Sensibiliser les chefs d’entreprise à l’intelligence économique

La sécurité économique concerne autant les très petites, petites et moyennes entreprises (PME et TPE) que les grands comptes, quels que soient le secteur d’activité et leur taille. Collecter, protéger, analyser et valoriser ses informations économiques pour créer de la valeur, renforcer sa structure et prévenir les risques immatériels (le savoir-faire, l’innovation, l’image, la réputation) : c’est ce que le gouvernement appelle l’intelligence économique.

Si cela paraît évident, les petites sociétés françaises ne semblent pas en avance sur ce point, alors que la concurrence entre les acteurs s’accroît et qu’elles ne sont à l’abri ni d’actes malveillants ni de perte de compétitivité. Moins de la moitié des PME pratiqueraient l’intelligence économique ou prendraient le temps de faire de la veille stratégique. C’est ce que pointait notamment Sophie Larivet, chercheuse en sciences de gestion à l’occasion d’un colloque organisé du 19 au 23 mai, à l’Institut des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ), placé sous la tutelle du Premier ministre. Parmi les raisons énoncées figurent un manque de culture ou une méconnaissance des questions d’intelligence économique, ainsi que des moyens insuffisants pour mettre en œuvre une telle stratégie. Si une meilleure prise de conscience des chefs d’entreprise en France existe, des améliorations sont à prévoir.

Un guide de l’intelligence économique

Face à cette situation, le patronat, dont la confédération générale CGPME Paris Île-de-France, et le gouvernement, via la Délégation interministérielle à l’intelligence économique (D2IE), se mobilisent aujourd’hui : ces acteurs se sont réunis début avril, pour présenter trois nouveaux outils d’intelligence économique dédiés aux entreprises de toutes sortes.

Le Guide du routard 2014 de l’intelligence économique est disponible depuis le mois d’avril. Il est destiné à tout type de structure, quel que soit son secteur d’activité. Il intègre des témoignages qui expliquent comment mettre en œuvre une démarche d’intelligence économique. S’y ajoutent un glossaire, une base de données et des outils de veille, ainsi que les coordonnées de conseillers par région. Ce guide est conçu par plusieurs acteurs publics et privés, dont la chambre de commerce et d’industrie de France (CCI) et le Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables (CSOEC).

Évaluer sa vulnérabilité

Les dirigeants peuvent également se servir du logiciel d’auto-évaluation de la D2IE, nommé Dièse (diagnostic d’intelligence et de sécurité des entreprises) : il est utile pour ceux qui souhaitent peaufiner leur sécurité économique. Cet outil évalue les failles ou les vulnérabilités de la structure et du niveau de sécurisation. Téléchargeable gratuitement¹ sur le site gouvernemental, il a été codéveloppé par plusieurs acteurs, dont l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), l’Institut national de la propriété industrielle (Inpi), le réseau de grandes entreprises Cigref et la CGPME. Enfin, une série de 22 fiches de sécurité informatique, publiées également début avril, compilent des bonnes pratiques, mises à jour régulièrement. D’autres rendez-vous destinés à sensibiliser toujours plus les chefs d’entreprise auront lieu en juin prochain. Parmi eux, les sixièmes Rencontres parlementaires sur la sécurité nationale. Celle du 6 juin aura pour thème : « La sécurité économique et du patrimoine informationnel : quelles coopérations État-entreprises ? ».

• 1 http://www.portail-ie.fr/article/1031/Lancement-de-3-outils-d-Intelligence-economique-pour-les-TPE-PME