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ÉQUIDÉS
Auteur(s) : Sophie Paul-Jeanjean
L’hyperlipémie est souvent observée chez les ânes et les poneys obèses, à la suite d’une maladie intercurrente, d’un épisode de stress ou s’ils sont confrontés à un déséquilibre énergétique important. Elle est caractérisée par une défaillance multi-organique, assortie d’un dépôt de lipides dans le foie et les reins. Elle peut être primaire ou secondaire à une autre maladie.
Les triglycérides (TG) constituent une réserve énergétique stockée dans les adipocytes situés dans les tissus adipeux périphériques. Ils sont hydrolysés par une lipase hormonodépendante (HSL) en acides gras libres (AGL) et en glycérol, selon les besoins énergétiques du moment. Cette lipolyse est compensée par la réestérification des AGL en TG lorsque les besoins sont couverts.
Chez les animaux atteints d’hyperlipémie, l’activité de la HSL est anormalement élevée et les AGL sont libérés en quantité importante. Cette dernière dépasse la capacité du foie à oxyder les AGL, qui suivent alors la voie de la réestérification en TG. Ceux-ci, en excès, sont transportés dans le sang en constituant des very low density lipoproteins (VLDL) qui entraînent la turbidité du plasma. Ils sont également stockés dans les hépatocytes alors responsables de la lipidose hépatique et, d’une manière générale, d’une infiltration multi-organes.
Les facteurs de risque sont nombreux : l’obésité (en lien direct avec l’alimentation et l’insulinorésistance), le stress, la fin de la gestation et le début de la lactation, la maladie de Cushing, les affections intercurrentes qui jouent un rôle dans la balance énergétique négative, les périodes de restriction alimentaire et tout phénomène inflammatoire.
En début d’évolution, les signes cliniques sont frustes et passent souvent inaperçus. Progressivement, les symptômes suivants sont observés : abattement, léthargie, anorexie, adipsie, tachycardie, tachypnée, amaigrissement brutal. Des signes digestifs, tels qu’une halitose et des fèces recouvertes de mucus ou de la diarrhée, sont également notés. De plus, un œdème ventral associé à une hypoalbuminémie ou à une thrombose vasculaire des vaisseaux abdominaux est couramment rencontré. Il est, en outre, possible d’observer des signes comportementaux dus à une encéphalose hépatique. La situation est susceptible d’évoluer vers le décubitus, le coma et la mort. Le manque d’appétit est généralement le signe d’appel le plus fréquent de cette maladie. Toutefois, tous ces symptômes ne sont pas spécifiques et nécessitent des examens complémentaires pour confirmer le diagnostic.
Le signe pathognomonique de l’hyperlipémie est l’apparition d’un sérum à l’aspect opalescent, voire “lait fraise”, dû à la perturbation de l’équilibre membranaire des hématies par l’abondance de lipides. Les dosages biologiques révèlent une augmentation des triglycérides. L’histopathologie met en évidence une infiltration graisseuse du foie, parfois des reins, des muscles, du cœur et du cortex des glandes corticosurrénales, ainsi qu’une pancréatite chronique.
Les principes du traitement reposent sur deux axes : le rétablissement d’un équilibre énergétique positif et l’action sur le contrôle hormonal du métabolisme énergétique. Il convient de diminuer le catabolisme et les dépenses énergétiques en traitant la cause primaire, par le sevrage du poulain en début de lactation par exemple.
Les apports énergétiques sont ensuite à renforcer grâce à la nutrition entérale ou parentérale dans les cas les plus graves. La ration doit être pauvre en lipides et suffisamment riche en glucides pour relancer la production endogène d’insuline. Elle se présente sous forme semi-liquide afin d’être administrée via une sonde nasogastrique. Les repas peuvent être composés de granulés mixés et dissous dans l’eau. Dès que l’animal recouvre l’appétit, des aliments appétents lui sont proposés. La nutrition parentérale est aussi envisageable, seule ou en combinaison avec une alimentation entérale : elle est fondée sur une association de glucose à 5 %, d’acides aminés et d’électrolytes.
Le contrôle hormonal repose sur l’utilisation d’insuline et, éventuellement, d’héparine et d’antiulcéreux. Le traitement à instaurer est lourd et coûteux, et le pronostic souvent réservé. La prévention de cette maladie se révèle par conséquent essentielle et consiste à réduire les facteurs de risque, l’obésité en particulier.
→ Hyperlipidémie (1,3 mmol/l < TG < 5,65 mmol/l ou 5 g/l)
Le sérum est encore relativement translucide (il est possible de lire un texte à travers celui contenu dans le tube de prise de sang) et il n’y a pas d’infiltration graisseuse du foie.
→ Hyperlipémie (TG > 5,65 mmol/l ou 5 g/l) L’opacification du sérum est complète (il n’est plus possible de lire à travers). Une infiltration graisseuse du foie, voire d’autres organes, est notée. Le pronostic est réservé à sombre.
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