Accepter d’être un électron libre

En me lançant dans l’expérience du stage tutoré, je partais vers l’inconnu, même si je connaissais la structure d’accueil pour y avoir effectué un stage précédemment. Je souhaitais mener de front les pratiques équine et rurale. Cette expérience me permet surtout de sortir du système scolaire classique. J’avais peur d’être enfermée dans la routine étudiante et de ne pas voir grand-chose de la réalité du métier. Je me sentais prête à aller sur le terrain. J’ai donc saisi ma chance en me portant candidate, malgré le flou des débuts. Mon stage n’est pas encore terminé. J’ai effectué treize semaines cet hiver en rurale, que je vais compléter par huit autres en équine de mai à juin. Ces longues durées permettent de développer des relations privilégiées avec les vétérinaires qui nous encadrent. Le stagiaire est davantage impliqué dans la vie de la clinique, arrive à connaître les éleveurs, leur conduite d’élevage. J’ai la possibilité de prendre du recul pour mieux comprendre ce qui se passe. En plus de l’action, j’ai du temps pour la réflexion. J’effectue les mêmes gestes que le praticien, les mêmes examens cliniques simultanément, puis nous échangeons sur les cas. Le trajet en voiture est souvent un moment privilégié pour poser toutes les questions qui me passent par la tête. Je me forge une expérience de terrain impossible à acquérir à l’école. Je rencontre des cas de pratique courante intéressants, tandis que les autres élèves sont plutôt confrontés à des cas rares. J’ai toutefois le sentiment de développer une méthode de travail tout aussi efficace. Quand on choisit cette forme d’enseignement, il ne faut pas avoir peur de se retrouver seul et il importe de faire preuve d’autonomie. Je suis la seule au sein de l’école à suivre cette voie, une sorte d’électron libre. Je dois, par exemple, solliciter les enseignants pour rejoindre les groupes d’étudiants déjà constitués lorsque je reviens en cours. Il ne faut pas avoir peur de travailler seul. Si à l’école nous bénéficions d’exposés, en clientèle, il faut se prendre par la main pour rechercher les points qui nous manquent. Après cette première phase, ma motivation reste intacte. Je suis persuadée que c’est un bon tremplin pour accéder à la vie professionnelle, même si, première fois oblige, je manque de recul concernant l’opinion de la profession sur une telle expérience. »