Pour Christophe Brard, « les vétérinaires doivent être responsables individuellement, pour la collectivité »

Depuis plusieurs années, la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) met en œuvre de nombreuses initiatives en matière de bonnes pratiques relatives au médicament vétérinaire et à l’antibiothérapie. « En 1999, les journées nationales GTV-Inra à Nantes avaient pour thème “l’antibiothérapie et l’antibiorésistance”, rappelle son président, Christophe Brard. À la suite de ce congrès, une plaquette sur l’antibiothérapie en productions animales a été adressée aux praticiens. En 2003, un guide de bonnes pratiques du médicament vétérinaire offrait un support opérationnel aux confrères. Une réactualisation de cet ouvrage est en cours, ainsi que son adaptation informatique qui permettra d’autoévaluer sa structure d’exercice professionnel. En 2009, nous avons conçu un guide de bonnes pratiques de l’antibiothérapie. Plus récemment, nous nous sommes impliqués dans le plan ÉcoAntibio 2017, forts du travail engagé par nos commissions techniques relatives aux recommandations de prescription par filière et par maladie. Un premier lot de fiches réalisées par la SNGTV, adressé à l’Anses pour relecture, sera mis à la disposition des vétérinaires dans l’année. »

Plusieurs outils actualisés

En outre, notre confrère rappelle que les praticiens ont d’ores et déjà plusieurs outils à leur disposition.

> GTV partenaire, le référentiel de traitement des mammites, vient d’être remis à jour avec une prise en compte accrue de la thématique “antibiorésistance”.

> Vetélevage® (registre numérisé des traitements partagé entre l’éleveur et le vétérinaire) et ses modules associés Vetestel® (analyse technico-économique des données sanitaires) et Vétoexpert® (expertise en nutrition, reproduction, mammites, qualité du lait, boiteries) permettent un meilleur suivi de la prescription et de l’utilisation des médicaments. Quelque 300 praticiens les utilisent déjà.

> En 2010, à la suite des journées nationales des GTV de Lille consacrées à l’antibiothérapie, tous les adhérents ont reçu des fiches intitulées « antibiothérapie chez les bovins ».

> Le Bulletin des GTV traite régulièrement de l’antibiothérapie et de l’antibiorésistance chez les diverses espèces (dossiers spéciaux, articles).

Des sessions dédiées aux bonnes pratiques

Les formations proposées par la SNGTV contribuent à promouvoir les bonnes pratiques en matière de médicament vétérinaire et d’antibiothérapie. Celles réalisées dans le cadre de la formation continue au mandat sanitaire abordent la relation entre la pharmacie vétérinaire et la santé publique d’une part, l’antibiorésistance et la pharmacovigilance d’autre part. Le thème des journées nationales des GTV 2014, qui se dérouleront à Reims en mai prochain, portera sur les examens complémentaires en tant qu’atouts du diagnostic et de la prescription raisonnée. Lors de ce congrès, l’atelier dédié au plan ÉcoAntibio 2017 se focalisera sur les bonnes pratiques en antibiothérapie vétérinaire.

Plusieurs formations destinées aux éleveurs sont également proposées aux praticiens : le module « identifier et maîtriser l’antibiorésistance dans son élevage », adapté aux différentes espèces, permet aux exploitants d’identifier les points à risque dans leurs pratiques et d’acquérir une méthodologie pour les maîtriser.

Enfin, la SNGTV est engagée dans les actions de filières qui visent à promouvoir l’usage raisonné des antibiotiques, comme une charte interprofessionnelle de bon usage des traitements médicamenteux en élevage cunicole, ou encore un consensus sur l’utilisation des céphalosporines en élevage porcin.

Une démarche collective

« Tout ne s’arrête pas aujourd’hui parce que le gouvernement a retiré le projet de découplage pour les antibiotiques critiques, développe Christophe Brard. Plus que jamais, les praticiens doivent être responsables individuellement pour la collectivité des vétérinaires, au service de la santé publique. » Et de conclure : « Cela fait des années que nous militons pour le respect des bonnes pratiques. L’objectif n’est pas de s’imposer des contraintes, mais de sécuriser notre double rôle de prescripteur et de dispensateur du médicament vétérinaire. Fort heureusement, nous avons anticipé les évolutions auxquelles nous sommes confrontés, car si nous devions lancer tous ces chantiers aujourd’hui, ce serait trop tard… »