Thoreau, « l’homme qui vit ce qu’il pense et pense ce qu’il vit »

Chantre du retour à la nature, père spirituel de la désobéissance civile, abolitionniste, Henry David Thoreau (1817-1862) refuse de payer ses impôts quand il apprend la future annexion du Texas (esclavagiste) à l’Union et la guerre avec le Mexique qui s’en suit. Ce panthéiste a vécu deux ans dans une cabane retirée au bord d’un lac, dans la forêt, en quasi-autarcie, ce qui fut à l’origine de son ouvrage le plus célèbre : « Walden ou la vie dans les bois ». Passionné par l’hindouisme et les philosophies orientales, il a toujours défendu le relativisme culturel.

Même s’il est déçu par le Canada au retour d’un voyage au Québec, il rappelle que Jacques Cartier avait fondé Montréal près d’un siècle avant l’arrivée du May-flower à Plymouth, montrant ainsi que la vision puritaine de l’histoire du Nouveau Monde ne tenait pas.

La frugalité est son mode de vie : « L’homme est riche en proportion du nombre de choses dont il peut se passer ». Grand marcheur, il incarne et exprime mieux que quiconque cet appel de la Wilderness, qui constitue, pour partie, l’âme de la nation américaine.

Géomètre, cartographe, naturaliste, fasciné par les Indiens, il n’a pu mener à bien son grand projet auquel il avait pourtant consacré les douze dernières années de sa vie : retrouver le monde perdu des premiers habitants, faire revivre l’Amérique originelle.

Lire Thoreau, c’est dresser une ligne entre lui et Gandhi, comprendre, à la fois, la décolonisation de l’Inde et l’émergence, en Occident, du mouvement écologiste.

Pour en savoir plus : première biographie en français, Henry David Thoreau, le célibataire de la nature, de Thierry Gillybœuf, Fayard, 2012.