Formation
PRODUCTIONS ANIMALES/PORCS
Auteur(s) : Nicolas Rose*, Lorenza Richard**
Fonctions :
*Anses de Ploufragan. Article tiré d’une conférence présentée lors des 46es Journées de la recherche porcine à Paris, le 5 février 2014.
Entre 2002 et 2011, le nombre de cas humains d’hépatite E identifiés a considérablement augmenté en France (de 9 à 249). Depuis, près de 300 cas cliniques humains non importés sont recensés chaque année par le centre national de référence. La filière porcine devra répondre à l’attente sociétale relative à la maîtrise de ce risque.
Chez l’homme, le virus de l’hépatite E est responsable d’une affection aiguë plus grave que l’hépatite A en moyenne. La mortalité peut atteindre 4 %, voire 20 % chez les femmes enceintes. Parfois, la maladie évolue vers des formes chroniques assorties de séquelles qui nécessitent une greffe de foie, ou comporte des conséquences neurologiques. Les génotypes 1 et 2 sont spécifiquement humains dans les régions où l’hépatite E est endémique. Cependant, les génotypes 3 et 4, qui infectent le porc notamment, sont essentiellement retrouvés chez les patients atteints en Europe. Une étude, menée en 2008 et 2009, montre que le génotype 3 est majoritairement identifié en France chez les porcs et les hommes contaminés, avec une proportion similaire des différents sous-types mis en évidence dans les populations humaine et porcine. Plusieurs travaux réalisés dans le monde révèlent que la séroprévalence du virus est plus forte chez les éleveurs de porcs et les personnes en contact avec les animaux, même si le nombre de cas diagnostiqués chez ces professionnels et au sein de la population générale est similaire. En revanche, en France, la séroprévalence n’est pas plus élevée chez les vétérinaires porcins.
La transmission alimentaire est privilégiée, car des identités de souches humaines et porcines ont été détectées sans proximité géographique. De plus, 39 % au minimum des cas recensés seraient dus à la consommation de charcuteries crues ou peu cuites préparées à partir de foie de porc cru. La forte hausse du nombre de malades humains est davantage liée à un meilleur diagnostic de l’hépatite E, qui était sans doute sous-estimée auparavant, et qui l’est peut-être encore actuellement.
Les sérologies effectuées révèlent que le virus circule dans 65 % des élevages porcins français (selon une étude réalisée sur un panel représentatif). La prévalence est la plus importante dans le nord-ouest. Le virus de l’hépatite E est retrouvé dans le foie de 4 % des porcs abattus en moyenne. Toutefois, l’infection est asymptomatique chez l’animal et n’a aucun impact sur ses performances. Aucune lésion n’est observée à l’autopsie.
La dynamique d’infection diffère selon les élevages. La transmission directe entre les porcs est peu prononcée (avec 0,15 animal nouvellement infecté par un congénère excréteur et par unité de temps), mais elle existe, et l’excrétion, par voie fécale principalement, peut durer plusieurs semaines. La transmission environnementale est possible pour ce virus enveloppé de petite taille et très résistant dans l’environnement. Pour infecter un porc, elle nécessiterait au moins 5,6 x 105 génomes équivalents par gramme de fèces accumulées dans l’environnement.
Une durée de vide sanitaire en phase de postsevrage inférieure à quatre jours, une distance lisier-caillebotis de moins de 80 cm en engraissement, des mélanges d’animaux et un nombre de porcs important par case (plus de 26 en postsevrage) constituent les principaux facteurs de risque de propagation du virus au sein de l’élevage. Les infections tardives, peu avant l’abattage, exposent davantage à une contamination des foies. La mise en évidence du virus dans les foies de porcs dépend de l’âge d’abattage (plus de 20 jours d’écart d’âge intrabande pour un départ à l’abattoir), des adoptions en maternité (plus de 25 %), d’un niveau de biosécurité faible (port de bottes non spécifiques à l’atelier “porc”), de l’origine et de la profondeur de la source d’eau (moins de 50 m), et du type génétique de la voie femelle (prévalence plus forte pour les lignées sino-européennes).
Ces données peuvent avoir des répercussions sur la filière porcine, qui devra tenir compte du risque que représente le virus de l’hépatite E pour les consommateurs. En effet, l’éradication de l’infection semble actuellement peu probable. L’inactivation du virus peut être obtenue par une cuisson à cœur à 71 °C pendant 20 minutes au minimum, mais celle-ci dénature les matières premières. En outre, elle est difficilement envisageable pour certains produits traditionnels.
Il est ainsi indispensable de limiter la prévalence de porcs infectés, les excrétions prolongées ou les contaminations tardives par l’application de mesures d’hygiène et de biosécurité appropriées et de bonnes pratiques de conduite zootechnique (limitation des mélanges).
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