L’épopée de l’élevage charolais

Fille d’éleveur et passionnée d’histoire, Dominique Fayard s’est rendue compte que rien ou presque n’avait été publié sur les commerçants en bestiaux. De sa thèse de DEA, elle a tiré ce livre, qui retrace l’histoire de la filière viande, en partant de l’observation des transactions dans le berceau de la race bovine charolaise. Au départ, les emboucheurs achetaient de jeunes bêtes aux éleveurs-naisseurs du Charolais. Engraissé à l’herbe dans le Brionnais, le bétail gras fini était vendu sur de multiples foires à des intermédiaires, fournisseurs des bouchers des grandes villes. Mais au milieu du xx^e siècle, dans le goût des consommateurs, le “gras” recule devant le “maigre”. Dans l’après-guerre, les éleveurs organisent eux-mêmes la vente de leurs animaux. Aujourd’hui, le bétail est commercialisé par des groupements et des sociétés privées de négoce. Le bétail est devenu l’objet d’un marché européen et mondial où les jeunes bovins maigres produits en charolais sont concurrencés à l’export par ceux d’autres pays. Et l’auteure de conclure : « Si la concentration se poursuit, moins il y aura d’exploitations agricoles, moins les commerçants seront nombreux. La vraie question est celle-ci : est-il possible et souhaitable de passer d’un élevage bovin allaitant extensif à l’herbe tel qu’il est pratiqué aujourd’hui à une production en batterie, comme dans la volaille ou le porc ? L’avenir des commerçants et des éleveurs est entre les mains des consommateurs et des pouvoirs politiques, notamment européens. C’est à eux de choisir quel élevage et quelle viande ils veulent pour demain ».

• Le commerce du bétail charolais, histoire d’une filière viande, xix^e-xx^e siècles de Dominique Fayard, Coll. Tables des hommes, PUR et PUFR, 15,5 x 24 cm, 404 pages, 24 €.