des buffles, des cercopithèques, etc. Ce n’était pas le cas lors des premières études en 1994.

Bénévoles et vétérinaires indispensables au projet

Pour mener son projet à bien, Aliette Jamart a rapidement ouvert son projet aux bénévoles, qui se succèdent tous comme les vétérinaires. Le plus souvent, un vétérinaire est présent en permanence sur les sites. Il surveille davantage les singes relâchés, car dans la forêt, les risques sont plus grands et la rapidité d’intervention doit être la plus courte possible (en cas d’attaque par des congénères sauvages, par exemple). Toutefois, il n’est pas facile de trouver un passionné prêt à rester des années dans la forêt, même si le vétérinaire est rémunéré et, une fois sur place, nourri et logé ! Les dons et les partenariats permettent également de payer les travailleurs congolais, assurant ainsi leur implication dans le projet. Mais les moyens financiers sont insuffisants et le système du bénévolat, les séjours écosolidaires notamment, représentent une aide indispensable pour la survie de l’association.

• 1 Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1551 du 13/9/2013 en page 9.