Collapsus trachéal chez le chien - La Semaine Vétérinaire n° 1593 du 11/07/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1593 du 11/07/2014

Formation

Animaux de compagnie

Auteur(s) : JULIEN CABASSU

Fonctions : diplomate ECVS et ACVS, clinique Cabassu à Marseille (Bouches-du-Rhône).

POINTS FORTS

– Le collapsus trachéal est principalement observé chez les petites races et peut entraîner des détresses respiratoires aiguës.

– Un traitement médical multimodal doit être mis en place rapidement et permet de contrôler ces signes dans la majorité des cas.

– Chez les chiens qui ne répondent pas ou plus au traitement médical, la mise en place d’anneaux extratrachéaux ou d’un stent endoluminal permet souvent d’éliminer les épisodes de détresse respiratoire.

Le collapsus trachéal est une maladie dégénérative progressive, diagnostiquée couramment chez les chiens de petite taille et de race naine (yorkshire, loulou de Poméranie, caniche, etc.), d’âge moyen à avancé, qui présentent une toux.

PATHOPHYSIOLOGIE

L’origine de cette maladie est encore incertaine et probablement multifactorielle. Une anomalie primaire des cartilages (perte de rigidité) est suspectée, ainsi que des facteurs secondaires aggravants, tels que des irritations des voies aériennes, une bronchite chronique, une paralysie laryngée, une infection des voies respiratoires, l’obésité et une intubation endotrachéale. Cette affection est souvent le résultat d’un cartilage hypocellulaire, avec un contenu en glycosaminoglycanes et en calcium diminué, ce qui entraîne un affaiblissement et un aplatissement des cartilages trachéaux.

Cette anomalie peut également être associée à une laxité de la membrane trachéale dorsale. Une obstruction dynamique plus ou moins sévère de la lumière trachéale est alors observée, provoquant une toux sèche et potentiellement une dyspnée sévère. Le collapsus est focal (cervical ou intrathoracique) ou diffus (du cartilage cricoïde à la carina). Il est susceptible d’évoluer jusqu’à atteindre les bronches et les bronchioles. Il s’agit alors de trachéobronchomalacie.

DIAGNOSTIC

Signes cliniques

Les animaux présentent des signes qui vont de la classique toux sèche, intermittente, à une détresse respiratoire sévère. Ceux-ci sont généralement présents depuis plusieurs années. Le diagnostic est d’abord envisagé d’après la présentation clinique et les commémoratifs. Une toux est en général déclenchée par la palpation de la trachée. Les examens d’imagerie confirment le diagnostic.

Radiographie

Des radiographies du thorax et de la région cervicale (voir photo 1) permettent d’évaluer l’étendue du collapsus, qui peut être :

→ cervical (13 à 35 % des cas) ;

→ thoracique (8 à 19 % des cas) ;

→ cervico-thoracique (46 à 79 % des cas).

Une radiographie est effectuée en fin d’inspiration et, de manière optimale, elle est complétée par un second cliché pris en expiration. La trachée cervicale a tendance à collapser lors de l’inspiration, celle thoracique lors de l’expiration. Il importe de noter que l’examen radiographique sous-estime la fréquence et la sévérité du collapsus trachéal.

Endoscopie

Une endoscopie des voies respiratoires permet de visualiser de manière dynamique l’étendue du collapsus, d’en établir le grade selon la diminution du diamètre de la lumière trachéale (voir tableau) et d’observer un éventuel collapsus des bronches principales (jusqu’à 46 % des cas). Un examen laryngé est réalisé au préalable afin de détecter une éventuelle paralysie ou un collapsus laryngé.

OPTIONS THÉRAPEUTIQUES

Traitement médical initial

La prise en charge est tout d’abord médicale et multimodale. Un traitement à base d’anti-inflammatoires stéroïdiens, d’antitussifs, de sédatifs et de bronchodilatateurs est à mettre en place, parfois associé à un antibiotique (amoxicilline/acide clavulanique 13 à 18 mg/kg matin et soir, doxycycline 5 à 10 mg/kg matin et soir). Il doit être associé à un traitement hygiénique adapté, tel qu’une perte de poids, une diminution de l’exercice et/ou de l’exposition à la chaleur, et au remplacement du collier par un harnais. Il est également recommandé de limiter l’exposition à certains allergènes et à la fumée de cigarettes. La prise en charge de maladies cardiaques, endocriniennes ou pulmonaires est également essentielle. Le traitement médical et hygiénique est le plus souvent efficace et entraîne la disparition des signes cliniques jusque dans 71 % des cas initialement.

Traitement chirurgical

Une prise en charge chirurgicale est à envisager lorsque le traitement médical n’est plus efficace. Deux techniques sont reconnues dans le traitement du collapsus trachéal : la mise en place d’anneaux extratrachéaux et celle d’un stent trachéal endoluminal. Elles apportent une régression des signes cliniques dans 75 à 90 % des cas qui ne répondent plus au seul traitement médical.

Le choix de l’une ou de l’autre des techniques dépend de l’étendue, de la localisation et du grade du collapsus, ainsi que de l’âge et de l’état général de l’animal. Discuter avec les propriétaires des avantages et des complications liés à chaque technique importe également. Le traitement médical doit être poursuivi dans la période postopératoire immédiate, avant de tenter un sevrage progressif. Une toux persiste de façon chronique dans 50 % des cas environ. Le but premier de ces techniques chirurgicales est de limiter, voire d’éliminer les épisodes de détresse respiratoire chez ces chiens.

→ Des anneaux extratrachéaux en forme de C, en polypropylène, peuvent être placés autour de la trachée cervicale et de la portion thoracique atteignable par simple traction (voir photo 2), afin d’améliorer le maintien du diamètre trachéal en augmentant sa rigidité. Cette technique est donc recommandée principalement pour les chiens dont le collapsus est limité à la trachée cervicale et à l’entrée du thorax. Elle donne également de bons résultats chez les animaux qui présentent un collapsus cervical et intrathoracique, selon une publication récente. Cette procédure n’est cependant pas conseillée chez les chiens avec un collapsus exclusivement intrathoracique. Les bons résultats observés chez des chiens qui ont un collapsus cervical et intrathoracique s’expliqueraient par le fait que la majorité des anomalies fonctionnelles associées au collapsus trachéal sont directement liées à la phase inspiratoire, pour laquelle la trachée cervicale joue un rôle prépondérant. Les collapsus trachéaux intrathoracique et bronchique sont plutôt présents lors de la phase expiratoire forcée (toux). Seul le traitement médical est en mesure d’influer sur leur importance. Les complications associées à cette technique sont principalement une mortalité postopératoire associée ou non à une détresse respiratoire (6 à 9 %) et une paralysie laryngée (11 à 21 %) qui nécessite un traitement chirurgical. Une diminution des signes cliniques est constatée dans 75 à 85 % des cas. Une survie moyenne de quatre ans et demi est rapportée, sans différence notée entre les chiens diagnostiqués avec un collapsus cervical et ceux avec un collapsus diffus.

→ Un stent trachéal endoluminal peut également être mis en place (voir photos 3A et 3B). Selon le chirurgien, le stent est placé au niveau de la région atteinte du collapsus ou sur l’ensemble de la trachée (de la région caudale au larynx à la région craniale à la carina). Ces dispositifs sont en nitinol (excellente élasticité, mémoire thermale de la forme) et autodéployants. Leur longueur varie selon le diamètre auquel ils se déploient. Ainsi, le planning préopératoire qui inclut des mesures précises de la trachée tient une place importante dans le succès de l’intervention. Le placement du stent s’effectue à l’aide d’un endoscope ou d’un examen fluoroscopique. Les complications associées sont :

→ à court terme, une mortalité (autour de 10 %), une pneumonie par aspiration ;

→ à long terme, une fracture ou une migration du stent, une hyperplasie de la muqueuse trachéale ou le développement d’un tissu de granulation, une trachéite (inflammatoire ou bactérienne).

Une étude montre que la majorité des propriétaires sont satisfaits du résultat, même si une toux résiduelle, qui nécessite un traitement médical, est le plus souvent observée plusieurs mois après l’intervention. L’absence de détresse respiratoire associée à celle-ci justifie la satisfaction des propriétaires. Les avantages de cette technique sont la durée relativement courte de l’anesthésie générale nécessaire au placement de l’implant, l’augmentation immédiate du diamètre trachéal et le caractère non invasif du procédé.

Bibliographie

  • Becker W. M., Beal M., Stanley B. J. et coll. Survival after surgery for tracheal collapse and the effect of intrathoracic collapse on survival.
  • Vet Surg. 2012;41 (4):501-6.
  • Durant A. M., Sura P., Rohrbach B. et coll. Use of nitinol stents for end-stage tracheal collapse in dogs. Vet Surg. 2012;41 (7):807-17.
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