VÉTÉRINAIRE CANIN AU SERVICE DE LA PATRIE

Notre mission principale consiste à recruter, puis à former des équipes cynophiles, indique le lieutenant-colonel Arbiol, qui assure le commandement de la brigade. Une équipe se compose d’un chien, d’un maître-chien, d’un assistant et d’un véhicule. » Les chiens de la gendarmerie suivent des formations spécialisées. Pour les animaux “défense”, les capacités d’attaque utiles pour maîtriser un individu sont développées. Le Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) et ses hommes d’élite poussent même plus loin leurs “recrues” : les chiens d’assaut, très calmes, sont capables d’attendre longtemps mais susceptibles d’attaquer redoutablement sur ordre du maître-chien… Les aptitudes canines d’olfaction sont appréciées pour la recherche (stupéfiants, cadavres, traces de sang, accélérateurs d’incendie, personne enfouie sous une avalanche, etc.) et le pistage (recherche d’un individu à partir d’un objet qui lui a appartenu).

Chaque chien a une spécialité, mais en travaille parfois deux. Ces compétences évoluent avec le temps et l’émergence de certains trafics. Ainsi, la recherche de stupéfiants a favorisé l’entraînement de chiens spécialisés dans la détection des billets de banque. « Nous disposons, sur tout le territoire national, pratiquement de 525 équipes cynophiles projetables sur le terrain, déjà constituées en peloton de surveillance et d’intervention ou en groupes d’interventions à compétence régionale, précise le lieutenant-colonel Arbiol. Sur le site de Gramat, 115 chiens en moyenne sont présents, soit en formation soit à demeure et très spécialisés, prêts à intervenir en France ou à l’étranger. Notre vétérinaire a pour vocation de nous apporter une vision médicale lors du recrutement des animaux à partir de visites d’achat, tout en assurant les soins classiques sur les chiens. »

Les techniques d’apprentissage reposent avant tout sur le jeu. Le dressage du chien s’effectue à partir d’un tube en plastique percé – le jouet – susceptible de contenir la matière sur laquelle le chien se spécialise : cannabis, explosifs, billet, hydrocarbure, etc. Les jeux deviennent de plus en plus complexes, afin d’adapter l’animal à toutes les situations.

Un cabinet vétérinaire presque comme les autres

François Dulieu estime que son activité de base est assez classique. Ce praticien dispose d’un véritable cabinet vétérinaire au sein du Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie.

« En termes de personnel, je travaille avec une secrétaire, qui est aussi mon assistante et m’aide dans mes interventions, explique notre confrère. Concernant le matériel, je dispose d’un analyseur, d’une radiographie pour les visites d’achat et d’un bloc opératoire. Mon installation comporte également une pharmacie qui recouvre l’ensemble de mes besoins. » François Dulieu développe ses petites spécificités. La première est la dentisterie, car ces chiens entraînés au mordant sont dans l’obligation de présenter une dentition en excellent état. Notre confrère a même développé une collaboration avec un prothésiste dentaire. La seconde spécialisation est plus personnelle : l’acupuncture, qui a droit de cité dans ce cabinet atypique.

Les chiens suivent une sélection rigoureuse, qui comprend la détection avant la sélection et le débourrage avant la mise en formation. Le maître-chien doit également réussir la sienne. Celle-ci s’achève avec une évaluation psychologique qui a pour vocation de faire correspondre les maîtres et les animaux. Durant ce travail de sélection, le vétérinaire intervient en tant qu’expert auprès du commandement. Si certaines races, telles que le malinois pour la défense et le saint-hubert pour la recherche, sont privilégiées, le rapport entre celles-ci et la fonction dédiée relève davantage de la morphologie : les chiens destinés à la recherche de stupéfiants sur les bateaux doivent, par exemple, être capables de se faufiler dans des espaces étroits. Ils ont donc plutôt un petit gabarit. Lors de la sélection, l’animal est testé pendant un mois, avant que la gendarmerie ne confirme l’achat. Le chien incorporé reçoit un matricule et, plus tard peut-être, des médailles !

Vaccination en Afghanistan

Les maîtres-chiens et les vétérinaires ne font que passer sur le site de Gramat, car travailler dans l’armée suppose des mutations : « Nous sommes un peu plus de 70 vétérinaires militaires. Nous occupons des postes de commandement, de recherche, de santé animale pure où qui regroupent hygiène alimentaire, eau, épidémiologie et santé animale. » Ces compétences spécifiques sont acquises lors des neuf mois de formation de l’école d’application du service de santé des armées du Val-de-Grâce.

François Dulieu n’a cependant pas oublié ses expériences d’étudiant en médecine rurale. Il a même organisé, dans le cadre d’une mission en Afghanistan, une vaccination généralisée des cheptels : « J’ai conscience de ne pas avoir forcément lutté contre les maladies animales, mais j’ai pu constater que ces actions ont indirectement protégé nos troupes sur le terrain en permettant leur meilleure acceptation. » Aussi, François Dulieu conserve son attachement à l’action militaire, au point de se porter volontaire pour une opération extérieure. Pour le vétérinaire, l’armée mène à tout… partout !