Diversifier son portefeuille : acheter des euros Sempé

La Monnaie de Paris a lancé une collection particulière le 2 juin dernier. Il s’agit d’une émission d’euros en or et en argent, dessinés par Sempé, l’illustrateur du Petit Nicolas, dont l’auteur est René Goscinny. Loin d’intéresser seulement les collectionneurs, ces “euros originaux” sont recherchés par les spéculateurs.

La Monnaie de Paris édite 14 pièces en argent et une pièce en or, en série limitée, sur le thème des valeurs républicaines que sont la liberté, l’égalité et la fraternité. Depuis le 2 juin dernier, il est possible d’acquérir les sept premières en argent. Il faudra attendre la rentrée pour acheter les autres pièces, dont deux en argent de 50 €. Celles-ci représentent la paix dans les versions printemps, été, automne, hiver. Une pièce exceptionnelle de 500 € en or pur sera également commercialisée.

UNE DOUBLE VALEUR

Cette collection est originale à plus d’un titre. Cette édition spéciale revêt à la fois une dimension financière et une autre artistique. La première réside dans la valeur faciale. Autrement dit, l’acheteur ne prend aucun risque puisque sa pièce de 10 € vaudra toujours la même somme au minimum. Il ne s’agit pas d’une copie ou d’une reproduction, mais de véritables euros. Si un commerçant fait grise mine à la vue de ceux-ci, il ne faut pas hésiter à se rendre dans une banque, où ils seront échangés contre des euros communs.

UNE VALEUR ARTISTIQUE

En dehors des pièces de 50 € et de 500 €, les autres affichent un montant accessible à tous ou presque. En argent et en or, elles sont vendues à partir de 10 € et un “plus” les accompagne. Chaque pièce est effectivement vendue avec un dessin de Sempé. L’ensemble est fourni dans une pochette. Il est déconseillé d’ouvrir cette dernière et de séparer l’euro du dessin, à moins de vouloir absolument le dépenser.

L’idéal est d’opter pour la collection complète. Cette dernière aura plus de valeur que chaque pièce prise une à une. Comme il s’agit d’une édition limitée, le principe même de la rareté en fait un outil de spéculation. L’opération a été un succès, le lundi 2 juin, puisqu’il était possible de se procurer les sept premières pièces en argent dans les 2 800 bureaux de poste. Ce qui est plus difficile, désormais, sur le marché primaire. Se rapprocher du site de la Monnaie de Paris permet de faire le point.

UNE DIVERSIFICATION PATRIMONIALE

Faut-il souscrire ? Oui, mais dans des conditions raisonnables. C’est à la fois un plaisir et une diversification patrimoniale qui n’a rien de stupide. Les matières premières nobles sont parfois susceptibles de “flamber”. Contrairement à l’or et à l’argent – qui en tant que tel peuvent s’effondrer, ne pas bouger ou atteindre des sommets –, ces euros particuliers ne font courir aucun risque puisque leur possesseur est assuré de s’en séparer à leur valeur d’achat. Ces pièces ont une autre vertu : elles peuvent à la fois intéresser les enfants, enrichir leur culture, mais aussi les familiariser avec l’histoire, la bande dessinée, l’art et la gestion d’une épargne. Un peu à la manière des usages d’antan où des napoléons étaient offerts.

Les précédentes émissions ont parfois rencontré un grand succès patrimonial. La pièce en argent consacrée à Mayotte, qui fait partie de la collection des euros des régions, vaut 15 fois plus que sa valeur faciale, par exemple.

Généralement, les tirages limités des pièces de la Monnaie de Paris conjuguent des valeurs faciale (donc marchande) et financière, des matières premières (argent ou or), ainsi qu’une création artistique. Cela forme un cocktail gagnant.

L’acquéreur prend seulement le risque de voir cet investissement stagner ou gagner en valeur, jamais celui d’en perdre.