Impact des facteurs non infectieux sur la concentration cellulaire du lait de chèvre - La Semaine Vétérinaire n° 1596 du 12/09/2014
La Semaine Vétérinaire n° 1596 du 12/09/2014

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/CAPRINS

Auteur(s) : Renée de Cremoux*, Lorenza Richard**

Fonctions :
*UMT santé des petits ruminants,
Institut de l’élevage.
Article tiré de la conférence
présentée lors des journées
nationales des GTV à Reims,
en mai 2014.

Les facteurs de variation des concentrations cellulaires du lait d’origine non infectieuse ont un impact relativement plus important chez les caprins que chez les autres espèces de ruminants. Ils sont de ce fait susceptibles d’influer sur le paiement à la qualité du lait. Bien que la première cause de variation soit l’infection de la mamelle, certains facteurs physiologiques et/ou associés aux pratiques et aux systèmes d’élevage peuvent être pris en compte pour améliorer la qualité du lait. Une analyse1 des connaissances sur ce sujet, réalisée lors des journées nationales des groupements techniques vétérinaires à Reims, en mai dernier, présente plusieurs facteurs de variation non infectieux.

STADE DE LACTATION, PARITÉ ET RACE

Les concentrations cellulaires sont généralement plus importantes à la traite du soir qu’à celle du matin, selon plusieurs études. Elles peuvent varier d’une journée à l’autre et d’un élevage à l’autre. Elles seraient également légèrement plus élevées dans le cas de naissances multiples.

Les stades de lactation et physiologique des chèvres ont un impact significatif, avec des concentrations plus élevées durant la phase colostrale. Celles-ci diminuent ensuite pour augmenter progressivement durant la lactation, sans que ces évolutions puissent uniquement être attribuées à celles de la production laitière (effet dilution-concentration). Un pic transitoire est observé lors de l’œstrus (maximum le jour de l’œstrus, minimum en phase lutéale), en lien avec une sensibilité accrue de la glande mammaire aux œstrogènes. Les concentrations cellulaires sont significativement plus élevées en fin de lactation (après 240 jours, en raison de l’involution progressive de la glande mammaire).

De plus, la parité est également un facteur important. Les concentrations cellulaires augmentent de façon significative avec l’âge de l’animal.

Enfin, la race influencerait également les concentrations cellulaires. En France, les premiers travaux réalisés dans le cadre de l’indexation des reproducteurs suggèrent qu’en race saanen le “caractère cellule” se serait dégradé en raison de l’opposition à la sélection génétique entre la production laitière et les niveaux cellulaires du lait. Toutefois, l’incidence de la race reste difficile à évaluer en raison d’une confusion d’effet avec le système d’élevage. Ce dernier pourrait également avoir un impact.

MISE À L’HERBE ET TRAITE

La mise à l’herbe augmente significativement les concentrations cellulaires, mais de façon temporaire. De premières études conduites à la station expérimentale du Pradel (Ardèche) témoignent d’une élévation pendant les deux premières semaines, puis d’une diminution progressive. Cet effet pourrait être lié à un impact météorologique : changement de température, stress lié à la pluie, inflammation de la mamelle exposée au soleil (rougeur, éventuel développement de papillomes cutanés sur des peaux sensibilisées, ulcérations, etc.). Cela pourrait également être dû à des blessures de la mamelle, à l’effort physique (chez la vache, des animaux qui marchent présentent des concentrations cellulaires plus importantes) ou encore à la nature des plantes pâturées (influence de végétaux photosensibilisants ou apportant des phytœstrogènes).

L’influence des conditions de traite reste, en revanche, controversée, avec des résultats contradictoires selon les études sur l’impact relatif de la monotraite et de la bitraite, par exemple. Des niveaux de vide élevés sont généralement associés à une augmentation des concentrations cellulaires. La fréquence de pulsation susciterait également des variations des concentrations cellulaires. Les pratiques du trayeur interfèrent vraisemblablement avec les résultats obtenus. Ainsi, la surtraite serait susceptible d’accroître les concentrations cellulaires lors de la lactation, en relation ou non avec des infections mammaires. Son incidence reste toutefois modérée en l’absence d’infection. Enfin, les chèvres conduites en lactation longue présentent des concentrations cellulaires significativement plus élevées que celles taries, puis remises en lactation. L’impact relatif de la conduite de la lactation et du statut infectieux des mamelles demanderait toutefois à être évalué chez ces animaux afin de préciser l’incidence propre de la gestion de la lactation.

D’autres facteurs semblent avoir une influence : le stress lié à la manipulation des animaux ou de l’environnement (coupe des onglons, vaccination, curage du fumier). D’importants déséquilibres alimentaires augmenteraient les concentrations cellulaires.

FACTEURS INFECTIEUX OU NON

Les variations rapportées sont de plus grande ampleur chez les chèvres qui présentent une infection de la mamelle que chez les animaux sains. Cela met en évidence une subordination des facteurs non infectieux à ceux qui le sont (voir tableau). Ainsi, l’augmentation des concentrations cellulaires est accrue dans les mamelles infectées par rapport à celles saines. De même, l’amplitude, voire la persistance, des variations des niveaux cellulaires (lors de la mise à l’herbe, selon la fraction de traite, le stade de lactation, la parité, lors de stress, etc.) dépend du statut infectieux ou inflammatoire de la mamelle. Cela souligne l’importance pour le praticien de bien appréhender à la fois le statut sanitaire du troupeau et les pratiques d’élevage (gestion de la traite, de la reproduction, de la mise à l’herbe, etc.). L’impact des facteurs non infectieux peut en effet être majoré à l’échelle du troupeau, particulièrement dans le cadre d’une production saisonnée. Il s’agit ainsi de préciser les périodes à risque et de mieux conseiller les éleveurs sur les mesures à mettre en œuvre.

  • 1 Pour en savoir plus et connaître les références bibliographiques : De Cremoux R., Poutrel B. Concentrations cellulaires du lait de chèvre : influence des facteurs non infectieux. Proceedings SNGTV. 2014:341-351.

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