Les éleveurs canins sensibilisés aux maladies infectieuses

Les coccidioses chez le chiot sont dues à Isospora ohioensis et Isospora canis, la giardiose à Giardia duodenalis, ont rappelé Cassandre Boogaerts, chargée de consultation en médecine préventive à l’Unité de médecine de l’élevage et du sport (Umes), et Bruno Polack, maître de conférences en parasitologie à l’ENV d’Alfort. La transmission s’effectue via l’ingestion de kystes (forme de résistance dans l’environnement) excrétés dans les matières fécales.

Se débarrasser des parasites

La coccidiose s’observe chez des chiots assez jeunes, souvent huit jours après un stress. Pour la giardiose, les animaux de tout âge peuvent être atteints. Dans ce cas, les fèces présentent un aspect graisseux et la diarrhée est chronique. Pour se débarrasser de ces parasites, il convient de déblayer, de doucher et de désinfecter les locaux (Kéno®cox pour les coccidies et ammoniums quaternaires pour Giardia).

Avant toute introduction d’un chiot dans un élevage, une quarantaine et des coproscopies sont nécessaires. Ces examens permettront de connaître le statut de l’animal et de mettre en place un traitement, le cas échéant. Il est toujours préférable d’introduire des animaux plus âgés car leur système immunitaire est plus performant.

Les maladies associées aux tiques ont été développées par Marielle Servonnet, responsable technique Merial, qui a rappelé que l’objectif est d’éliminer ces parasites au plus vite afin de limiter le risque de transmission. En 48 heures, 90 % des tiques doivent être tuées, car les bactéries classiques présentes dans le parasite deviennent infectantes en 12 à 24 heures.

La reproduction, un secteur clé en élevage

Alain Fontbonne, diplômé du collège européen de reproduction animale, a exposé les maladies sexuellement transmissibles. Parmi elles, on distingue des affections virales (herpesvirus), bactériennes (brucellose), parasitaires (leishmaniose) et tumorales (sarcome de Sticker). La suspicion d’une maladie infectieuse en élevage repose sur la présence de la triade infertilité-avortement-mortalité néonatale. Le diagnostic d’une maladie sexuellement transmissible passe par l’échographie, qui permet d’observer des résorptions embryonnaires, et par les frottis vaginaux, qui permettent la recherche des agents infectieux. En cas d’avortement, l’autopsie des nouveau-nés et l’isolement de la chienne qui vient d’avorter sont essentiels.

Des coronavirus difficiles à différencier

Les coronavirus hautement pathogènes dans l’espèce canine ont été abordés par Anne Meyrueix, responsable du secteur élevage à l’Umes.

Le coronavirus entérique CCov provoque des gastro-entérites aiguës bénignes chez le chien. En 2005, en Italie, des cas atypiques de gastro-entérite hémorragique mortelle, associés à des signes nerveux, sont apparus. Il s’agissait d’un coronavirus dit “pantropique”, car le virus a été retrouvé par polymerase chain reaction (PCR) dans de nombreux organes en plus des intestins.

En 2013, sur 350 cas suspects, seulement quatre ont révélé le coronavirus pantropique. Même avec cette faible incidence, il reste de nombreuses questions sur cet agent pathogène et la différenciation des coronavirus entérique et pantropique n’est pas encore possible en pratique.

Les problèmes liés à l’antibiorésistance n’ont pas été oubliés. Jean-Yves Madec, directeur de recherches à l’Anses Lyon, a rappelé que le développement de nouvelles molécules est faible et qu’en raison de leur rareté, « il ne faut pas utiliser les antibiotiques en dehors de la prescription vétérinaire ».