Dossier
Auteur(s) : Stéphanie Padiolleau
L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) dresse un état des lieux des modes d’utilisation des antibiotiques chez les animaux. Dans un rapport, elle présente ses conclusions et propose un classement des usages associés aux risques que ces molécules présentent dans l’émergence des résistances bactériennes, évalués selon la dangerosité en santé publique. L’avis publié lors de la parution du rapport reprend ses conclusions.
Les modalités d’utilisation des antibiotiques dans les différentes filières animales sont recensées et analysées1 par l’Anses, par type d’affection et pour chaque famille d’antibiotiques. Le tableau ainsi dressé est global, et vise à donner une vue d’ensemble afin d’évaluer ensuite les risques que chaque usage d’antibiotique représentera vis-à-vis de l’émergence de résistances potentiellement dangereuses pour la santé publique. L’objectif est clair : il s’agit de déterminer ce qui peut menacer la santé publique. Par conséquent, certaines recommandations du rapport publié par l’Anses peuvent paraître plus restrictives que d’autres ou, d’un point de vue concret, plus difficiles à expliquer à ses clients.
Le but est d’identifier les situations dans lesquelles il est possible de réduire le recours aux antimicrobiens, afin de diminuer la pression de sélection sur les bactéries. Aussi, à la fin du rapport, après le recensement de ce qui est aujourd’hui utilisé en élevage et chez les animaux de compagnie, une classification des pratiques est établie, selon qu’elles sont jugées « à risque et à abandonner » sans délai ou après un temps de mise en place de mesures correctrices ou alternatives, ou « à encadrer » pour celles dont il serait difficile de se passer mais qui présentent un risque vis-à-vis de l’antibiorésistance. Une dernière liste précise les pratiques qui ne comportent pas de risques particuliers.
L’Anses a présenté en détail les usages classés à risque, qui devront être abandonnés plus ou moins tôt, ou pour lesquels elle juge qu’un encadrement (réglementaire ou par des référentiels) est conseillé (voir tableau pages 26 et 27).
L’utilisation d’antibiotiques en prévention est déconseillée chez toutes les espèces, y compris pour les interventions chirurgicales de convenance des animaux de compagnie. Quelques exceptions sont notées par filières soit parce que des traitements sont imposés par les contraintes réglementaires liées à l’export des animaux, soit parce que des mesures alternatives ne sont pas encore identifiées ou validées. La pratique de la métaphylaxie n’est, elle, pas déconseillée pour tous les antibiotiques. Cependant, l’Anses recommande de valider des indicateurs appropriés et des critères de prescription.
L’utilisation de spécialités ou de voies d’administration en dehors des limites des autorisations de mise sur le marché (AMM), ainsi que celle de molécules ou de spécialités humaines sont également fortement décriées. Plusieurs exceptions à la règle (traitement de la rhodococcose chez le cheval, par exemple), qui demanderaient un encadrement réglementaire, sont également mentionnées.
Il est conseillé de privilégier les molécules à spectre étroit et d’éviter les associations autres que dans un but de synergie sur la bactérie visée. Cela suppose une identification préalable.
Des principes généraux d’utilisation s’appliquent à toutes les modalités pour lesquelles l’Anses recommande un encadrement : pas d’utilisation systématique, justification du recours à ces modalités, pas d’utilisation de longue durée, et prescription de mesures d’accompagnement. Des restrictions sur l’utilisation des céphalosporines de troisième et quatrième générations et des fluoroquinolones sont émises. Il convient notamment de ne pas les administrer en première intention, afin d’en réserver l’usage à des situations spécifiques et encadrées, ou validées par des référentiels de bonnes pratiques.
Le rapport de l’Anses synthétise l’ensemble des connaissances et des données de surveillance relatives à l’antibiorésistance. Il souligne que « d’importants travaux restent nécessaires pour mieux évaluer le lien entre les usages et les résistances ». Le suivi des ventes d’antibiotiques effectué par l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) devrait être complété par un suivi des prescriptions et des délivrances. En effet, seul, il ne permet pas de suivre avec précision ce qui se passe sur le terrain : le détail par type de production n’est pas possible. Seul celui par espèce l’est. En outre, tous les antibiotiques utilisés dans le cadre de la cascade ou hors des limites de l’AMM ne sont pas pris en compte pour l’espèce qui reçoit le traitement. Un suivi des prescriptions permettrait d’affiner les recommandations de bonnes pratiques en offrant au vétérinaire et à l’éleveur un moyen de se situer par rapport à des indicateurs et d’améliorer le suivi des exploitations.
Pour le suivi des résistances chez les bactéries, les moyens existants sont déjà efficaces : le travail du Resapath collecte les résultats des antibiogrammes vétérinaires et les souches analysées, ainsi que le résultat du suivi réglementaire des bactéries zoonotiques et commensales. L’Anses souligne néanmoins l’importance d’un suivi par filière, car les niveaux de résistance d’une bactérie notés chez une espèce animale ne peuvent être généralisables aux mêmes bactéries chez les autres espèces.
L’agence insiste aussi sur la nécessité de disposer de moyens de diagnostic précoces pour identifier les germes responsables de maladies et mesurer leur sensibilité aux antibiotiques (en particulier des antibiogrammes adaptés à la médecine vétérinaire, à valeur prédictive pour l’efficacité des traitements), des indicateurs qui permettent de prendre des décisions de traitement par métaphylaxie. Il est aussi important de bénéficier de moyens de prévention (des vaccins, par exemple), afin d’éviter de recourir à l’antibiothérapie.
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