Chronique du milieu hospitalier

Alors que le cinéma se déchire entre art et commerce, certains films ne se réclament ni de l’un ni de l’autre. Alliant éloquence du récit et quête de réalisme, ils ne visent qu’à dresser un portrait juste et pertinent de notre société.

Loin de l’imagerie de l’hôpital véhiculée par les séries télé, ce film nous introduit avec brio, et parfois de l’humour, dans les âpres coulisses du milieu hospitalier… Pour en parler, le réalisateur est bien placé. Médecin, il a lui-même exercé dans les décors où il a tourné. Mais, plus qu’un état des lieux d’une institution souffrante (contraintes administratives, coupes budgétaires, sous-effectifs, tensions sociales), son intention est surtout, à travers un récit initiatique davantage nourri de vécu que de romanesque, de nous montrer l’hôpital du point de vue des soignants, de rendre palpable cette effrayante responsabilité qu’ils sont censés assumer, ce qu’ils font au quotidien avec plus ou moins d’humanité et d’éthique.

Plein de confiance, Benjamin débute son premier stage d’internat dans le service de son père. Ses gardes le confrontent rapidement à son inexpérience. Quand l’incompétence le rend responsable du décès d’un patient, son père couvre l’affaire. Le jeune homme y perdra son insouciance. L’itinéraire également contrarié de son collègue algérien, Abdel (épatant Reda Kateb), plus expérimenté et investi que Benjamin, éclaire comme rarement la situation ambiguë des praticiens étrangers dans les hôpitaux français (un tiers des médecins).

Hippocrate de Thomas Lilti, avec Vincent Lacoste, Reda Kateb, Jacques Gamblin, Marianne Denicourt, France, 1h42, sorti le 5 septembre 2014.