Vers une harmonisation mondiale des cursus vétérinaires - La Semaine Vétérinaire n° 1580 du 11/04/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1580 du 11/04/2014

Dossier

Auteur(s) : Nathalie Devos

À l’occasion de missions d’évaluation, l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) a constaté de grandes disparités concernant la qualité et la diversité de l’enseignement vétérinaire dans le monde. Les vétérinaires sont, en outre, confrontés à de nouvelles menaces (biologiques, climatiques, etc.) et attentes sociétales (bien-être animal, sécurité des aliments, etc.). Aussi l’OIE a-t-elle élaboré un modèle de cursus de formation initiale afin que les jeunes diplômés acquièrent les compétences minimales attendues pour exercer.

La troisième conférence mondiale sur l’enseignement vétérinaire organisée par l’OIE, en décembre dernier à Foz de Iguazu (Brésil), a permis de présenter aux quelque 1 000 participants venus de 110 pays les lignes directrices du cursus de formation initiale vétérinaire définies par les membres du groupe ad hoc de l’organisation et d’en débattre1.

Le document conçu par l’OIE est un guide pour l’élaboration des programmes de formation (voir tableau). Son objectif est de permettre aux futurs confrères d’acquérir les compétences minimales attendues pour exercer. Cet outil est le fruit de plusieurs années consacrées à des missions d’évaluation inscrites dans la thématique « d’harmonisation et d’amélioration qualitative de l’enseignement vétérinaire » souhaitée par les pays membres de l’OIE. Celle-ci a déjà fait l’objet de deux autres conférences en 2009 et 2011.

POURQUOI CONCEVOIR UN TEL GUIDE ?

Plusieurs constats dressés par l’OIE sont à l’origine de la définition de ces lignes directrices. Celles-ci visent à améliorer et à harmoniser l’enseignement vétérinaire, dont la qualité et la diversité affichent de grandes disparités à l’échelle planétaire (voir article page 31). L’OIE relève « avec inquiétude son caractère inadéquat dans plusieurs États membres ».

Les différences observées concernent également les procédures d’enregistrement, d’agrément et de suivi des vétérinaires. Il est nécessaire d’affronter les nouvelles menaces, de répondre aux attentes sociétales et d’intégrer les nouveaux systèmes de productions animales. Ces composantes sont les suivantes :

→ l’émergence de nouvelles maladies animales (le virus de la maladie de Schmallenberg, par exemple) ;

→ la résurgence d’affections animales existantes (virus influenza, par exemple) ;

→ la menace croissante des maladies animales transfrontalières (telles que la peste porcine africaine) ;

→ les répercussions des changements environnementaux et climatiques ;

→ la mondialisation des échanges de marchandises et des déplacements de personnes ;

→ les nouvelles exigences sociétales en termes de sécurité alimentaire et sanitaire (les scandales de ces dernières années ont renforcé la méfiance des consommateurs), de santé publique vétérinaire (zoonoses), de bien-être animal, et celles relatives au concept de santé unique ;

→ le développement de la production de nouvelles espèces (NAC, la part croissante de l’aquaculture dans les années futures), qui implique d’actualiser les savoirs et la formation des vétérinaires concernant ces espèces.

Par ailleurs, compte tenu du rôle important joué par la profession en termes de santé publique, il est indispensable d’approfondir la formation des confrères sur l’utilisation raisonnée et la maîtrise des médicaments et des vaccins à usage vétérinaire. Cela permettra ainsi d’éviter que des personnes qui ne sont pas vétérinaires en aient le contrôle.

L’OIE souligne également que la société de l’information dans laquelle nous vivons requiert une adaptation des méthodes d’apprentissage des étudiants. Il importe parallèlement de veiller à ce qu’ils reçoivent un enseignement théorique et pratique, et de les motiver à participer à des activités de formation continue tout au long de leur vie professionnelle.

LES POSTULATS DU MODÈLE DE CURSUS

La conception de ce cursus de formation initiale repose sur plusieurs principes. Chaque étudiant qui intègre l’école vétérinaire possède une bonne maîtrise des sciences élémentaires (en particulier la physique et la chimie), ainsi que les savoirs en lettres et en sciences humaines requis par l’université de tutelle. Ces matières ne sont donc pas prises en compte dans le modèle des lignes directrices.

Les compétences (voir tableau en page 30) sont ainsi définies :

→ les connaissances sous-tendues par les facultés cognitives (les capacités intellectuelles) ;

→ les qualifications (la capacité à réaliser des tâches particulières) ;

→ les attitudes (les capacités affectives : les sensations et les émotions) ;

→ les aptitudes (les dispositions naturelles, le talent ou la capacité d’apprentissage de l’étudiant).

Les compétences dites générales désignent :

→ les sciences vétérinaires de base, généralement dispensées en début de cursus, qui sont obligatoires avant d’entamer la partie clinique ;

→ les sciences vétérinaires cliniques, qui permettent d’acquérir les savoirs nécessaires pour diagnostiquer, traiter et prévenir les maladies animales ;

→ la gestion sanitaire et l’économie de la production animale.

Les compétences spécifiques se rapportent directement aux mandats de l’OIE. Celles avancées qualifient les connaissances, les qualifications, les attitudes et les aptitudes minimales requises chez un confrère pour exercer au sein de l’Autorité vétérinaire2.

L’OIE précise que le jeune diplômé en médecine vétérinaire est censé maîtriser les compétences générales et spécifiques et bien connaître celles avancées. Les savoirs nécessaires en termes de médecine, de chirurgie, d’imagerie diagnostique, de thériogénologie et d’anesthésiologie sont enseignés sous un module intitulé “sciences cliniques et diagnostiques”.

Certaines compétences (telles que la recherche, dite avancée) ne sont pas reliées à un domaine spécifique, car elles sont, de fait, prises en compte par la plupart des matières préconisées. De même, celles relatives à la communication (dites spécifiques) font partie de toutes les autres matières. Il s’agit d’être en mesure de transmettre des informations techniques compréhensibles par le grand public et de communiquer avec ses interlocuteurs de la santé publique.

L’enseignement concerne les animaux domestiqués pour la production alimentaire (élevages ou autres types de regroupements), non domestiqués (faune sauvage terrestre, aviaire, aquatique ou marine, en captivité ou en liberté), de compagnie et ceux utilisés pour le travail ou les activités sportives.

UN SOCLE DE BASE À ADAPTER SELON LES SPÉCIFICITÉS DES PAYS

L’OIE précise que ces lignes directrices sont principalement destinées aux États en développement ou en transition, à la recherche d’outils pour accroître la qualité de l’enseignement vétérinaire, compte tenu des différences sociétales, économiques et politiques considérables qui existent au sein des différents pays membres.

Il s’agit donc d’un socle de base : l’OIE reconnaît l’autonomie des universités et des écoles vétérinaires des États.

Chaque établissement pourra donc être amené à compléter ce modèle de cursus de formation initiale pour répondre à ses besoins spécifiques, locaux ou nationaux.

Par ailleurs, la chronologie des matières à enseigner, telle qu’elle est recommandée dans le cursus de formation initiale vétérinaire, devra également être adaptée aux différents systèmes (qui prévoient un programme dispensé sur des cycles de quatre, cinq ou six ans), ainsi qu’aux prérequis à l’admission dans les établissements vétérinaires (classes préparatoires ou non).

En outre, les contenus pédagogiques décrits sont susceptibles d’être proposés sous forme de matières distinctes ou être combinés et intégrés à différents cours. Cela dépend des modalités d’enseignement propres à chaque établissement (apprentissage didactique, en laboratoire ou sur le terrain, par petits groupes, etc.). Pour déterminer la durée de chaque cours à inclure dans le programme de formation, chaque structure enseignante prendra en compte le niveau attendu des jeunes diplômés relatif aux compétences de base (générales et spécifiques) et avancées. De plus, le crédit d’heures consacré à chaque discipline varie selon les besoins et les ressources propres à chaque pays.

L’OIE encourage les établissements d’enseignement vétérinaire à échanger des informations et à collaborer pour faciliter la mise en œuvre de ces lignes directrices. Le but est d’améliorer les formations initiale et continue des confrères à l’échelle mondiale, et de faire face aux coûts élevés générés par un enseignement vétérinaire de qualité approprié à leurs contextes.

Les services nationaux et les organismes statutaires vétérinaires sont également incités à collaborer afin de garantir la qualité du travail des confrères, tout en répondant aux exigences de chaque pays.

Pour satisfaire les besoins de ceux qui ne disposent pas des ressources suffisantes pour proposer une formation de qualité, il est, par ailleurs, primordial de renforcer la mobilité transfrontalière des vétérinaires.

L’OIE conclut en ajoutant qu’équilibrer le nombre d’établissements d’enseignement selon l’offre et de la demande intérieures sur le marché de l’emploi (et diminuer leur nombre lorsque cela est compatible avec les stratégies nationales) peut se révéler bénéfique pour la qualité de la formation vétérinaire dans un pays.

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