“Il faut se mobiliser pour les vautours”

Depuis 2013, le diclofénac, un anti-inflammatoire non stéroïdien, est disponible en médecine vétérinaire en Espagne et en Italie. Il est aussi exporté depuis l’Italie vers la Serbie et la Turquie.

La molécule a aussi été largement utilisée depuis les années 90 dans le sous-continent indien pour traiter le bétail. Là-bas, il est coutume de laisser les animaux morts à l’air libre afin que les charognards en général, et les vautours en particulier, fassent leur travail de nettoyeurs de carcasses. Or, depuis le début des années 90, près de 99 % des populations de vautours du sous-continent indien ont été décimées. La cause de ce déclin a été identifiée dès 2004 : le diclofénac, présent dans les carcasses, même à faible dose, provoque une insuffisance rénale fatale aux vautours, lesquels meurent dans les deux jours qui suivent l’ingestion de carcasses contaminées (Green et coll. 2004, Oaks et coll. 2004).

Dès 2005, des mesures sont prises en Inde, au Pakistan et au Népal pour le retrait du diclofénac à usage vétérinaire. Les organisations internationales de protection de la nature demandent unanimement l’interdiction de toute utilisation de ce principe actif, d’autant qu’il existe des molécules alternatives tout aussi efficaces et nettement moins toxiques pour la faune sauvage. Ainsi, le méloxicam a montré son innocuité chez plus de 700 oiseaux de 69 espèces.

Mais l’Europe semble avoir des œillères et autorise sur son sol une molécule qui a pourtant provoqué une catastrophe écologique avérée. Son utilisation en Espagne pourrait provoquer une catastrophe de la même ampleur, quand on sait que ce pays héberge 90 % de la population européenne de vautours fauves, 97 % des vautours moines, 85 % des vautours percnoptères, 67 % des gypaètes barbus. Préparons-nous au pire. Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas. Il est indispensable de se mobiliser avant la survenue d’une catastrophe écologique majeure, par exemple en signant la pétition en ligne¹.