Reportage
Auteur(s) : Stephan Mahler
À l’école de Calgary, au Canada, les étudiants vétérinaires acquièrent des compétences cliniques, notamment grâce à des animaux mannequins. Une clinique fictive leur permet de s’exercer aux réalités du métier auxquelles ils seront confrontés au bout de quatre ans de formation.
La faculté de médecine vétérinaire (FMV) de l’université de Calgary au Canada a ouvert en 2005. Créée après plusieurs crises de santé animale, dont celle de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), elle est entièrement financée par la province d’Alberta. Seuls les résidents de cette dernière de nationalité canadienne (ou résidents permanents) peuvent postuler à la FMV de Calgary. Ils doivent préalablement étudier, pendant deux ans au minimum après leur High School (l’équivalent du cycle secondaire en France), dans un établissement d’enseignement supérieur. Aucune préférence n’est donnée à tel collège, tel programme d’enseignement ou telle université. En revanche, ces candidats sont tenus de valider dix unités pédagogiques obligatoires. Celles-ci incluent la biologie, la chimie organique, la génétique, l’écologie et l’anglais. La sélection des dossiers s’effectue alors sur la base du Grade Point Average, un score global et unique, qui compile toutes les notes obtenues pendant les deux dernières années et dans toutes les disciplines de leur enseignement supérieur.
Une fois sélectionnés, les étudiants sont convoqués pour une journée d’épreuves. La première consiste en la rédaction d’un essai sur un thème de culture générale. Les candidats participent ensuite à une série d’entretiens avec des membres de la faculté et des praticiens. Ces six à huit rencontres de dix minutes sont de courtes mises en scène au cours desquelles un scénario précis est imposé aux étudiants. Ces derniers sont confrontés à un problème ou à une situation particulière, et jugés selon leurs compétences, leur manière de penser et de réagir. Au terme des sélections, une trentaine de postulants sont retenus.
Le bâtiment le plus remarquable de la FMV est le Clinical Skills Building (immeuble des compétences cliniques) : il est au cœur de l’enseignement des compétences des étudiants. Ces derniers y passent 50 % de leur temps lors des trois premières années de formation, qui en compte quatre au total. Les aménagements de cet édifice incluent notamment une bibliothèque, des blocs de chirurgie pour les petits et grands animaux, ainsi que des salles de cours, d’enseignement d’anatomie, d’imagerie médicale, d’anatomopathologie. Le Clinical Skills Building comprend également des locaux d’hébergement permanent pour les animaux d’expérimentation (bovins, chevaux, chiens et chats).
Dès la première année, les étudiants développent leurs compétences cliniques. Ils sont immédiatement formés à la contention, ainsi qu’aux propédeutiques médicale et chirurgicale. De nombreux modèles et simulateurs sont également disponibles et limitent le recours aux animaux pour des actes invasifs et/ou répétitifs. Les futurs praticiens utilisent ainsi des mannequins pour apprendre les sutures, la réanimation cardiovasculaire, les ponctions veineuses, la traite des vaches, la fouille rectale, etc.
Un des outils les plus impressionnants est un simulateur de dystocie chez la vache (voir photo), mis au point par l’université de Calgary. Un veau articulé est placé dans une poche (qui reproduit un utérus) à l’intérieur d’une “vache” grandeur nature. L’étudiant peut alors travailler sa perception et sa technique pour corriger une dystocie.
La FMV n’est associée à aucun hôpital. Les étudiants ne voient aucun animal pendant les trois premières années du cursus. En revanche, ils ont accès à une infrastructure exceptionnelle : la faculté a créé une clinique fictive, qui comporte un accueil et trois salles de consultation. Des acteurs sont sollicités pour jouer le rôle des clients selon des scénarios variés, tels que les propriétaires anxieux, furieux, en larmes, insupportables, etc. Lors de ces “consultations”, les étudiants sont continuellement observés : en effet, les salles sont équipées de caméras et de vitrages sans tain derrière lesquelles s’installent les enseignants, qui évaluent et corrigent leurs élèves. Ce n’est qu’au cours de leur quatrième et dernière année que les étudiants vont compléter leur formation par des stages dans des structures privées, que l’université soutient sur le plan financier.
→ Velmahos G.C., Toutouzas K.G., Sillin L.F. et coll. Cognitive task analysis for teaching technical skills in an inanimate surgical skills laboratory. Am. J. Surg. 2004;187:114-9.
→ Sullivan M.E., Ortega A., Wasserberg N. et coll. Assessing the teaching of procedural skill : can cognitive task analysis add to our traditional teaching methods? Am. J. Surg. 2008;195: 20-3.
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