Une visite d’élevage canin exige une préparation en amont - La Semaine Vétérinaire n° 1577 du 23/03/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1577 du 23/03/2014

Conduite en pratique

Dossier

Auteur(s) : Hélène Rose

Les visites d’élevage sont l’occasion d’instaurer un climat de confiance avec l’éleveur, tout en dirigeant l’échange avec des questions ciblées, afin de le conseiller efficacement.

Préparer la visite

Lui adresser un questionnaire avant la visite montre l’implication du vétérinaire, permet de jauger celle de l’éleveur, et fournit des renseignements utiles : les races élevées, le nombre d’adultes, la proportion de mâles et de femelles (au-dessous d’un tiers de mâles, des échanges avec l’extérieur sont obligatoires pour les saillies, d’où l’existence de risques sanitaires), l’ancienneté, la superficie et la répartition des bâtiments de l’élevage, mais aussi l’organisation journalière du travail, les procédures de nettoyage et de désinfection, les protocoles de vaccination et de traitement antiparasitaire, etc.

La consultation du règlement sanitaire (rédigé conjointement par le vétérinaire et l’éleveur), des registres des entrées et des sorties, de suivi sanitaire et de santé, ainsi que la lecture des documents relatifs à la reproduction (fiches individuelles pour tous les animaux, et collectives, non obligatoires) sont également utiles à une première appréciation de l’élevage.

Les points forts de la visite

Une visite préventive, dans le cadre du suivi réglementaire1, s’effectue dans le respect de la marche en avant, des zones propres dites sensibles (maternité) aux zones à risque (infirmerie, quarantaine). Tous les secteurs sont évalués, y compris l’environnement extérieur (exploitations agricoles : animaux de production, vignobles, etc.). Lors de crise sanitaire, Xavier Lévy préconise de suivre le parcours habituel de l’éleveur, pour détecter d’éventuelles erreurs. Une seule visite est alors programmée dans la journée.

Que l’élevage soit professionnel ou familial, les mêmes principes s’appliquent : une chambre d’amis transformée en maternité ne doit, par exemple, jamais accueillir un chien de passage. Le vétérinaire revêt une tenue adaptée (surbottes, blouse propre, etc.) et emporte du matériel de prélèvement et un appareil photo.

La maternité

Une chienne entre dans la maternité quelques jours avant la naissance de ses petits et y demeure jusqu’au sevrage. Les mesures de gestion et de surveillance de la mise bas, de la période périnatale et du sevrage sont vérifiées. Lors des pics de naissance, la concentration des animaux est à surveiller : une surcharge favorise les épidémies. La présence de deux adultes dans un même box révèle un manque de place. De même, un problème de sectorisation est patent lorsqu’une salle de stockage, par exemple, est progressivement transformée en maternité.

L’odeur est un bon critère pour évaluer l’hygiène de la maternité. Chaque box et son matériel doivent être nettoyés et désinfectés tous les jours. Lorsque la densité d’animaux est maîtrisée, il est possible d’enlever les fèces quotidiennement et de changer l’ensemble des copeaux une fois par semaine (ceux-ci sont proscrits lors de parvovirose).

Au niveau du nid, la température est maintenue entre 30 et 32 °C, à l’aide de plaques chauffantes (bien isolées pour éviter les brûlures), de lampes infrarouges (conseillées au-dessus de dix chiots, pour prévenir les accidents) ou d’un sol chauffant. Un thermomètre d’ambiance est nécessaire. Si les sources de chaleur assèchent trop l’atmosphère, les chiots risquent la déshydratation. Si une mère ne sort pas ou peu du nid qui abrite ses petits pendant les premières semaines (comportement maternel exacerbé), elle s’expose à une température excessive, qui peut engendrer une baisse de la production lactée, voire un coup de chaleur.

La ventilation est évaluée grâce au test de la bougie : la flamme doit osciller légèrement.

Une certaine inventivité est parfois nécessaire pour adapter les locaux, par exemple en séparant le box en deux (ou en utilisant des cantines suspendues) pour isoler la chienne et ses petits d’un côté, puis de l’autre. Pour limiter les risques d’écrasement, il est possible de fixer des barres spéciales Des séparations mal conçues sont parfois responsables de mutilations chez les chiots. La mère doit être en mesure de se dégager.

Le logement des jeunes sevrés

Les chiots sevrés sont maintenus en fratrie, séparés des adultes. Leur milieu de vie est enrichi, à l’aide d’un parcours d’agility par exemple. Les contacts intraspécifiques et interspécifiques (chats, enfants) sont favorisés. Le protocole de vaccination est adapté aux risques sanitaires de chaque élevage.

Les boxes, les niches, les courettes et le grillage

En général, deux chiens adultes partagent une courette commune, mais ils ont chacun accès à un box individuel, qui contient leur niche pour la nuit. Aucun animal ne doit être laissé seul en permanence, sauf s’il présente un trouble du comportement qui rend la vie sociale impossible. La qualité de l’installation est appréciée en regardant l’attitude des chiens.

L’aire de couchage est isolée du sol et protégée des intempéries. Elle est construite dans un matériau facile à nettoyer et à désinfecter (le bois est peu pratique).

Une niche en plastique en bon état est aisée à entretenir. Les palettes de supermarché sont parfois utilisées, notamment par les éleveurs de chiens de chasse. Elles isolent l’animal du sol, mais elles sont difficiles à traiter, rapidement endommagées par les animaux et entraînent des problèmes cutanés : mieux vaut donc les proscrire.

L’aire de détente est construite en pente légère, pour favoriser l’écoulement de l’eau et de l’urine. Si elle est en ciment, un nettoyage régulier est nécessaire. Si elle est recouverte de gravillons, elle est de préférence étagée : elle est alors facile à désinfecter au lance-flammes agricole (non étagée, elle génère des problèmes d’écoulement des eaux et une instabilité, parfois responsable de boiterie chez les chiens). Une aire toute en longueur induit souvent des tocs : les chiens suivent toujours le même schéma de déplacement.

Les barreaux verticaux sont recommandés pour séparer les courettes, notamment pour les races de grande taille : faciles à nettoyer, ils s’abîment moins et entraînent peu de tocs, contrairement au grillage en croix non galvanisé, auquel les animaux peuvent s’agripper. Des paravents créent une séparation visuelle qui se révèle utile pour limiter l’agressivité et les nuisances sonores.

Utiliser un jardin comme aire de détente est agréable pour les visiteurs, mais en général peu adapté sur le plan sanitaire.

L’infirmerie et la zone de quarantaine

Seul bâtiment légalement obligatoire, l’infirmerie dispose d’une armoire à pharmacie. Les traitements administrés sont consignés dans le registre de suivi sanitaire et de santé. Distinct de l’infirmerie, le secteur de quarantaine est la zone la plus à risque de l’élevage, car l’état infectieux des animaux entrants est inconnu. Il est trop souvent négligé par les éleveurs. Pour adapter le nouvel arrivant au microbisme ambiant, l’idéal est d’utiliser un chien âgé retraité de l’élevage, pendant une semaine à dix jours. En parallèle, le nouveau venu est vermifugé, toiletté, etc. La zone de quarantaine est susceptible d’être externalisée, chez un membre de la famille par exemple.

Les extérieurs

Visiter les environs de l’élevage permet :

– de détecter des erreurs de conception ou de disposition des bâtiments (au besoin, leur orientation est constatée à l’aide d’une boussole) : la maternité, par exemple, ne doit pas être située derrière la zone de quarantaine si elle est sur le trajet du vent dominant ;

– d’identifier un risque toxique ;

– de repérer la présence d’autres espèces animales : les rongeurs favorisent le portage chronique subclinique de la leptospirose, responsable d’avortements ou de mortalité néonatale ;

– d’évaluer la qualité des eaux usées, la gestion des cadavres et des déchets de soins, qui ne doivent pas être éliminés avec les ordures ménagères.

Rédiger le rapport de visite

En fin de visite, le vétérinaire présente un bilan oral et complète le règlement sanitaire. Il envoie ensuite un rapport écrit, qui souligne d’abord les points positifs puis indique les négatifs. Plusieurs recommandations étalées dans le temps sont émises :

– à court terme (deux à trois mois), des éléments simples à modifier, sans investissement financier majeur ;

– à moyen terme (dans les trois à six mois), des modifications structurelles, qui nécessitent éventuellement un financement ;

– à long terme (supérieur à six mois).

  • 1 Article R.214-30 du Code rural. Source : conférence de Xavier Lévy présentée lors du congrès de l’Afvac 2012, et réactualisée.

  • 2 Article R214-17 du Code rural.

ATTITUDE À ADOPTER EN CAS DE MANQUEMENT DE L’ÉLEVEUR

Le vétérinaire qui visite un élevage n’a pas à dénoncer l’éleveur en cas de problème, mais il doit l’alerter sur les risques encourus lors de contrôle de la DDPP (lorsque le nombre de chiens présents dans chaque box est excessif, par exemple). Par ailleurs, s’il est légalement interdit de laisser les animaux à l’attache1, certaines particularités raciales sont à prendre en compte. C’est le cas des chiens de traîneau qui ont une activité physique intense et régulière, et qui ont tendance à être bagarreurs et fugueurs.

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