Formation
ÉQUIDÉS
Auteur(s) : Isabelle Desjardins
Fonctions : Enseignante à VetAgrosup Diplomate Acvim. Article tiré d’une conférence présentée lors des journées annuelles de l’Avef à Reims, en décembre 2013.
En fin d’exercice, un cheval est susceptible de présenter, pour diverses raisons, une difficulté de récupération et une altération sévère de l’état général. Le statut cardiovasculaire et/ou respiratoire peut se trouver compromis. En cause : les effets directs de l’exercice long et/ou intense, une maladie préexistante, un traumatisme pendant l’exercice ou un entraînement inadapté par rapport à l’effort demandé.
Des maladies préexistantes subcliniques n’empêchent pas l’entraînement. Cependant, elles réduisent les performances et peuvent, par conséquent, constituer des facteurs favorisants : syndrome d’ulcération gastrique; coliques de stase ; affections myoarthro-squelettiques, respiratoires (telle que l’hypersensibilité bronchique), cardiovasculaires (fibrillation atriale, etc.) ; maladies infectieuses chroniques (parasitisme gastro-intestinal récurrent, piroplasmose, etc.). Les effets d’autres situations pathologiques s’expriment spécifiquement au cours de l’effort et contribuent à altérer la récupération du cheval : hémorragie pulmonaire à l’exercice, déplacement dorsal du voile du palais, hémiplégie laryngée, rhabdomyolyse, etc. Certaines disciplines sportives sont particulièrement propices aux traumatismes pendant l’exercice (steeple-chase, endurance, etc.).
Enfin, l’effort en lui-même engendre des perturbations hydro-électrolytiques et acido-basiques aux conséquences cliniques variables. Au début de l’exercice et lorsque les pertes par sudation sont faibles, celles en eau sont compensées par l’absorption de liquide à partir du côlon. Si les pertes d’eau dépassent 5 à 10 % du poids vif, une diminution du volume circulant se produit. L’effort court et très intense s’accompagne d’hypovolémie, mais aussi d’acidose lactique. Celle-ci est particulièrement prononcée lorsque le cheval est contre-performant. Lors d’un effort long et intense, des déséquilibres électrolytiques et acido-basiques sévères, tels qu’une hyponatrémie, une hypochlorémie, une hypocalcémie, une hypokaliémie et une alcalose métabolique, sont notés. Ces perturbations hydro-électrolytiques et acido-basiques entraînent des conséquences cliniques multiples : iléus, rhabdomyolyse, crampes musculaires, flutter diaphragmatique, etc. L’exercice intense induit (en climat chaud et humide en particulier) une hyperthermie. Non contrôlée, cette dernière est susceptible de favoriser un syndrome d’épuisement, un coup de chaleur et des convulsions, voire d’entraîner la mort de l’animal.
L’examen clinique complet du cheval qui présente des difficultés sévères de récupération 20 minutes post-effort au minimum permet d’identifier des anomalies courantes et peu spécifiques, mais aussi des symptômes plus caractéristiques d’une maladie sous-jacente et de traumatismes liés à l’effort. Parmi ceux-ci, citons l’épuisement, le surentraînement, le coup de chaleur, le trauma crânien, etc. Plusieurs appareils d’analyse portables sont disponibles. Une numération-formule permet d’apprécier une anémie, une érythrocytose (de déshydratation ou associée au surentraînement, par exemple). Les lactates témoignent de la tolérance à l’exercice et du degré de métabolisme anaérobie. Une insuffisance rénale, une augmentation des enzymes hépatiques, musculaires lors de myopathie, des modifications électrolytiques et acido-basiques ou une hypoglycémie sont à rechercher.
La prise en charge de l’animal traumatisé ou qui rencontre de sévères difficultés de récupération après l’effort comprend une fluidothérapie d’urgence. Cette dernière vise à relancer la perfusion organique, combler la déshydratation et rétablir les équilibres hydro-électrolytique et acido-basique. La voie intraveineuse est la plus efficace pour réhydrater un cheval. Le Ringer lactate est le fluide cristalloïde de choix, sauf lors d’hyperkaliémie (rupture de vessie traumatique, etc.), même si l’animal présente une alcalose métabolique. En cas de déshydratation très sévère (10 à 12 %), une réhydratation rapide peut être obtenue par l’administration de chlorure de sodium hypertonique (7,2 %) pour créer un appel d’eau dans le compartiment intravasculaire. Cet effet osmotique est transitoire. Un relais rapide avec des cristalloïdes isotoniques est nécessaire afin d’éviter une nouvelle hypovolémie. Dans les cas d’épuisement et/ou d’hyperthermie post-effort, une administration par le tube naso-gastrique est possible, à partir du moment où le système gastro-intestinal est préservé.
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