Rapport de l’Inspection générale des finances : entre menace et manœuvre

Le soufflet retombera-t-il aussi vite qu’il est monté ? Le rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) reprendra-t-il la place qu’il aurait dû avoir, à savoir celle d’un rangement à la verticale (dans la corbeille) ?

Seule certitude, les annonces de l’ancien ministre de l’Économie Arnaud Montebourg, en juillet dernier, ont inquiété les professionnels, dont les vétérinaires. La feuille de route sera-t-elle reprise par son successeur, Emmanuel Macron ? À voir. L’épisode est au moins révélateur du jeu médiatique associé, poussant le site d’informations Mediapart à déclarer dans son édition du 9 août dernier : « C’est une étrange et détestable campagne qu’organise le gouvernement depuis plusieurs semaines contre ce qu’il est convenu d’appeler les professions réglementées, une appellation qui recouvre de très nombreuses et diverses activités, des notaires jusqu’aux pharmaciens en passant par les huissiers, les greffiers ou encore les plombiers. Depuis un mois, Bercy multiplie les fuites autour d’un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) ; et des journaux profitent de ces confidences pour en faire leurs gros titres. Sans que l’on soit donc en mesure d’en juger de la qualité en même temps que de la bonne foi du gouvernement, qui s’appuie sur ces échos de presse pour annoncer une grande réforme. »

C’est « une grave menace pour les professions réglementées et la mort programmée des élevages bovins », réagit un confrère, en réponse à notre sondage. « On devrait aussi ouvrir la “concurrence” pour l’École nationale d’administration (ENA) : s’ils étaient plus nombreux, ils finiraient par être au contact des entreprises et de la vraie vie ; ils diraient sûrement moins d’âneries », ironise un autre. « C’est l’idée d’un énarque qui s’appelle Attali. Les énarques, conseillers en tout genre et autres fonctionnaires d’État n’ont-ils pas un statut réglementé confortable et jamais remis en cause ni par la loi ni par le suffrage universel ? », poursuit un autre vétérinaire sur Lepointveterinaire.fr. Le sujet ne laisse pas indifférent. D’autant qu’il n’est pas tout à fait nouveau (voir en page 16 de ce numéro).

D’où sortent les chiffres ? Quelle pertinence ont des données comme le salaire des vétérinaires dont la seule certitude est qu’elles traduisent malheureusement une baisse des revenus de la profession ?

L’Ordre national des pharmaciens (ONP) a aussi dénoncé les aberrations contenues dans le document de l’IGF à travers plusieurs médias. Le rapport de l’ONP est posé, construit, étayé et répond point par point aux incohérences de celui de l’IGF « Le rapport est entaché par des erreurs dont le nombre et l’ampleur obligent à se poser la question du sérieux du travail de l’IGF. » Et de poursuivre : « La logique exclusivement financière de l’IGF la rend inapte à comprendre le contexte dans lequel se déploie la profession de pharmacien et rend ses recommandations dangereuses pour les Français. »