Fabuleuses odyssées naturalistes

Même si, encore aujourd’hui, 18 000 nouvelles espèces par an sont mises à jour, il faut imaginer l’émerveillement d’un temps où presque tout (plantes et animaux) était à découvrir, à décrire, à identifier. De la fin du xvii^e à celle du xix^e siècle, les sciences naturelles ont été alimentées par de longs voyages d’exploration aux Amériques ou dans les mers du Sud. Côté britannique, les noms des voiliers affrétés pour ces expéditions résonnaient comme des promesses : Endeavour, Challenger, Resolution, Investigator. Beaucoup de ceux qui y ont embarqué, souvent pour plusieurs années, sont devenus illustres : Hans Sloane (grâce à qui le British Museum a été créé en 1753), James Cook, Charles Darwin. Si la curiosité des naturalistes combinée à l’audace des explorateurs a dopé la marche des connaissances, il ne faudrait pas sous-estimer le rôle qu’ont joué alors les artistes chargés de restituer précisément les abondantes moissons de découvertes botaniques et zoologiques. Jamais, peut-être, la connivence entre science et art n’a été aussi étroite et fructueuse (la théorie de l’évolution en est le meilleur exemple). Cette belle réédition du livre de Tony Rice lui rend superbement justice. À travers le récit de dix grandes expéditions anglaises de 1687 à 1876, elle met en lumière – dans une mise en page aérée et en grand format – les extraordinaires planches de Ferdinand Bauer, Peter De Bevere, John Gould, Maria Sibylla Merian et Sydney Parkinson. Un pur éblouissement.