ANIMAUX DE COMPAGNIE ET PRATIQUE VÉTÉRINAIRE EN ÉGYPTE - La Semaine Vétérinaire n° 1575 du 07/03/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1575 du 07/03/2014

Reportage

Auteur(s) : Fanny Pandolfi

Ces dix dernières années, les cliniques vétérinaires se sont multipliées en Égypte. La possession d’animaux de compagnie n’est plus l’unique privilège de la classe la plus aisée. Les propriétaires deviennent de plus en plus attentifs aux facteurs environnementaux susceptibles d’affecter la vie de leur animal. Ainsi, la nouvelle génération encourage l’essor de la profession vétérinaire. Au début des années 2000, les traitements étaient encore typiquement symptomatiques. Aujourd’hui, le rapport aux analyses complémentaires a profondément changé et l’équipement des cliniques se renforce.

En Égypte, les jeunes vétérinaires salariés perçoivent de faibles salaires, ce qui les pousse parfois à créer précocement leur propre structure. Néanmoins, à la sortie de l’université, beaucoup développent leurs compétences pratiques grâce à leur engagement dans des associations.

Dans la capitale, les réseaux de cliniques ont pris leur essor. L’exemple de Petzone1, ouvert en 2005 au Caire, représente une innovation par le couplage de l’activité médicale à d’autres services liés aux animaux (animalerie et éducation canine). L’article 13 du Code de déontologie2 en France interdit cette superposition d’activités, susceptible d’engendrer une concurrence déloyale. Une plus grande liberté d’entreprenariat en Égypte a permis l’association de ces services. Ses créateurs y ont vu la possibilité d’entourer plus professionnellement la vente d’animaux, qui s’effectue dans des conditions sanitaires et de bien-être catastrophiques dans beaucoup d’animaleries. Quant à la pratique en référé, elle est encore inexistante dans le pays, mais certains praticiens possèdent des spécialisations et l’échange de savoir-faire se développe au niveau local.

La condition animale mieux prise en compte

La nécessité d’informer a germé dans la conscience des plus jeu­nes praticiens, qui ont compris l’importance de ce défi pour faire évoluer leur profession. L’utilisation des médias sociaux sert régulièrement aux messages de prévention ou aux communications commerciales.

En moins de dix ans, le nombre de sociétés protectrices des animaux a énormément augmenté, signe de la prise de conscience de la condition animale. Il reste néanmoins une population incontrôlée d’animaux errants, chiens et chats, qui constituent un risque sanitaire en entretenant la présence du virus de la rage, endémique en Égypte. Les cas suspects sont euthanasiés et de nombreux traitements prophylactiques humains sont administrés.

Le bien-être, un thème qui fait son chemin

Une multitude d’initiatives et d’opinions existent à propos du bien-être animal, de la plus extrême à la plus scientifique. Ami­na Tharwat Abaza, fondatrice et présidente de la Society for Protection of Animal Rights in Egypt (Spare), porte un regard intransigeant sur la gestion des animaux dans son pays : « J’ai créé cette association avec mon mari Raouf Mishriki parce que la condition des animaux errants en Égypte est mauvaise, surtout en raison d’un manque d’éducation. Les obstacles sont le manque de connaissances du concept de protection animale et, surtout, la législation encore insuffisante. Tant qu’il sera possi­ble de maltraiter impunément, la cruauté envers les animaux ne cessera pas. Les chiens et les chats errants sont empoisonnés, avec de la strychnine. Le comble, c’est que les personnes en charge de cet acte sont de jeunes vétérinaires qui ont fait des études pour soigner les animaux, pas pour les tuer par le poison. » Bien que certains restent insatisfaits, le bien-être animal est devenu un sujet important en Égypte. Des ateliers de travail débattent de son introduction dans la législation, et ce thème est pris en compte au niveau de la recherche.

D’autres associations existent, comme Vets for the Ethical Treatment of Animals (Veta3) ou l’Egyptian Society of Animal Friends (Esaf). Veta cible davantage les performances vétérinaires. À la fois plate-forme permettant l’échange et la formation des jeunes vétérinaires et source de diffusion d’informations pour le grand public, elle tente d’apporter son soutien à la condition animale et à la santé publique, notamment via la promotion de campagnes de stérilisation dans certains quartiers.

Une nouvelle génération de vétérinaires

La première école vétérinaire égyptienne a été fondée en 1827. Le pays en compte 13 désormais, intégrées au Réseau des établissements d’enseignement vétérinaire de la Méditerranée (REEV-med). Ce réseau vise à une harmonisation du cursus qui doit renforcer les services vétérinaires dans le but d’homogénéiser la prise en charge de la santé animale4. Le doyen de l’université, Fathy F. Mohamed, y voit l’opportunité d’améliorer la condition animale et d’amener à une vision plus globale des problèmes de santé. Ce projet renforce les premiers efforts mis en place par le Higher Education Enhancement Project Fund (HEEPF). Il a permis d’améliorer l’équipement et d’apporter de nouvelles méthodes d’apprentissage telles que l’e-learning. Il a aussi servi à promouvoir le dé­veloppement des ressources humaines, qualitativement et quantitativement. L’objectif est de permettre aux étudiants de développer les outils nécessaires à la transformation de leur rôle professionnel5 qui s’opère actuellement.

Les élèves, conscients de la pluralité des choix qui s’ouvrent devant eux, initient de nouvelles activités afin d’optimiser leurs connaissances, notamment via le programme Veterinary Official Training for Egyptian Student (Votes) et une large communication par les réseaux sociaux. Des ateliers et des séminaires sont organisés entre les étudiants et le corps enseignant pour améliorer les outils d’enseignement et répondre au défi d’implication de plus en plus profonde du vétérinaire dans la santé publique, ainsi qu’à la large féminisation de la profession (environ 65 % d’étudiantes).

Ainsi, un fossé s’est ouvert entre l’ancienne et la nouvelle génération, pour laquelle le métier de vétérinaire a pris une tournure totalement différente. La pratique canine a pris son envol et est l’occasion d’une orientation vers le changement. Dans une construction hiérarchique moins rigide, qui développe sa force à travers la diffusion d’information et l’ouverture, la profession devrait se construire un bel avenir. La nouvelle génération de vétérinaires a pris conscience de son interconnexion avec les autres domai­nes et a compris que, de sa propre transformation, peuvent naître des changements radicaux dans les autres cercles de la société auxquels elle s’unit.

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