L’art à l’âge du renne

La vallée de la Vézère concentre un nombre impressionnant de sites préhistoriques majeurs – dont quinze inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco – qui témoignent de l’achèvement de l’art des chasseurs-cueilleurs du paléolithique supérieur dans le domaine tant pariétal que mobilier (art des objets). La découverte, il y a 150 ans, dans l’abri de la Madeleine à Tursac (Dordogne), de fragments d’ivoire gravés a apporté pour la première fois la preuve indubitable que l’homme des cavernes avait été le contemporain d’espèces disparues comme le mammouth. La science préhistorique alors naissante fera de la Madeleine le site éponyme de ce que certains considèrent comme la première véritable civilisation européenne. Répandue du Portugal à la Pologne aux derniers temps glaciaires (de 17 000 à 12 000 avant aujourd’hui), la culture magdalénienne a développé, notamment avec le travail de l’os, une maîtrise de la figuration animale particulièrement bouleversante. L’optimum de cet art, à partir de 15 000 BP, est aujourd’hui analysé comme un “chant du cygne” des chasseurs de rennes avant le réchauffement climatique qui allait modifier irrémédiablement la faune ambiante et imposer de nouvelles façons de vivre.

Les objets d’art magdalénien (lissoirs, propulseurs, baguettes, etc.) qui firent la célébrité de la Madeleine et du site voisin de Laugerie-Basse ont été rassemblés pour une exposition¹ à découvrir cet été au très beau Musée national de la pré­histoire, aux Eyzies-de-Tayac.

• 1 Cette exposition est prolongée par une autre, à Périgueux, au Musée d’art et d’archéologie du Périgord.

• Grands sites d’art magdalénien, La Madeleine et Laugerie-Basse, il y a 15 000 ans, Musée national de la préhistoire, 1 rue du Musée, 24620 Les Eysies-de-Tayac, du 21 juin au 10 novembre 2014, www.musee-prehistoire-eyzies.fr