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SANTÉ ANIMALE
Auteur(s) : Lorenza Richard
Les pratiques et les perceptions du bien-être animal ont été discutées, le 27 mars dernier sur le campus lyonnais, lors d’un colloque organisé par l’École nationale des services vétérinaires (ENSV), l’équipe Acspave1 et Sciences Po Lyon, avec le soutien de la fondation Terre d’initiatives solidaires.
Le bien-être animal est une problématique grandissante dans les sociétés occidentales. Anne-Claire Lomellini-Dereclenne, doctorante en bien-être animal et membre de l’équipe Acspave, a montré que le modèle d’élevage productiviste de l’ère industrielle est à l’origine d’une séparation entre l’homme et l’animal de production et d’une diminution des contacts entre eux. Toutefois, un débat sur le bien-être des animaux a évolué en parallèle, l’exploitation de l’animal d’élevage étant, pour certains, la négation par définition de cette notion, car le système productiviste en place adapte l’animal à son fonctionnement, et non l’inverse.
Lucille Boisseau-Sowinski, maître de conférences en droit privé à l’université de Limoges, a présenté l’émergence en droit français et international d’un régime de protection contre le mal-être animal (souffrance constatée publiquement), puis à la protection du bien-être de l’animal, défini comme un être sensible depuis la loi de 1976 du Code rural. La notion de bien-être, originaire du Royaume-Uni, a abouti à l’établissement de conventions et de directives européennes qui ont été intégrées au droit français. Un consensus existe autour des cinq libertés fondamentales des animaux (physiologique, environnementale, sanitaire, comportementale et psychologique), mais la notion de bien-être reste difficile à définir et à objectiver. Une évolution de la réglementation d’une obligation de moyens (température, surface par animal, etc.) à une obligation de résultat (amélioration du bien-être) serait envisagée, mais le problème du choix des indicateurs se pose. Le bien-être animal est en effet perçu à travers sa souffrance et seuls sont disponibles actuellement des indicateurs de mal-être, ceux de bien-être restant inconnus.
Les résultats de trois études, relatives au bien-être des animaux d’élevage et commanditées à l’ENSV, ont été présentés par les groupes d’étudiants qui les ont menées et leur encadrant.
La première s’intéresse à la filière veau et montre que les pratiques volontaires et les initiatives en faveur du bien-être des animaux sont nombreuses, de même que les projets de recherche. Une dynamique forte existe autour de cette question. L’opportunité à saisir pour améliorer le bien-être des veaux serait la levée de l’anémie et l’ouverture du marché à la viande rosée. Toutefois, cela suppose une éducation du consommateur, qui souhaite de bonnes conditions d’élevage pour le veau, mais ne semble pas prêt à renoncer à la viande blanche.
La seconde étude présente l’émergence de cette question en abattoir, lieu emblématique, à la fois pour l’animal et le personnel. Celui-ci travaille en effet dans des conditions qui peuvent être difficiles physiquement et psychologiquement. Par un travail bien fait, les sacrificateurs, notamment, sont les garants du bien-être animal lors de l’abattage, moment qui semble pourtant incompatible avec cette notion.
La perception par les éleveurs de vaches laitières du contrôle officiel en bien-être animal, sujet de la troisième étude, montre qu’ils sont fortement tournés vers les animaux, et qu’avoir un beau troupeau, fruit de leur travail, est un idéal et une préoccupation constante. La réglementation est perçue comme lointaine de la réalité et les éleveurs se la réapproprient, en faisant des écarts ou en s’imposant des pratiques non obligatoires qui vont dans le sens du bien-être de leurs animaux. Ce dernier est en effet également vu comme un moyen d’améliorer la production, la qualité et la vente des produits, donc le revenu. En particulier, la communication au sujet des signes de qualité des conditions d’élevage de l’animal améliore l’image des filières auprès du grand public.
Plusieurs profils d’éleveurs sont établis, selon leurs priorités (morales, civiques ou industrielles), et peuvent servir de base pour améliorer la communication et le conseil. Tous sont demandeurs de conseils au moment du contrôle. Une réflexion est donc en cours pour intégrer le vétérinaire, perçu comme encore trop peu investi dans la réflexion sur l’amélioration du bien-être en élevage, comme une passerelle entre la réglementation et les éleveurs.
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