Formation
ANIMAUX DE COMPAGNIE
Auteur(s) : Gwenaël Outters
Fonctions : comportementaliste
diplômé ENVF.
Article tiré des conférences
de C. Mège et F. Schwobthaler,
cours de base du Gecaf,
Lyon 2014.
– Le diagnostic de biotopathie ne doit pas être établi par excès, pour tout chat malpropre.
– Le diagnostic différentiel inclut la recherche d’un syndrome urologique félin.
– La thérapie comportementale résulte de la compréhension de la maladie par les maîtres et de la prise en compte par le vétérinaire des possibilités adaptatives de leurs milieu et mode de vie.
Selon la nouvelle nosographie proposée par l’École française de psychiatrie vétérinaire, les biotopathies sont les affections comportementales (-pathos) qui trouvent leur origine dans une modification du milieu de vie de l’animal (bioto-). Les aploutobiopathies désignent les biotopathies par appauvrissement du milieu de vie (anciennement “anxiété du chat en milieu clos”). Les néobiotopathies sont les biotopathies par enrichissement de l’environnement (anciennement “anxiété de déterritorialisation”).
Cette nouvelle nomenclature répond mieux aux observations du terrain. L’ancienne dénomination “anxiété du chat en milieu clos” s’appliquait à des félins qui ne sont pas toujours anxieux, mais susceptibles de développer d’autres affections. Elles sont également observées dans des milieux ouverts, mais pauvres en stimulations.
Le chat, par essence, est un chasseur solitaire, nocturne, de petites proies. Il doit pouvoir retrouver “à la maison” ce mode de vie. S’il se développe ou est transféré en milieu hypostimulant, où ses activités sont diminuées, voire impossibles, des symptômes de souffrance comportementale apparaissent. Ces situations sont rencontrées à l’adoption d’un chaton de campagne mis en appartement, mais également lors de déménagement, de retour de vacances alors que l’animal disposait d’un accès à l’extérieur, de la disparition d’un congénère, de changement dans l’environnement ou de modification dans le rythme de travail des propriétaires, par exemple.
Souvent, après une période de latence, le chat augmente ses marquages urinaires et par griffades, et modifie ses comportements de marquage facial, ce qui caractérise un état réactionnel au départ. Des manifestations neurovégétatives peuvent ensuite apparaître, ainsi que de l’hypervigilance, du rolling skin syndrom (RSS), des agressions, des autoagressions ou des activités de substitution (léchage, boulimie), marqueurs de l’état d’anxiété. Ces agressions sont des motifs de consultation fréquents. Elles sont caractéristiques, car orientées principalement sur les pieds, les chevilles et les mains des propriétaires, et typiques de séquences de prédation. Plus fréquentes le soir, elles s’instrumentalisent rapidement et génèrent parfois des blessures importantes.
Les agressions par irritation sont, pour leur part, souvent précédées de signes discrets, tels que la mydriase ou le raidissement : lors de caresses, le chat attaque brusquement son propriétaire. Les agressions redirigées sur ce dernier peuvent émaner de la frustration du félin par rapport à une proie extérieure. Dans l’anxiété intermittente, celles par peur, non contrôlées et très vulnérantes, sont susceptibles de s’installer. Des crises hypermotrices, souvent crépusculaires, sont également décrites. Cet état s’accompagne de troubles du sommeil, dans le sens d’une diminution. L’hypersomnie est remarquée dans l’évolution vers l’état de dépression.
Le diagnostic s’établit par la description de séquences d’hypermotricité ou prédatrices sur l’homme, accompagnées de signes d’anxiété intermittente (RSS, agression par irritation) ou d’anxiété permanente (inhibition, activité de substitution).
Le diagnostic différentiel inclut des troubles organiques, neurologiques, algiques (arthrose), dermatologiques ou endocriniens (hyperthyroïdie, progestatifs). Il comporte également les autres troubles anxieux liés au territoire, le syndrome d’hypersensibilité-hyperactivité, les dysthymies ou les schézipathies interspécifiques.
Au niveau comportemental, l’enrichissement du milieu est incontournable : l’implication du propriétaire, ses idées, ses possibilités doivent être écoutées pour adapter au mieux les solutions à l’environnement et à son mode de vie. Une distribution alimentaire mobile, cachée, à préhension difficile est valorisée. Les séquences de prédation sont à stopper en début de celles-ci par un détournement d’attention (jet d’eau, lancer un jouet stimulant). Les propriétaires sont invités à cesser de crier, de s’agiter et de sanctionner.
Les phéromones abaissent le niveau émotionnel et facilitent l’adaptation.
La chimiothérapie vise à diminuer l’anxiété et l’impulsivité de l’animal. L’alphacasozépine apporte de bons résultats en début d’évolution. Dans les situations plus évoluées, la fluoxétine, relativement facile à donner, est intéressante.
Les auxiliaires vétérinaires et les vétérinaires jouent un rôle de conseil et de prévention primordial vis-à-vis de l’apparition de ces aploutobiopathies, surtout à l’adoption ou lors de changement de mode ou de milieu de vie du chat (une étudiante qui part vivre en studio avec son chat, habitué à vivre en maison avec jardin, n’aura pas seulement besoin d’un calmant pour que l’animal supporte le trajet, par exemple).
Les néobiotopathies résultent d’un changement du biotope avec des phénomènes qui apportent de la nouveauté : déménagement, changement de mobilier, travaux, nettoyages trop fréquents, naissance d’un enfant, arrivée d’animaux, etc. Face à ces modifications, le chat marque naturellement davantage son territoire et augmente ses marques urinaires et par griffades : il s’agit alors d’un état réactionnel normal, car ce dernier est ponctuel et réversible spontanément.
L’état d’anxiété s’installe lorsque le chat devient incapable de rendre apaisant son milieu de vie, parce qu’il souffre d’une autre affection comportementale, qu’il est peu socialisé aux autres espèces (arrivée d’un chien) ou que les maîtres le sanctionnent. L’anxiété intermittente se caractérise souvent par une fréquence accrue du marquage urinaire (sur des supports verticaux) et de la malpropreté urinaire : émissions d’urine en flaque sur des supports horizontaux inappropriés et maintien de séquences d’élimination normales. Elle s’accompagne de rolling skin syndrom, de griffades exacerbées, de modification du marquage facial, d’une hypervigilance et d’une hyposomnie. L’apparition d’activités de substitution (boulimie, toilettage exacerbé, hypersomnie) signe le passage à l’anxiété permanente. L’état dépressif peut s’installer d’emblée (rare chez le chat) ou être chronique. Résultat de l’évolution de l’anxiété, il est marqué par de la dysorexie, une désorganisation du sommeil, une perte d’intérêt pour les activités habituelles.
Le diagnostic est le résultat d’une sémiologie approfondie et d’un examen clinique qui permet d’éliminer les troubles organiques (bilan urinaire complet). Il faut rechercher une modification de l’environnement physique ou relationnel du chat à l’origine de marquage urinaire, au départ réactionnel et qui évolue vers la malpropreté généralisée, souvent associé à des griffades et des modifications du marquage facial. Le diagnostic différentiel inclut un défaut d’apprentissage de la propreté, une aversion acquise pour la litière, un syndrome de privation ou une aploutobiopathie.
La restructuration écologique et la thérapie comportementale sont essentielles. L’animal doit disposer de champs d’élimination, d’isolement et d’alimentation adaptés aux conditions de vie du chat. Un plan et des photographies sont indispensables pour mettre en place la restructuration écologique. La taille et le type de bac à litière, la nature de celle-ci, son emplacement et la fréquence des nettoyages sont analysés. Les souillures sont nettoyées à l’eau gazeuse ou au vinaigre blanc. L’eau de Javel, attractive pour les chats, est réservée à la litière. Des arbres à chats et des griffoirs sont disposés sur les lieux de passage pour réorienter les griffades et les zones griffées sont protégées. Les sanctions physiques doivent absolument cesser. Les sprays d’eau ou les claquements de doigts ne s’appliquent que si le chat est pris en flagrant délit.
Les phéromones apportent un apaisement. L’alphacasozépine est intéressante pour son activité anxiolytique et sa facilité d’administration. La clomipramine (0,2 à 0,5 mg/kg par jour), psychotrope anxiolytique, inhibe les comportements productifs et agit sur les sphincters urinaires. Dans les états dépressifs, la sélégiline à 1 mg/kg par jour peut être un choix thérapeutique.
Toute modification prévisible de l’environnement du chat peut être anticipée et accompagnée d’une prescription de phéromones ou de nutraceutiques.
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