Journée de la recherche équine (JRE)
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Auteur(s) : Marine Neveux
La 40e édition de la JRE s’est déroulée le 18 mars, pour la première fois en duplex avec plusieurs centres régionaux. Les participants connectés ont ainsi suivi les sessions et posé leurs questions en direct.
La Journée de la recherche équine, organisée par l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE) à Paris, a présenté le bilan des récents travaux menés chez les équidés. Une session spéciale était consacrée à l’épidémiologie, qui constitue « un support de l’action, selon Pascal Hendrikx, de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), qui « milite pour que les chevaux soient intégrés dans la plate-forme d’épidémiosurveillance. » « La filière équine n’en bénéficie pas encore, reconnaît Jean-Yves Gauchot, président du Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine (Respe) et de l’Association vétérinaire équine française (Avef), mais nous y travaillons. Le Respe apportera aussi sa compétence et évoluera avec ses outils. »
Lors de la session sur la pathologie, plusieurs maladies ont été présentées. Charlène Daix (Respe) a notamment exposé les travaux menés par son réseau et le laboratoire Frank Duncombe sur le syndrome piro-like. Ce dernier est associé à des symptômes non spécifiques, dont une fièvre non caractéristique, une anorexie, une inappétence, un amaigrissement, une perte d’état, un abattement, une dépression, une léthargie et une baisse des performances. Cinq maladies interviennent lors de cette affection : la piroplasmose, l’ehrlichiose, la borréliose, la leptospirose et l’anémie infectieuse des équidés. Le diagnostic différentiel est multiple, ce qui rend ce syndrome complexe. Jean-Luc Cadoré (VetAgro Sup) s’est d’ailleurs interrogé sur la pertinence de la dénomination “piro-like”. La formule “fièvre d’origine indéterminée”, par exemple, pourrait être plus appropriée.
L’étude relative au syndrome piro-like émane d’une demande du terrain, vu son impact économique et le peu d’informations disponibles. « Le nombre d’analyses est élevé : plus de 40 000 chevaux ont été testés pour au moins l’une de ces cinq maladies », a souligné Charlène Daix. La période étudiée s’étend de juillet 2011 à juillet 2012. « Globalement, les taux obtenus sont assez élevés : 34 % des animaux possèdent des anticorps contre la piroplasmose, et le même niveau est obtenu via la polymerase chain reaction (PCR). » Pour la leptospirose et la borréliose, aucun cas n’a été diagnostiqué par PCR sur la période étudiée.
Le syndrome piro-like est observé dans presque tous les départements (présence d’anticorps chez les chevaux), mais la moitié sud de la France paraît plus touchée. L’incidence n’est jamais nulle, quel que soit le mois considéré. Un sous-réseau du Respe, lancé en novembre dernier, se penche « actuellement sur les données récoltées, soit 43 déclarations en trois mois, ce qui met en évidence les besoins ».
La grippe équine et la myopathie atypique sont aussi au cœur des préoccupations des professionnels de la filière. Les connaissances sur la seconde évoluent régulièrement, comme l’a souligné Dominique Votion (faculté de médecine vétérinaire de Liège). Les dernières études montrent l’implication des graines de certains érables qui produisent une toxine, l’hypoglycine A. En effet, le métabolite toxique a été retrouvé dans le sang des chevaux. Depuis l’été dernier, des travaux s’attachent à déterminer les paramètres de toxicité des arbres à samares. La myopathie atypique est saisonnière : les conditions météorologiques et l’environnement pourraient avoir un lien avec la toxicité des graines et l’émergence de cas cliniques chez les chevaux.
Céline Robert (ENVA) s’est attachée à observer la morphologie du cheval d’endurance et ses performances en course. Des mesures ont été effectuées chez 367 chevaux d’origine arabe participant à des épreuves de 90 km ou plus. Elles ont concerné la hauteur au garrot, la longueur corporelle, l’épaisseur du pli de peau et le poids. « Un indice de distance plus élevé est associé à une longueur corporelle plus grande, un pli de peau moins épais et à un angle du grasset plus fermé, a indiqué notre consœur. Un indice de vitesse élevé est lié à un fémur plus horizontal. » Cette étude constitue une première étape.
Jean-Marc Betsch, praticien dans le Calvados, a présenté une étude sur la cinétique de l’installation de la flore chez le poulain et les effets de la levure vivante Saccharomyces cerevisiae boulardii. Ce probiotique a été distribué soit à la jument, soit à deux lots de poulains (à simple ou à double dose). Apportée par la mère, la levure induit des modifications de la flore chez le poulain qui se traduisent par des fèces mieux moulées les 20 premiers jours de vie et plus foncées que celles du lot témoin. Ingérée par les poulains, « la levure vivante influence la composition de la flore fécale en réduisant les micro-organismes potentiellement à risque et permet d’obtenir des crottins plus foncés que ceux des témoins ». En outre, la croissance des poulains du lot “levure” est améliorée.
Clémence Lesimple (CNRS Rennes) s’est penchée sur le comportement du cheval dans des centres équestres souvent soumis à une restriction spatiale et sociale. Plusieurs études montrent que ces deux types de restriction génèrent des comportements indésirables lors de la mise au travail (défenses et sauts-de-mouton multipliés lors du débourrage, agressivité envers l’homme, etc.). En outre, une posture dépressive est parfois notée chez ces chevaux, qui restent fixes, ne bougent ni la tête ni le regard, etc. Ils sont indifférents à l’homme et sans réactions.
L’étude s’est ensuite intéressée aux troubles vertébraux et à la douleur : les chevaux maintenus au travail avec de tels troubles montrent davantage de réactions agressives envers l’homme. Ce dernier est acteur de l’établissement d’une relation avec le cheval qui s’établit sur la base d’une succession d’interactions. Si elles sont positives, leur relation sera plus agréable. « Nous avons comparé des lots de jeunes chevaux éduqués soit avec des renforcements positifs, soit avec des renforcements négatifs. Les seconds seront plus mordeurs et auront tendance à taper », a précisé Clémence Lesimple. Répéter les interactions positives chaque jour permet donc d’obtenir une meilleure relation à l’homme.
L’étude a aussi analysé l’impact direct de l’homme sur le travail du cheval. Dans l’un des trois centres équestres, il y a plus de problèmes sanitaires, de coliques, de troubles vertébraux et de stéréotypies : « Les indicateurs de mal-être donnent une idée assez fiable de la relation à l’homme. » Des conditions de vie peu agréables donnent donc au cheval une perception défavorable de son environnement, et l’homme en fait partie.
Deux études sur le médicament ont été présentées.
→ L’Anses de Goustranville (Calvados) a rendu compte des recherches sur la prévalence et la caractérisation des résistances des céphalosporines de troisième génération sur les Enterobacter présents chez des chevaux sains en Basse-Normandie.
→ La réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais, qui compte plusieurs milliers de chevaux traités avec des médicaments (dont les principes actifs, retrouvés dans les crottins, peuvent affecter les écosystèmes), a été étudiée. Au cours de l’enquête, menée auprès des centres équestres et des confrères, la question de l’utilisation des produits antiparasitaires s’est posée. « Un chiffre semble inquiétant : le vétérinaire n’intervient que dans un quart des structures interrogées et moins de 10 % bénéficient d’une prescription. » Les auteurs de l’étude reconnaissent que « l’acte vétérinaire est ici négligé, tant en termes de diagnostic que de choix thérapeutique et de contrôle sanitaire (application du temps d’attente). Il s’agit d’une atteinte à la réglementation qui impose au vétérinaire la rédaction d’une ordonnance lors de la prescription de ces médicaments, et d’un manquement des pharmaciens à leurs obligations en matière de délivrance qui ne doit avoir lieu qu’à la vue d’une prescription vétérinaire ».
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