Effets de l’incorporation d’insectes dans l’alimentation des poulets au Zimbabwe - La Semaine Vétérinaire n° 1593 du 11/07/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1593 du 11/07/2014

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/VOLAILLES

Auteur(s) : Ludivine Velay

Le poulet occupe une place particulièrement importante dans les pays en voie de développement, tels que le Zimbabwe. Cette viande constitue effectivement une source de protéines facilement disponible.

Sur le continent africain, quelque 800 millions de poulets sont dénombrés. 80 % d’entre eux environ sont élevés dans des systèmes traditionnels au sein des villages, où les habitants ne peuvent se permettre de fortes dépenses pour les nourrir. Or il est important de noter que l’aliment constitue 65 % du coût de production du poulet.

De plus, l’élevage a modifié au fil du temps le régime naturel des volailles en substituant aux protéines animales d’autres végétales, qui compromettent la santé des animaux par une diminution de la palatabilité. La problématique consiste donc à nourrir les animaux à moindres frais, tout en les maintenant en bonne santé avec des protéines adaptées à leur régime originel. L’idée d’inclure dans la ration des poulets de chair des insectes, qui sont abondants dans les pays tropicaux et non utilisés pour nourrir l’homme, a donc fait son chemin.

LES TERMITES ET LES PUNAISES ÉTUDIÉES

Une étude1 menée au Zimbabwe s’intéresse à deux espèces d’insectes, Macrotermes sp. (une termite) et Encorsternum delegorguei (une sorte de punaise), afin de mesurer les effets de l’incorporation d’insectes dans l’alimentation des animaux.

Trois groupes de dix poulets sont constitués : un lot témoin et deux autres qui reçoivent, au bout d’une semaine d’âge et ce jusqu’au 42e jour, des insectes dans leur alimentation, respectivement Macrotermes sp. et Encorsternum delegorguei. Le taux d’incorporation des insectes dans la ration est à hauteur de 3 %. L’aliment et l’eau sont distribués ad libitum. Le poids initial des volailles est de 48 g. Chaque oiseau, identifié par un ruban à la patte, est ensuite pesé individuellement tous les jours en fin de journée, à la même heure, et sa note d’état corporel est relevée. La nourriture consommée est également pesée, et la température et l’humidité sont contrôlées. Les animaux sont abattus à 45 jours et les différents organes sont pesés séparément (carcasse, membres, foie, gésier, cœur, intestins, tête).

DES RÉSULTATS PROMETTEURS

Durant l’étude, la température en journée oscille entre 25 et 35 °C et la nuit entre 15 et 20 °C, avec une humidité de 75 % en moyenne. Durant cette période, les orages n’affectent pas la prise alimentaire. Le poids des animaux des trois lots double tous les cinq jours. La vaccination contre la maladie de Gumboro à 12 et 18 jours d’âge n’induit pas de modification dans la fréquence de la prise alimentaire.

Les résultats de l’étude montrent que les poulets qui reçoivent une alimentation incorporant Encorsternum delegorguei ont une masse inférieure aux deux autres groupes à l’abattage : 2,581 kg, versus 2,661 kg pour le lot Macrotermes sp. et 2,665 kg pour le témoin. Les volailles nourries avec Macrotermes sp. ont, quant à elles, une masse supérieure à l’effectif témoin jusqu’au 25e jour, date après laquelle ce dernier passe à la première place pour le gain de poids.

Par ailleurs, s’il existe une différence significative entre les taux de croissance des mâles et des femelles (plus bas) quel que soit le lot, celui des coqs est le même dans tous les groupes. Ce phénomène vaut également pour celui des femelles. Cela signifie que l’incorporation d’insectes n’a pas d’impact sur le taux de croissance de base des animaux, chez les mâles comme chez les femelles.

PLUSIEURS ATOUTS

D’un point de vue nutritionnel, Encorsternum delegorguei représente une valeur calorique de 621 kcal pour 100 g, avec 35 % de protéines. Il est par ailleurs facile à récolter sur ses sites d’hivernage et de ponte. Concernant Macrotermes sp., ces valeurs atteignent 761 kcal pour 100 g, avec 21 % de protéines.

Les résultats de cette étude révèlent que les insectes sont donc susceptibles de remplacer une partie de l’aliment industriel sans effets délétères et pour un prix plus attractif. En effet, il n’existe pas de différence significative entre les oiseaux des trois groupes qui sont, de plus, en bon état de santé, avec des organes internes sans anomalies visibles dans les trois effectifs étudiés. Les aliments industriels sont appropriés pour les animaux et permettent de correspondre aux attentes des fournisseurs. L’aliment supplémenté avec des insectes ne montre pas de différences significatives avec celui industriel et peut donc le remplacer.

De plus, la chitine contenue dans les insectes qui n’est pas digérée par les poulets sert de lest et facilite le transit dans le gésier. Les insectes sont, en outre, riches en graisse, ce qui aide l’organisme des volailles à absorber la vitamine D.

  • 1 Shadreck D., Mukwanise T. Effect of including some insects as feed supplement on broilers reared in Zimbabwe. International Journal of Poultry Science.13 (1):42-46, 2014.

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